Rencontre avec Florence Carly, restauratrice d'œuvres d'art à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin (Loiret)

Née à Bourges, Florence Carly est restauratrice d’œuvres d’art. Sa spécialité : sauver les tableaux abîmés de nos églises. Un métier-passion qui s'apparente souvent à un véritable sacerdoce. Avec, en ligne de mire, la préservation d'un patrimoine régional insoupçonné. Rencontre.
 

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"Moi, j’aime beaucoup les grands défis donc j’aime les œuvres qui sont très abîmées". Enjouée, pêchue et passionnée… Florence Carly est un petit bout de femme dévoué aux cas désespérés. Dans son grand atelier de Saint Hilaire Saint Mesmin, des cadres en bois doré patientent sur de grands tréteaux, non loin de toiles aux formats multiples.
Elle, s’installe sur un petit tabouret et saisit son pinceau fin pour poser petits traits et petits points sur l’immense tableau qui lui fait face.

"On ne voyait quasiment plus l’image"

Le jour de notre rencontre, Florence Carly travaille aux finitions d’une œuvre du 17ème siècle représentant Sainte Ursule et Saint Augustin. Le tableau a été décroché il y a quelques mois à Verneuil-sur-Indre (Indre-et-Loire) et lui a été confié pour un sauvetage de grande ampleur.
 

"C’est un tableau qui est arrivé très abîmé dans le sens où il a été punaisé au mur de la mairie donc pas de châssis, pas tendu… D’où des problèmes de déformations, un gros soulèvement, un vernis très épais… On ne voyait quasiment plus l’image", se souvient Florence.
"Il a fallu reprendre le traitement du support, reprendre la toile, ses déformations, le mettre en contention sur un bâti de travail et ensuite, s’attaquer aux couches picturales".

Les surprises du temps

Mais toutes ces étapes n’auraient jamais été réalisées sans un premier diagnostic. Dans le jargon de la restauration, on appelle ça un constat d’état. C’est la première action que mène Florence sur une toile ou un objet avant de se lancer dans sa restauration. Elle liste les altérations d’une œuvre pour évaluer le temps de travail et les actions à mener.
 

"Ce n’est pas forcément évident d’estimer le temps de restauration d’un tableau, il y a toujours des surprises. On fixe une date mais ce n’est pas toujours évident de s’y tenir", explique-t-elle.  
Viennent ensuite le dépoussiérage, le traitement du bois contre la prolifération des insectes, la gestion des déchirures d’une toile puis le dévernissage. A chaque étape, il faut s’adapter à ce que l’œuvre révèle… Les bonnes comme les mauvaises surprises.

Repeindre les lacunes

Que ce soit un tableau de particulier ou une œuvre appartenant à une collectivité, la restauratrice suit toujours une même ligne directrice : la réversibilité. Il s’agit d’un principe déontologique appliqué par toute la profession.
"J’utilise toujours des produits réversibles, durables et compatibles avec le substrat original", précise Florence.
 

En témoigne le mastic rouge appliqué sur de larges pans du tableau qui se dresse devant elle. "On ne repeint pas l’original, on ne repeint que les lacunes. J’ai posé un ton de fond et je reviens ensuite déposer des petits points et des petits traits pour faire vibrer la retouche et redonner une cohésion à l’image", ajoute Florence.

Hasard de la vie

Délicatement posé à proximité de la toile sur laquelle elle travaille, un autre tableau attend de pouvoir repartir à Verneuil-sur-Indre. Il s’agit d’une représentation de Saint-Louis, restaurée par ses soins. Les tableaux de scènes religieuses semblent être devenus la grande spécialité de Florence Carly, un peu par hasard.
 
En 2009, quand elle se lance dans son mémoire de fin d’études, c’est sur une « Mise au Tombeau » de l’église Notre-Dame de la commune d’Espira de Conflent (Pyrénées-Orientales) qu’elle entame ses recherches... Et les poursuit pendant plusieurs années.
Puis ses expériences professionnelles l’amènent régulièrement à restaurer des œuvres d’église. Souvent très dégradées, elles constituent un challenge que Florence adore relever. "Y’a un très bel avant/après en général !", sourit-elle.
 

« Ils méritent le même sort »

"On attend souvent très longtemps avant de les restaurer. C’est à la charge des municipalités donc en général, on préfère refaire la route de l’école plutôt que de restaurer les tableaux qui sont dans l’église", explique Florence, sans la moindre amertume.

Malgré ce constat, Florence peut s’enorgueillir d’avoir « sauvé » une petite partie du patrimoine de la région à Poisieux, Saint-Satur, Yvoy-le-Pré, Lazenay, La Celle dans le Cher ou encore à Loches en Indre-et-Loire. Et peu importe de quelles mains ont été signées toutes ces œuvres :

Ce sont tous mes bébés. Quand on passe neuf mois à travailler dessus, on s’y attache. On a appris à les découvrir, on a avancé avec eux... Ce sont mes bébés qu’ils soient signés Van Gogh ou pas ! J’ai eu l’occasion de travailler sur un Brueghel, je l’ai traité de la même manière que mes petits tableaux d’église. Ils méritent le même sort !
 

Regardez un extrait d'Ensemble c'est Mieux dans l'atelier de Florence Carly (mars 2020).



 
Atelier Accro'Art
Atelier Carly Conservation et Restauration d'Oeuvres d'Art
160 rue du Cas Rouge
45160 Saint-Hilaire-Saint-Mesmin
06 70 34 07 56 / accro-art.fr
 
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