Le 30 juin 2022, Patrick Foulon faisait le buzz sur les réseaux sociaux avec une vidéo dans laquelle on le voit renvoyer des sacs poubelles dans le jardin de leur propriétaire. Un an plus tard, le Maire de Saint-Père-sur-Loire continue de lutter contre les dépôts sauvages et a même travaillé sur une proposition de loi.
Il souhaitait provoquer une prise de conscience chez ses administrés, mais n'imaginait pas un instant que sa vidéo deviendrait virale. Il y a un peu plus d'un an, en juin 2022, Patrick Foulon, le maire de Saint-Père-sur-Loire dans le Loiret, devenait la star des réseaux sociaux après y avoir partagé une vidéo.
On y voit l'édile balancer une douzaine de sacs poubelles dans le jardin d'un riverain de la commune voisine. Une opération de "retour à l'envoyeur" après avoir trouvé, parmi un tas d'ordures, l'identité de celui qui les avait jetées dans la nature. "C'est là où on voit la puissance des réseaux sociaux", analyse-t-il avec le recul.
La désormais célèbre réplique: "Vous foutez la merde à Saint-Père alors maintenant vous allez la ramasser", a fait le tour de la France et s'est même exportée à l'étranger. La vidéo avait fait plusieurs milliers de vues en à peine quelques jours et attisé l'intérêt de la presse locale et nationale. "Si c'était à refaire je le referai", confesse le maire qui pense que la vidéo a permis de mettre un coup de projecteur sur la problématique des dépôts sauvages. "J'ai eu énormément de messages de soutien de toute la France et un an après, on m'en parle encore. Donc ça a servi à quelque chose".
Des déchets dans la nature, Patrick Foulon en "trouve un petit peu moins" depuis son coup de gueule, mais force est de constater que le problème est loin d'être résolu, surtout "autour des containers dans lesquels les gens continuent de jeter tout et n'importe quoi", déplore-t-il. "L'autre jour j'ai encore trouvé une quinzaine de pneus et un fauteuil électrique relaxant. Vous voyez que ça n'a rien à voir avec les containers. Ce sont des choses qui sont pénibles et difficiles à enrayer pour l'instant".
"On essaye de faire respecter les règles mais c'est nous qui sommes fautifs finalement."
Sur la méthode employée, le maire de Saint-Père-sur-Loire avoue avoir dû "lever le pied", échaudé par une altercation avec un autre administré, survenue en février 2022, quelques mois avant son buzz sur internet.
"Il avait déposé au pied d'un container tout un tas de choses qui n'avaient rien à voir. Je l'avais convoqué en mairie pour lui demander des explications et ça s'est très mal passé puisqu'il a commencé à m'insulter avant de quitter mon bureau précipitamment. Je l'ai rattrapé par le col en lui disant: 'je n'en ai pas fini avec vous'. Il a porté plainte contre moi pour agression et j'ai été convoqué devant le procureur de la République de Montargis qui voulait me condamner à verser une amende de 300 euros."
Patrick Foulon avait alors menacé de démissionner de son poste de maire face à une décision qu'il estime toujours injuste. "Ce genre de choses m'a relativement contrarié puisqu'on essaye de faire respecter les règles mais c'est nous qui sommes fautifs finalement."
L'édile a écopé d'une amende un peu allégée de 100 euros et n'a pas renoncé à son mandat ni d'ailleurs à son combat contre les dépôts sauvages. "Je continue plus que jamais à me battre, ça ne m'a pas vraiment guéri", plaisante-t-il. "Maintenant il faut quand même être prudent dans ce que l'on fait parce que ça peut se retourner contre vous."
L'édile confesse prendre désormais d'avantage de précautions avec les gens qu'il convoque. "Je me fais accompagner d'un adjoint et je demande des explications au contrevenant." Pas question non plus de recommencer à renvoyer les poubelles abandonnées dans le jardin de leurs propriétaires "Je n'ai pas encore eu le plaisir de renouveler mon buzz de l'année dernière" plaisante-t-il. " Mais bon, je n'ai pas non plus envie de le faire. Quelque part, ça veut dire qu'on trouve moins de poubelles dans la nature et c'est une bonne chose".
Vers une proposition de loi?
Désormais, le maire de Saint-Père-sur-Loire veut élargir le débat et porter le combat jusque dans l'hémicycle. En avril 2023, il a remis à Mathilde Paris, la députée RN de sa circonscription, une liste de suggestions dans l'espoir de voir émerger un jour une proposition de loi. "J'ai d'abord fait le calcul de ce que cela pouvait couter pour une petite commune de 1000 habitants comme la nôtre. Entre le temps où les employés municipaux nettoient les dépôts sauvages, la fréquence de leurs passages, le tri, les passages en déchetterie, il nous en coûte environs 10 000 euros", déplore l'édile qui souhaiterait que l'amende de 135 euros délivrée aux contrevenants passe à 5000 euros. "Je sais que ça peut paraitre énorme mais il faut que ça calme".
Idem pour les dépôts en dehors des containers dont il voudrait voir passer l'amende de 130 à 250 euros. "Actuellement, les contrevenants essayent de gagner du temps en contestant immédiatement la procédure. Moi je souhaite qu'on mette en place un système comme pour les contraventions routières où, quand on est pris sur le fait, on paye d'abord et on conteste après". Des contraventions qu'il voudrait également voir encaisser par les mairies et non par l'Etat "en compensation des frais que ça nous occasionne".
Patrick Foulon a senti la députée du rassemblement National sensible au sujet, "mais ça se passe là-haut, à l'assemblée nationale et suivant le groupe politique auquel vous appartenez, vous êtes écouté ou vous ne l'êtes pas. Moi je suis sans étiquette, mais c'est notre députée et je lui ai remis mon rapport parce que c'est elle qui a été élue pour nous représenter". Il est désormais dans l'attente de voir un jour son projet présenté à l'assemblée.
Les dépôts sauvages sont devenus le cheval de bataille du maire de Saint-Père-sur-Loire qui en est à son troisième et dernier mandat et qui, il le promet, continuera à se battre jusqu'au dernier jour de celui-ci. "Il ne faut quand même pas oublier que ce fléau a couté la vie à un de nos collègue du sud de la France", relate-il, faisant référence au maire de Signes dans le Var, décédé en 2019 après avoir été renversé par une camionnette prise en flagrant délit de dépôt sauvage.