En signe de contestation contre la réforme des retraites, plusieurs unités départementales de la CGT énergie se mobilisent dans les différents sites de production et distribution d'électricité et de gaz. Avec une volonté affirmée : faire plier le gouvernement, sans pour autant devenir impopulaire.
"À réforme radicale, actions radicales", Matthias Breton, secrétaire général de la CGT Énergie en Indre-et-Loire n'a pas peur des mots.
Pour se faire entendre contre la réforme des retraites, la CGT énergie compte bien maintenir la pression sur l'électricité et le gaz, partout en France. "On ne se trompe pas de cible" assure l'organisation dans le Cher "on se bat bien contre le gouvernement, sa réforme et la finance".
Électricité gratuite et radars en "sobriété" forcée
Certains usagers d'Indre-et-Loire ont pu constater les conséquences de la grogne. Dans le département, un peu plus de 20 000 foyers ont été privés d'électricité entre 23h et 6h du matin, dans la nuit de jeudi 9 à vendredi 10 mars 2023. Le résultat d'une "mise en sobriété énergétique" de sept tronçons de lignes à haute tension.
La "sobriété", aussi, pour plusieurs radars dans le Loiret, le Loir-et-Cher et en Indre-et-Loire. Les représentant syndicaux de préciser : il n'est pas question d'appeler à quelconques comportements dangereux, "mais de toucher au portefeuille de l'Etat" précise Matthias Breton.
En parallèle, plusieurs actions "Robin des bois" ont eu lieu, à savoir une mise en gratuité de l'électricité, ou encore une réduction tarifaire pour les usagers. Un moyen, pour les grévistes, de ne pas se mettre l'opinion à dos.
Des sites bloqués
Chez Storengy, à Céré-la-Ronde en Indre-et-Loire et Chémery dans le Loir-et-Cher, les entrées et sorties de camions de distribution de gaz sont bloquées depuis une semaine, et le stock de gaz mis "hors tension". Les effets se font sentir à Céré-la-Ronde.
Le site qui emploie une vingtaine de personnes a déclenché sa mise en sécurité : "le groupe électrogène qui devait prendre le relai n'a pas été mis assez longtemps" détaille Matthias Breton. Pour l'instant, aucune conséquence pour les consommateurs, car les réseaux de transport fonctionnent nationalement.
La centrale nucléaire de Saint-Laurent en flux tendu
En revanche, la situation du côté loir-et-chérien est surveillée de près : Chémery, "c'est le plus gros stockage en Europe" précise Fabien Hubert, secrétaire général local pour la CGT Energie. La France concentre douze sites en tout. Si jamais trop de sites étaient bloqués, et la pression émise dans les circuits trop basse, il faudrait alors trois mois pour relancer la machine, assure Matthias Breton. Et là : "ça veut dire, plus de gaz."
A la centrale nucléaire de Saint-Laurent, là aussi des barrages filtrants, blocages et baisse de charges sont en cours. "Ça fonctionne en flux tendu" explique Fabien Hubert. Il ne faudrait pas que la consommation des foyers soit au-dessus de la production.
Aller encore plus loin ?
"Quand elles n'ont plus rien à perdre, les personnes peuvent devenir incontrôlables" prévient Matthias Breton, qui n'exclut pas des actions plus fortes.
Dans une réponse écrite, la direction d'Enedis affirme respecter le droit de grève, tout en condamnant "fermement tout acte illégal visant le réseau public de distribution d’électricité pouvant conduire à des coupures de courant pour ses clients et portant attente à la sécurité des biens et des personnes".
L'entreprise poursuit en affirmant qu'elle dépose "systématiquement plainte auprès des services de police et de gendarmerie."
La sécurité avant tout
La sécurité justement, les grévistes assurent en prendre soin. Dans le Loiret, à Orléans, le site dépannage de Cigogne est bloqué par une cinquantaine de personnes lundi 13 mars 2023.
Et pourtant : "on est comme les pompiers, les urgences sont assurées par les grévistes" affirme l'organisation syndicale locale. Comme pour cette ligne haute tension tombée la nuit précédente. Une équipe s'est déplacée pour résoudre la situation.
"Ce n'est pas que pour notre régime que nous agissons" martèle Matthias Breton, "c'est pour élever tout le monde". Avec des caisses excédentaires dans plusieurs régimes spéciaux, il estime que l'argent pourrait être trouvé pour permettre à chacun de bénéficier d'une retraite correcte, sans travailler deux ans de plus.