"Toutes mes études ne servent à rien", dénonce une enseignante d'espagnol du Loiret, sans affectation depuis la rentrée

Alors que l'Éducation nationale avait annoncé que 4000 postes d'enseignants manqueraient à la rentrée 2022, certains professeurs titulaires sont toujours sans affectation. C'est le cas de Laura, professeur d'espagnol, qui a vu le poste de remplaçante qu'elle occupait l'an dernier attribué à un contractuel.

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Elle devrait être devant une classe depuis une semaine, mais elle se retrouve chez elle "à tourner en rond", comme elle dit et "payée à ne rien faire, à attendre ce qui est aberrant et absurde." Laura est professeur d'espagnol remplaçante et devait effectuer sa troisième rentrée dans le Loiret, mais aucun poste ne lui a encore été affecté par le rectorat, comme elle l'a raconté au micro de France Bleu ce 13 septembre.

Elle pensait être contactée en juillet pour reprendre le poste toujours vacant de professeur d'espagnol qu'elle occupait l'an passé dans un collège de Pithiviers, mais il n'en a rien été. "Je me suis pourtant manifestée auprès du rectorat pour occuper ce poste que je savais toujours vacant", explique-t-elle.

"Le chef d'établissement a même appelé pour appuyer ma demande." Mais lundi 12 septembre, après un ultime coup de fil à l'académie, on l'informe que le poste a finalement été affecté à un enseignant contractuel.

"Pourquoi je me suis embêtée à faire un master ?"

Pour Laura, c'est la douche froide. "Je considère ça comme une injustice et je reste vraiment dans un flou, dans une incompréhension. Quels sont leurs critères pour faire passer un contractuel devant un agent de l'éducation nationale qui est certifié et titulaire ?"

À la rentrée, le gouvernement annonçait que 4000 enseignants manqueraient à l'appel cette année et qu'un recrutement express de contractuels aurait lieu grâce à quelques jours de formation. Laura s'interroge: "Pourquoi je me suis embêtée à faire un master, à passer un concours, à faire une année de stage de titularisation si c'est pour au final passer après des gens moins qualifiés que moi ? J'ai été formée à la pédagogie, à la didactique, à la gestion de classe. Je pense être plus à même à enseigner que quelqu'un qui n'a jamais été devant une classe."

"J'ai vraiment l'impression d'être un bouche-trou"

La désillusion est telle qu'à 29 ans, Laura remet aujourd'hui en question son parcours, son statut et même sa présence au sein de l'Éducation nationale. Pour exercer en tant que titulaire, elle avait l'obligation de quitter son académie d'origine.

Un déracinement qu'elle a "accepté et intégré", mais auquel ne sont pas soumis les contractuels qui peuvent demander un poste dans leur région.

"J'ai vraiment l'impression d'être un bouche-trou, une figurante de l'Éducation nationale. Si c'est pour une différence de 200 euros de salaire, je préfère démissionner pour être contractuelle dans mon académie d'origine. J'en suis à un point de réfléchir à devenir contractuelle ce qui est complètement aberrant."

Ce qui me retient c'est que j'aime mon métier, j'ai envie d'être en contact avec mes élèves, de les accompagner, de monter des projets avec eux mais on me le refuse alors que j'ai les diplômes pour.

Laura - Professeur d'espagnol sans affectation

Laura dénonce un manque de visibilité sur les critères d'attribution d'affectation. Elle a écrit une lettre ouverte au ministère de l'éducation nationale et à l'Elysée, qu'elle a publiée sur les réseaux sociaux. La publication a recueilli plus de 3000 Likes.

"Je me suis rendu compte qu'il y avait plein d'enseignants dans la même situation que moi, ce qui est d'autant plus incompréhensible pour nous qu'on entend depuis fin août qu'il manque des enseignants, qu'il faut embaucher des contractuels et les former rapidement pour mettre quelqu'un devant les élèves", explique-t-elle.

Dans la foulée du succès rencontré par son post, l'enseignante a créé un compte Instagram baptisé "Profs en détresse" afin de "ressentir du soutien" de ses collègues, "de fédérer et que l'Éducation nationale prenne conscience de la façon dont elle traite son personnel."

"Des ajustements en cours" explique l'Académie

Contactée, l'académie Orléans-Tours explique que "des ajustements" sont actuellement en cours sur les affectations de cette rentrée. De façon générale, elle affirme que la priorité est donnée aux enseignants titulaires mais justifie parfois l'attribution de postes à des enseignants contractuels par des contraintes de "quotités".

Concrètement, "quand il manque quelques heures d'enseignement, on met un contractuel plutôt qu'un titulaire, car ce sera plus intéressant pour un titulaire d'être sur un temps-plein." 

Le rectorat n'avait pas connaissance de la situation de Laura

L'académie explique aussi tenir compte des contraintes géographiques mais affirme également parfois "pressentir une personne pour remplacer sur un autre établissement". Ce qui explique qu'elle puisse rester un temps sans affectation jusqu'à ce que le poste en question se libère.

Dans le cas de Laura, le rectorat n'avait pas connaissance du problème au moment où nous écrivons ces lignes. Il s'engage à tenter de nous apporter des explications, tout en concédant que sa situation a pu "échapper aux radars" des services d'attribution de postes.

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