"On rate une marche de l'Histoire" : la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) loin de convaincre les écologistes

Les 27 ministres de l'Agriculture se sont entendus sur un premier accord autour de la PAC, avant le vote du Parlement Européen. Arraché de haute lutte, il est pourtant loin de faire l'unanimité. 

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A chaque fois qu'elle s'invite, elle fait trembler toute l'Union Européenne : les discussions sur la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) ont franchi un premier palier ce mercredi 21 octobre. Les 27 ministres de l'Agriculture de l'UE ont en effet trouvé un premier accord, avant les négociations avec les euros députés. 

L'enjeu est de taille : avec un budget déjà fixé à 387 milliards d'euros, la PAC est le premier poste budgétaire de l'Union. Sans parler de la question de la souveraineté alimentaire, de plus en plus pressante à l'heure du changement climatique, et dans un contexte géopolitique instable. 
 

L'environnement au coeur de la nouvelle PAC ?


"Nous sommes arrivés à un accord crucial, (...) avec un bon équilibre [répondant aux] aspirations d'une PAC plus verte, plus juste et simplifiée", a déclaré la ministre allemande de l'Agriculture Julia Klöckner (CDU), à l'issue d'une réunion de deux jours au Luxembourg. Et ça n'a pas été sans mal, car les 27 n'ont ni les mêmes attentes, ni les mêmes craintes d'une région à l'autre de l'UE.  Selon l'accord adopté, tous les agriculteurs devraient être tenus de respecter des normes environnementales beaucoup plus strictes pour recevoir des aides financières européennes, avec des contrôles simplifiés pour les petites exploitations. Les "écorégimes", un système de primes versées aux agriculteurs pour soutenir leur participation à des programmes environnementaux plus exigeants, deviendraient obligatoires, et chaque Etat devra y consacre au moins 30% des paiements reçus de la part de l'UE. 
 

"On rate une marche de l'Histoire" : les écologistes attérrés 


Mais pour les ONG et les partis écologistes, le compte n'y est pas. Car en 2020, Bruxelles a présenté son "Pacte vert", incarnée par la stratégie "'De la ferme à l'assiette" qui vise à promouvoir une alimentation plus saine et plus durable. Mais les fondements de cette nouvelle PAC, eux, datent de 2018. 

Claude Gruffat, ancien président de Biocop (Blois) devenu député européen, ne décolère pas. "On ne réforme rien sur le fond, on fait un peu d’habillage ! La distribution des aides va continuer de se faire à l'hectare. Plus on a d’hectares, plus on a d’aides. Donc, on encourage finalement l’agrandissement, au lieu de la création de petites fermes qui pourraient offrir de l’emploi et de la valeur ajoutée. On ne va pas chercher un nouveau modèle agricole, avec une alimentation relocalisée. Je trouve qu’on rate une marche de l’Histoire, alors que les événements récents nous montrent que ce mode de consommation est plébiscité à tous les niveaux."


La crainte d'une nouvelle concurrence


Autre point de crispation, la re-nationalisation d'une partie de la PAC, au détriment d'une politique plus communautaire. Il est prévu que chaque pays doive désormais déposer son propre plan national stratégique chaque pays présentera à la Commission un plan national stratégique.

"C'est ce que je trouve le plus grave... s'alarme Claude Gruffat. Les aides à l'agriculture seront maintenant sous le contrôle des Etats. Il y avait une forte cohérence au sein de l’UE, avec un modèle d’aides et d’agriculture harmonisé. Pour moi, là, on recule, c’est franchement dommage. On va re-créer des situations de distorsion de la concurrence sur notre marché agricole intérieur."
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