Présidentielle 2022 : après la victoire de Valérie Pécresse au congrès LR, la droite resserre les rangs

La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse a été désignée ce 4 décembre candidate du parti Les Républicains face à Éric Ciotti. En Centre-Val de Loire, la droite veut afficher un front uni tout en sanctionnant les élus tentés par Macron ou Zemmour.

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A six mois du premier tour de la présidentielle, et après des mois d'incertitude, le moment est enfin venu pour les Républicains de remonter sur le ring. C'est en tout cas l'impression que le parti a voulu donner, au lendemain d'un congrès qui a vu Valérie Pécresse emporter la victoire avec 60% des votes devant Éric Ciotti.

LR contre-attaque

De fait, en Centre-Val de Loire, les élus LR ne tarissent pas d'éloges pour leur nouvelle candidate. En particulier les fidèles de longue date, comme Cécile Adelle, première adjointe au conseil municipal d'Olivet et référente dans le Loiret de Libres ! le mouvement fondé par Valérie Pécresse en 2017 avant son départ de LR deux ans plus tard. "C'est vrai qu'on sent une certaine énergie" constate-t-elle, "franchement pas surprise" de voir sa championne décrocher le sésame pour la course à l'Élysée. "C'est une femme avec des idées, des convictions, mais qui est capable de s'ouvrir à un public large, de rassembler." Et derrière elle, "la droite part soudée".

Et c'est bien l'image d'un parti soudé que souhaitent renvoyer les Républicains, même ceux qui ne faisaient pas partie des premiers soutiens de Valérie Pécresse. "On est dans une démarche d'unité. Le congrès a donné une bonne image de LR, où différentes sensibilités ont pu s'exprimer, et on a maintenant un socle commun solide" analyse le vice-président du parti, le député d'Eure-et-Loir Olivier Marleix, qui reconnaît qu'après la débâcle de 2017, "c'était pas gagné". Pour lui, la nouvelle candidate a "tous les atouts" pour remporter les suffrages.

Même sentiment à la base du parti, comme en témoigne Emmanuel Tasky, secrétaire départemental de LR dans le Loiret. "Les élus et les militants sont très optimistes", observe-t-il. "On a une droite aussi forte que du temps que Chirac ou que Sarkozy, et d'ici l'élection elle sera devenue une vraie machine de guerre !" Et cette machine talonne déjà Marine Le Pen et Emmanuel Macron dans les sondages.

"On écarte les gêneurs"

Mais pour être une machine efficace, le parti devait se débarrasser des éventuels grains de sable dans les rouages. Ce 7 décembre, le comité stratégique des Républicains a démis de leurs fonctions deux vice-présidents, le député du Loir-et-Cher Guillaume Peltier et le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau.

Le premier, qui affichait depuis plusieurs mois sa proximité avec l'extrême-droite, au point d'être démis de son statut de numéro 2 du parti en juillet, a commis l'écart de trop le 5 décembre en saluant le "discours pour la France" prononcé par le polémiste Éric Zemmour à Villepinte. "Avec toute l'amitié que j'ai pour Guillaume, ça n'a pas de sens de relayer cette image au lendemain du congrès", commente sobrement Olivier Marleix. "Il n'y a aucune raison pour qu'il y ait des discours divergents à la tête du parti."

Et en effet, pour le politologue orléanais Pierre Allorant, par cette manœuvre Christian Jacob a "repris la main" au sein du parti. "Le congrès est plutôt réussi, avec beaucoup de participation, beaucoup d'adhésion supplémentaire et un choix clair pour Valérie Pécresse", explique le chercheur sur le plateau de France 3. "Le danger, c'est la concurrence d'Éric Zemmour, donc on balaie du côté de Guillaume Peltier, et aussi d'autre président, Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne, jugé quand à lui trop Macron-compatible. On écarte les gêneurs." En parlant de gêneurs, LR s'est débarrassé dans le même temps du Mouvement conservateur, ex-Sens Commun issu de la Manif pour tous. Au lendemain de la victoire de Valérie Pécresse, sa présidente Laurence Trochu avait apporté son soutien à Éric Zemmour.

Un danger nommé Zemmour

Il faut dire que le député et conseiller départemental du Loir-et-Cher Guillaume Peltier détonne depuis longtemps parmi le reste de la droite régionale en affichant ses convergences d'opinion avec Robert Ménard, lui-même proche du RN, en juin 2021, puis en laissant planer le doute sur son soutien à Éric Zemmour, qui s'est déclaré candidat fin novembre. Pour Emmanuel Tasky, la destitution de l'élu loir-et-chérien sonne comme une "clarification nécessaire". "On est tous très satisfaits, on est très contents" de cette sanction, poursuit le secrétaire départemental. "Il n'espérait pas partir seul, s'il se ralliait à Zemmour", analyse Emmanuel Tasky. "Il espérait partir avec un paquet d'élus, notamment du sud de la France, mais finalement je ne pense pas que ce mouvement aurait été très suivi."

Pourtant, la tentation de l'extrême-droite (tout comme, il y a quelques années, celle du macronisme), demeure parmi les militants et même certains cadres LR. Ainsi en octobre, le maire LR de Saint-Gilles fraîchement élu, Spike Groen, a ainsi tourné casaque en devenant membre fondateur du comité L'Indre avec Zemmour (renommé Reconquête Indre), avec lequel des membres du groupuscule armé Famille Gallicane se sont vanté d'avoir collé des affiches à Châteauroux. Début novembre, c'était au tour du responsable des Jeunes Républicains du Loiret Valentin Blelly de se voir démis de ses fonctions. Ce jeune transfuge du RN et soutien fervent de Serge Grouard, maire d'Orléans et président départemental du parti, avait pris quelques jours plus tôt la tête du comité départemental de soutien à Éric Zemmour.

Pourtant les Républicains ne se montrent pas plus inquiets que cela. "Eric Zemmour a surfé sur l'absence de candidat à droite", analyse Olivier Marleix, rejoint par la plupart des autres interlocuteurs que France 3 a pu joindre. "Désormais, avec Valérie Pécresse, nous avons une ligne claire, courageuse et forte." Eric Zemmour, à droite, "c'est quelqu'un qui fait peur, qui met du sel sur les plaies", mais "n'a pas la capacité d'exercer le pouvoir" tranche pour sa part Emmanuel Tasky. "A un moment il a eu une dynamique, faute de candidat à droite, mais maintenant c'est la panique chez lui : il n'a pas de parrainages, à peine 250 promesses de signatures, des difficultés financières, des difficultés organisationnelles, il va droit dans le mur !" C'est donc officiel, après un quinquennat passé KO debout, les Républicains ont à nouveau enfilé les gants.

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