"On n'est pas à l'EHPAD ici" : elle crée une colocation pour personnes âgées chez elle

Après cinq ans de dur labeur, la maison partagée “Le bonheur est dans la grange” a enfin ouvert ses portes à Bouville, en Eure-et-Loir. Huit résidents séniors de 69 à 94 ans ont pris possession des lieux pour le plus grand bonheur de sa propriétaire, Brigitte Geslin.

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Tous en cercle, les résidents se font face, chacun assis sur une chaise. Autour d’Irvin, le coach sportif du jour, Jean, Jeannine, Choupette (de son vrai prénom Roberte), Marie-Claude, Denise, Annette, Elise et Annick échauffent leurs chevilles en faisant des petits ronds avec leurs pieds. Puis viennent les épaules : rotation en avant, rotation en arrière. Le tout dans la bonne humeur, accompagné des commentaires de chacun. “Oh ça va, ça c’est facile” lance Choupette dans un rire communicatif. Cette semaine, l’heure hebdomadaire d’activité physique est consacrée à l’évaluation des aptitudes physiques. “Moi j’aime bien faire ça, c’est sympa, on bouge un peu” confie Jeannine.

Du rêve à la réalité

Cette parenthèse dans le quotidien n’est pas l’unique de la semaine. “Le mardi, pendant deux heures on travaille la mémoire. Le vendredi, on se rend à l’école de Bouville pour échanger avec les élèves et le lundi de temps en temps, on va dans une crèche pour jouer avec les petits” énumère Brigitte Geslin, la propriétaire de cette maison partagée ou “coloc de personnes âgées” comme elle aime si bien le dire.

On n’est sûrement pas à l’EHPAD ici. Je voulais une petite structure pour recréer une ambiance familiale.

Brigitte Geslin, maîtresse de maison partagée "Le bonheur est dans la grange"

Une coloc, tout droit sortie des rêves de Brigitte justement. “Un jour en 2019, je suis sur mon téléphone et je suis par hasard tombée sur le reportage d’un habitat partagé dans le sud de la France et ça ne m’a plus lâché” se remémore-t-elle. D’autant plus que Brigitte possède déjà l’endroit parfait pour monter sa structure : la grange juste à côté de sa maison. La quinquagénaire, rêve en tête, se remonte donc les manches et après cinq années de bataille avec les banques, sa maison partagée “Le bonheur est dans la grange” voit enfin le jour.

Recréer une ambiance familiale

Aujourd’hui, les huit chambres disponibles sont occupées et les résidents profitent de 300 m2 entièrement rénovés donnant sur un grand jardin et une terrasse pour les beaux jours. Chacun possède sa chambre et une salle d’eau privative. “Mais ils sont très peu dans leur chambre” se réjouit Brigitte.

La pièce de vie, dotée d’une grande télévision, d’un canapé, de tonnes de jeux de société et surtout d’une cuisine ouverte est le lieu de tous les partages. “Ici, c’est le cœur de la maison, c’est là où on mange, on pleure, on rit. C’est là où on vit” résume fièrement la propriétaire. Jean, l’unique homme de la maison précise : “c’est là où on mange des bons petits plats”.

Des petits plats maison cuisinés ensemble avec l’aide parfois de Méline et Léa, deux assistantes de vie qui épaulent les retraités dans leurs tâches quotidiennes. Même si Brigitte se délecte déjà de voir les bienfaits d’une telle structure sur les résidents : “Ceux qui étaient réservés, s’ouvrent beaucoup plus. Jean, par exemple, ne marchait pratiquement pas et, maintenant il se déplace parfois sans son déambulateur”

C’est avant tout leur maison à eux. Même si je suis la propriétaire, c’est moi qui viens chez eux

Brigitte Geslin, maîtresse de maison partagée "Le bonheur est dans la grange"

Pour obtenir une place, il faut répondre à trois critères d’admission : ne pas être complètement dépendant, être volontaire pour intégrer la structure et accepter de vivre en communauté. Le coût diffère selon les chambres : de 1850€ à 1950€, crédit d’impôt déduit.

En un été, toutes les places ont trouvé preneurs. “Quand j’ai connu l’existence de cet établissement, c’était exactement le 31 juillet 2024, le jour de la cérémonie du décès de mon mari. Le soir même, mon fils et ma belle-fille avaient pris rendez-vous avec Brigitte. Mon fils a réservé sans visiter et j’ai vendu ma maison” partage Choupette, émue aux larmes. Jeannine renchérit derrière : “Moi, rester seule avec le dos que j’ai, c’était pas prudent. Alors que si je tombe ici, il y a du monde pour me relever”. L'émotion est palpable, tous les regards convergent vers Brigitte. Les “mercis” pleuvent. Câlin collectif.

“Le projet va au-delà de mes espérances car ils s’entendent tous très bien. Ils se sont approprié les lieux. C’est avant tout leur maison à eux. Même si je suis la propriétaire, c’est moi qui viens chez eux” conclut Brigitte devant la bande de retraités. Et le rêve pourrait se poursuivre. Brigitte souhaite ouvrir une seconde maison dans le sud du département de l’Eure-et-Loir, avant de, pourquoi pas, créer un réseau “Le bonheur est dans la grange” sur un plus vaste territoire. 

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