Témoignage. Charlie Hebdo, 10 ans après : “Le monde est devenu un peu plus con le jour où on les a assassinés"

Publié le Écrit par Dah Magassa

Le 7 janvier 2015, l’économiste, écrivain et chroniqueur Bernard Maris est assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo par les frères Kouachi. 10 ans après, son beau-fils, Julien Larere-Genevoix se souvient d’un homme intègre et fraternel, qui a été profondément marqué par l'œuvre de Maurice Genevoix.

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Peu importe le vent frais de décembre qui remonte de la Loire et les arbres dénudés par l’hiver, lorsqu’on lui parle de Bernard Maris, Julien Larere-Genevoix ne se souvient que de la chaleur qu’apportait sa présence.

Lorsque les frères Kouachi attaquent la rédaction de Charlie Hebdo ce 7 janvier 2015, ils tuent 12 personnes. Bernard Maris fait partie des victimes. Malgré la sidération et la peine qu’il ressent, et sur lesquelles Julien Larere-Genevoix ne s’épanche pas, il s’accroche à ce qu’il peut. “La première chose sensée que j’ai réussi à me dire c’était : heureusement que maman n’est plus là pour voir ça”, raconte-t-il. Sylvie Genevoix, avec qui Bernard Maris s’était marié en secondes noces en 2007, est décédée d’un cancer trois ans auparavant.

Sur cette table, sous les tilleuls en feuilles, on a passé des dîners à célébrer la vie.

Julien Larere-Genevoix

Des valeurs communes

Lorsque Charlie Hebdo est visé, ce sont les valeurs du journal qui le sont avant tout. "L'Oncle Bernard", comme le connaissent les abonnés du journal, en tant que collaborateur régulier, est victime de son engagement politique et de ses prises de position.

Historiquement engagé à gauche, économiste parfois présenté comme altermondialiste, il partage une sensibilité commune au monde à celle de Maurice Genevoix, atteste Julien Larere-Genevoix. "L’idée d’humanisme que Genevoix défend, rejoint finalement celui de Bernard Maris", insiste-t-il.

Le temps du deuil

Celui qui a tenu une chronique hebdomadaire dans l'émission On n'arrête pas l'éco sur France Inter a régulièrement séjourné dans la Maison des Vernelles, propriété historique de Maurice Genevoix à Saint-Denis-de-l'Hôtel dans le Loiret. À côté de la Loire qui a souvent inspiré l'auteur de Raboliot, Bernard Maris a lui aussi été influencé par cette nature envoûtante selon son beau-fils : "Au-delà de l’économie, Bernard Maris avait une véritable sensibilité pour l’écologie, et je crois qu’il l’a apprise ici".

10 ans après sa disparition, Bernard Maris ne s'est pas éclipsé du quotidien de Julien Larere-Genevoix, bien au contraire. Ce dernier se souvient d'un homme intègre, fraternel en toutes occasions. Son rire, son accent du sud si caractéristique et ses prises de position engagées sont passés à la postérité, mais leur absence se fait aussi sentir pour l'avocat au barreau d'Orléans. "Ce qui nous manque aujourd’hui c’est de l’entendre sur France Inter, confie-t-il. Comme pour tous ses copains de Charlie Hebdo, le monde est peut-être devenu un peu plus con le jour où on les a assassinés".

Article écrit par Noah Gaume, propos recueillis par Matthieu Jarry et Charly Krief

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