Olivier Savignac, partie civile au récent procès de pédophilie d'Orléans, a exhorté mardi 29 janvier la commission chargée de faire la lumière sur les crimes de pédophilie dans l'Eglise à "recueillir la parole" des victimes pour pallier les lacunes des archives.
Mise en place par l'Eglise après une série de scandales, cette commission présidée par Jean-Marc Sauvé est un "formidable espoir, mais il ne faut pas se leurrer", a déclaré Olivier Savignac lors d'une audition au Sénat.
Faisant le constat qu'"aujourd'hui les archives des diocèses ne sont pas forcément complètes", et que "certains dossiers gênants ont disparu", il a estimé que ce qui permettrait "d'aboutir à l'exhaustivité" de l'enquête était "le témoignage oral".
Olivier Savignac, qui était également l'une des victimes accueillies à Lourdes à l'automne par la Conférence des évêques, était auditionné par une mission d'information du Sénat qui travaille, parallèlement à la commission Sauvé, sur les "infractions sexuelles" commises par des personnes en contact avec des mineurs dans l'exercice de leurs fonctions.
C'est "important au moins de recueillir cette parole", a-t il dit, après avoir souligné que les témoignages, après la médiatisation de son procès notamment, "affluaient" auprès de son association.
"Certains dossiers gênants ont disparu"
Olivier Savignac est devenu le visage et la voix des victimes de pédophilie au sein de l’Eglise. Il est l'une des victimes du prêtre Pierre de Castelet, condamné en novembre à trois ans de prison dont un avec sursis pour agressions sexuelles sur mineurs.
Son supérieur l'ancien évêque d'Orléans André Fort a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour non-dénonciation.
Les faits s’étaient déroulés en 1993 dans le village d’Arthez d’Asson (Pyrénées-Atlantiques) au cours d’une colonie de vacances chrétienne organisée par le MEJ (le Mouvement Eucharistique des Jeunes). Le camp était dirigé par un prêtre du diocèse d’Orléans: le Père Pierre de Castelet.
Devant la mission du Sénat, Olivier Savignac a aussi dénoncé, en relatant son histoire personnelle, la "collusion de plusieurs prêtres agresseurs". Il a aussi relevé que les évêques n'étaient "pas tout à fait au fait du poids du traumatisme" des victimes.
Olivier Savignac a par ailleurs estimé que "la majorité des cellules d'écoute" dans les diocèses pour écouter les victimes étaient "dangereuses", car "l'objectivation des faits" était "faite par l'évêque lui-même".
L'un de ses avocats au procès d'Orléans, Me Edmond-Claude Frêty, a pour sa part dénoncé le fait que l'instruction du procès avait duré "sept ans". "Le secret perdurait", a-t-il noté. C'était "une instruction lente et compliquée car (elle) mettait en cause la hiérarchie du prêtre", a-t-il regretté.
L'ancien vice-président du Conseil d'Etat Jean-Marc Sauvé doit faire la lumière d'ici à deux ans sur les abus sexuels sur les mineurs dans l'Eglise depuis 1950. Il est train de composer sa commission.