Le projet de loi de reforme des retraites mobilise les oppositions. Au cœur des crispations, le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans au lieu de 62. Qu'en sera-t-il pour vous ? On a testé plusieurs profils avec des simulateurs en ligne.
Il y a l'officiel, et l'engagé. Deux simulateurs de retraites que vous pouvez retrouver sur internet pour avoir une idée de l'âge auquel vous pourrez partir à la retraite en fonction de votre profil.
Deux simulateurs concurrents
Sur le site info-retraite.fr le gouvernement propose sa version, pour laquelle il faut renseigner son activité professionnelle selon plusieurs grandes catégories, son année de naissance, mois de naissance.
En faisant partie du régime général, il faudra ensuite préciser si vous avez cotisé des trimestres supplémentaires avant les âges de 16, 18 ou 20 ans. La machine fait ensuite son calcul et répond à la question suivante : suis-je concerné par la réforme ?
Sur le site du journal l'Humanité, une autre version est proposée, mise au point par le collectif "Nos Retraites", ancré à gauche et fermement opposé à la réforme du gouvernement. Qui montre "vraiment" (sic), les conséquences de la réforme sur votre départ à la retraite.
Là, il n'est plus question de donner une idée de sa profession, mais son année de naissance, l'âge d'entrée dans la vie active, et éventuellement le nombre d'années non cotisées, ou d'enfants nés.
Là aussi l'ordinateur donne un résultat, cette fois-ci sous forme de tableau : avant la réforme versus après la réforme. Le collectif précise qu'il s'agit d'un outil récent, en cours d'amélioration.
Nous avons testé pour vous plusieurs profils différents sur les deux versions de simulateurs.
Nicole, peintre en bâtiment de 59 ans
Pour ce premier profil, nous avons choisi une femme de 59 ans, née en 1963, peintre en bâtiment. Elle est donc soumise au régime général, "salariée du secteur privé", dans la grande case proposée par le simulateur du gouvernement.
Cette femme a commencé à travailler à 16 ans. Aux yeux du simulateur du gouvernement, elle reste dans le cadre des carrières longues. Pour elle, le départ en retraite reste à 60 ans, si elle a cotisé 171 trimestres (un trimestre de moins que les personnes nées après 1973). Une cible qui ne sera pas forcément atteinte si elle a eu des enfants, mais le gouvernement assure que "certains trimestres assimilés peuvent être pris en compte dans ce calcul (maternité, chômage, dans la limite de 4 trimestres)".
Même résultat pour le second simulateur, rien ne change avant, ou après la réforme.
Xavier, conducteur de train de 37 ans
Nous avons ensuite choisi de prendre un bénéficiaire de régime spécial. Un homme de 37 ans, conducteur de train. Il est né en 1985 et a commencé à travailler à 20 ans.
Le simulateur du collectif "Nos retraites" ne prend pas en compte les différents régimes. Le site indique que cet homme ne partira pas à 62 ans, mais à 64 ans à la retraite. Actuellement, il bénéficie d'une surcote à cet âge là, qu'il perdrait avec le passage de la loi. Son taux plein est en réalité décalé d'un an avec la réforme, mais il n'a plus la liberté de partir avant, en assumant une décote.
Sur le site du gouvernement, la réponse est prudente pour les cheminots : "Le décalage progressif de l’âge légal et la hausse de la durée d’assurance s’appliqueront, comme pour tous les actifs, mais en prenant en compte la spécificité des règles du régime. Les évolutions seront précisées après consultation des parties prenantes".
Émilie, responsable commerciale de 26 ans
Retour dans le régime général, avec une jeune femme de 26 ans, responsable commerciale d'une enseigne. Née en juin 1996, elle est "salariée du secteur privé" et a commencé à travailler à 24 ans, à la fin de ses études.
Sans enfant, elle partira à la retraite à 64 ans d'après le site de l'Humanité, contre 62 ans aujourd'hui. Sa retraite à taux plein de bouge pas en revanche, il faudra attendre 67 ans. Sur le site du gouvernement, elle est évidemment concernée par la réforme. Toute personne née après 1973 a vocation à cumuler 172 trimestres, donc 43 ans de travail. Si elle part avant 67 ans, elle aura quoi qu'il arrive une décote sur sa retraite.
Thierry, professeur de 52 ans
Le dernier profil est un salarié du secteur public, un fonctionnaire. Il a 52 ans, né en janvier 1970 et a commencé à travailler à 23 ans. Il a trois enfants, mais n'a pas été le parent qui a porté l'enfant ou pris le congé d'adoption le plus long.
Son âge est fixé à 64 ans pour le gouvernement, avec 171 trimestres cotisés. Le collectif précise de son côté un décalage de 62 à 64 ans de son âge légal de départ. Son taux plein est à 66 ans quoi qu'il arrive. Actuellement, s'il part à 64 ans, il aura une décote de 8,75%. Avec la réforme, ça serait 10% de pension en moins.
Selon les sondages, entre 80% (Odoxa-Agipi pour Challenges et BFM Business) et 61% (CSA pour CNews) des Français sont contre la réforme des retraites. À l'inverse, selon un autre sondage, réalisé cette fois par Cluster17 pour Le Point, deux tiers des Français, dont 75% des 18-24 ans, soutiennent massivement le mouvement social contre la réforme. Une première journée de grève aura lieu ce jeudi 19 janvier à l'appel de toutes les organisations syndicales.