Régionales 2021 : la liste citoyenne de Christelle de Crémiers et Jérémy Clément croit en la démocratie participative

Elle est vice-présidente de la région, il est ancien gilet jaune : Christelle de Crémiers et Jérémy Clément mènent une liste citoyenne, sans parti politique, pour les régionales en Centre-Val de Loire. Leur projet : rendre le pouvoir de décision aux citoyens, et compter sur la sagesse des foules

Oui, leur liste s'appelle "Démocratie EcoLogique". Mais non, Christelle de Crémiers et Jérémy Clément ne se présentent pas aux élections régionales en Centre-Val de Loire sous l'étiquette EELV. Le duo de candidats mène une liste citoyenne, sans fonds ou soutien d'un quelconque parti politique. Leur mot d'ordre : redonner aux habitants de la région un certain pouvoir décisionnel.

Pourtant, Christelle de Crémiers n'est pas une inconnue de la sphère politique. Candidate malheureuse à Gien en 2020, devenue conseillère municipale d'opposition, elle est aussi l'actuelle vice-présidente de la Région chargée du tourisme, des territoires et de l'alimentation... le tout dans le giron d'Europe-Ecologie Les Verts. Quant à Jérémy Clément, il était un entrepreneur dans le bâtiment dans le Montargois sans ambition politique jusqu'à 2018, année où il se fait remarquer sur les ronds-points loiretains, vêtu d'un gilet jaune. 

C'est avec cette double expérience d'élu et de manifestant que le duo entend poser les bases d'une "réconciliation entre les politiques et les citoyens", en misant sur la démocratie participative comme une solution à la "crise très profonde de la démocratie représentative", comme le décrit Christelle de Crémiers. Et pour elle, un seul moyen pour y parvenir : "C'est aux représentants de dire que le pouvoir peut être partagé, seuls eux peuvent assurer une part de démocratie représentative."

"Une nouvelle classe politique issue du bas"

Avec cette garantie, les deux candidats souhaitent redonner de la voix à la "partie des citoyens qui subit les décisions", et à qui "les politiques répondent que c'est comme ça", comme l'explique Jérémy Clément. Avec un mot d'ordre : "Celui qui a créé le problème ne peut pas le résoudre." Autrement dit, l'ancien gilet jaune souhaite voir émerger "une nouvelle classe politique issue du bas", qui "connaisse la vie quotidienne, les frigos vides et les pleins d'essence à 30 euros"

Pour y parvenir, "Démocratie EcoLogique" entend mettre en place une assemblée régonale citoyenne, ouverte à tous sans élection ni tirage au sort. Conséquence espérée de cette absence de limitations : "Cette assemblée pourrait compter des milliers de citoyens, qui veulent s'impliquer et partagent le même constat sur la crise démocratique, sociale et écologique", envisage l'élue régionale. 

Concrètement, l'organisation interne d'une telle assemblée est encore en préparation. Elle devrait "s'inspirer du fonctionnement de l'Assemblée nationale avec commissions de travail et garde-fous pour éviter l'entre-soi".

La même légitimité qu'un élu

Les deux candidats sont bien conscients que "seule l'assemblée régionale délibérante peut injecter de l'argent public" ou avoir un réel pouvoir de décision. Ils espèrent en réalité qu'une assemblée citoyenne permettra "aux citoyens d'avoir la légitimité et le pouvoir d'un élu" :

L’Etat s’est défaussé de manière incroyable sur les Régions, sur la jeunesse, l'aménagement du territoire, l'agriculture, l'éducation, les transports… Il se défausse mais ne compense pas. Le budget de la Région ne vient que de l’Etat à 95%. Quand un président de Région négocie un nouveau budget, s’il est soutenu par une assemblée générale citoyenne, son pouvoir est dix fois plus fort. Quel autre pouvoir nous reste-t-il ?

Christelle de Crémiers, Démocratie EcoLogique

Une telle assemblée citoyenne aurait ainsi la tâche de "faire remonter des attentes, des souhaits auprès d'un élu régional qui s'engage à les porter au conseil régional", détaille Christelle de Crémiers. Elle serait également en charge de porter les projets de la Région, orphelins d'un élu engagé sur le sujet dans les territoires.

Le référendum d'initiative citoyenne en Centre-Val de Loire ?

Enfin, elle aurait à son actif l'organisation de référendums d'initiative citoyenne (RIC), et d'en garantir l'indépendance totale. Pour Jérémy Clément, le RIC est la prolongation de la démocratie participative : "On est deux millions et demi dans la région, peut-être que quelques centaines de milliers de personnes seraient ravies de donner leur avis." Et encore une fois, il incombera aux élus régionaux de respecter le choix d'un tel référendum, même si la loi ne les y oblige pas. Car, pour qu'un tel vote local ait une valeur décisionnelle, il faut qu'au moins la moitié des électeurs du territoire votent. En-dessous, il ne sera techniquement que consultatif.

Et si le duo de candidats est conscient du potentiel de zizanie au sein d'une (très) peuplée assemblée citoyenne, les deux estiment que tous les habitants peuvent s'entendre sur divers sujets relevant des compétences de la Région. 

En premier lieu, Christelle de Crémiers cite l'alimentation (dont elle a le portefeuille au conseil régional), et notamment la malnutrition : "Aujourd'hui, pour bien manger, il faut être riche. Des gens deviennent malades de maladies auto-immunes parce qu'ils n'ont pas les moyens de se payer une alimentation de qualité. Notre alimentation est envahie de produits de synthèse qui ne sont pas nutritifs."

Ecologie sociale

Autre sujet sur lequel les têtes de liste espèrent un consensus : les chemins de fer. "Tous les habitants de la région demandent plus de trains, rapporte l'élue régionale. On peut mettre sur la table tous les besoins pour un réseau ferroviaire du quotidien et planifier un phasage des travaux", l'Etat s'étant défaussé de la maintenance et de la construction des lignes régionales. En en plus, "ça crée de l'attractivité et ça repeuple la région", se réjouit Jérémy Clément.

Et puisque le mot "écologique" s'inscrit dans le nom de leur liste, les deux candidats souhaitent promouvoir "la relocalisation en proximité de la production de biens et de services" et remettent en question l'actuel "système économique fondé sur la distance, issu de 50 ans de délocalisation". Pour Christelle de Crémiers, cette solution est le seul moyen d'entreprendre une transition écologique qui n'écarte pas une partie des citoyens, au contraire de "la taxe sur l'essence en 2018, qui était une mauvaise solution parce qu'elle était inégalitaire". 

Une taxe qui avait marqué le début du mouvement des gilets jaunes, où Jérémy Clément a fait ses armes en tant que porte-voix des citoyens mécontents. La boucle est bouclée. Et même si les deux se présentent comme égaux à la tête de la liste, lui l'affirme : "Si on est élus, ce sera Christelle de Crémiers la présidente."

 

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