Régionales 2021 : Charles Fournier (EELV) ne veut plus être le subordonné de l'union de la gauche en Centre-Val de Loire

Charles Fournier, vice-président de la région au sein de la majorité présidée par François Bonneau (PS), emmène une liste d'alliance EELV-LFI. Lors d'un meeting en ligne ce jeudi 6 mai, il a présenté l'écologie comme une ligne directrice, et non plus comme un bonus aux politiques menées.

Comment être fier de son bilan dans la majorité sortante, tout en présentant une liste concurrente face au président sortant ? C'est sur cet équilibre périlleux que s'est inscrit Charles Fournier, actuel 11e vice-président du conseil général du Centre-Val de Loire.

A la tête d'une liste Europe Ecologie-Les Verts/La France insoumise, il a décidé de ne pas rejoindre la liste menée par François Bonneau (PS), qui préside la région depuis 2007. Cette division après une entente cordiale pendant tout un mandat, "je ne l'explique pas", disait encore le président sortant il y a deux jours.

Lors d'une conférence de presse puis d'un meeting en ligne organisés ce jeudi 6 mai, Charles Fournier a souhaité faire passer un message en filigrane : il est fini le temps où les écologistes se rassemblaient derrière le PS pour faire gagner la gauche, avant de devoir batailler tout un mandat pour imposer quelques mesures vertes. Cette fois-ci, EELV souhaite prendre les choses en main, et faire passer l'écologie au premier plan.

"On n'est plus les supplétifs de quiconque"

Pour illustrer symboliquement ce changement de rapport de force, Charles Fournier avait invité deux maires écolos, élus en 2020 lors de la "vague verte" qui a donné des ailes à EELV. Le premier, c'est Emmanuel Denis, le nouveau maire de Tours, élu grâce à une alliance de (presque) toute la gauche tourangelle, y compris le PS relégué au second plan.

Etait également présente lors du meeting Léonore Moncond'huy, la nouvelle maire de Poitiers. L'année dernière, elle était parvenue à renverser le maire Alain Claeys, aux manettes de la ville depuis 2008. Un maire sortant... socialiste. Benoît Hamon aussi devait venir, mais "n'a pas pu"...

"L’écologie devient progressivement majoritaire, chez les électeurs et électrices de gauche et au-delà. On n'est plus les supplétifs de quiconque", résume pendant la conférence de presse Marie Toussaint, députée européenne EELV et juriste, médiatisée pour avoir notamment initié l'"Affaire du siècle" et la plainte contre l'Etat pour inaction en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

"Sans écologie, l'économie s'effondrera"

Mais quelle est la véritable marge de manœuvre de la région en matière de transition écologique ? "C'est une question qu'on me pose souvent", concède Charles Fournier. Une question à laquelle l'eurodéputée (LFI) Manon Aubry, également présente, semble avoir la réponse :

Quand l’UE n'est pas capable de donner assez d’aides aux agriculteurs en agriculture biologique, la région le fait. La région pallie pour les assos qui viennent en aide aux jeunes quand l'Etat ne le fait pas, en versant des aides aux 18-26 ans.

Manon Aubry, eurodéputée (La France insoumise)

Mais plus qu'un palliatif à des "carences" nationales ou internationales, le candidat veut faire de la région un investisseur majeur dans l'économie de demain (c'était le thème de la soirée). "Sans écologie, l'économie s'effondrera", assène-t-il, estimant que "écologie" rime forcément avec "solidarité". En somme, "l'absence d'écologie est toujours une punition pour les plus vulnérables", et la transition verte "créera des emplois".

Dans ses cartons, Charles Fournier porte par exemple le projet d'organisation de la filière paille. "5% de la paille produite pourrait permettre d'isoler 30 000 logements de la région chaque année. La paille est une ressource incroyable, pour peu qu'on investisse dessus. Il faudra la ressource, mais aussi des métiers qualifiés."

Greenwashing politique ?

Des métiers écolos et d'avenir sur lesquels François Bonneau, lui aussi, insiste. Mais pour le candidat EELV, "l'écologie est un changement profond, ce n'est pas mettre un coup de vert" sur une politique existante. Lors de la présentation de ses co-listiers il y a une semaine, il qualifiait déjà sa liste comme "la seule [...] qui portera en sincérité les enjeux de la transformation écologique". "J'espère que l'originale sera choisie, et non pas les copies", ajoutait-il.

L'écologie ne serait-elle qu'un argument électoral pour ses adversaires ? Evoquant la mise en œuvre du fonds Renaissance, qui vient en aide aux entreprises touchées par la crise économique causée par la pandémie de Covid-19, il affirme avoir "proposé qu’on ait 30% d’aides supplémentaires dès qu’on avait un engagement écologique" de la part d'une société. Une mesure qui n'a, visiblement, pas assez convaincu la majorité régionale pour être inscrite dans le marbre.

Pour tenter de convaincre qu'il est le seul véritable écologiste en lice pour ces régionales, Charles Fournier promet d'organiser d'autres meetings en ligne. Avant de terminer, si les conditions sanitaires le permettent, par des rencontres en vrai à Orléans et Tours les 15 et 16 juin. "On a déjà réservé la salle des mariages de la mairie", ajoute-t-il, optimiste. Pour préparer un probable mariage entre PS et EELV entre les deux tours ? Reste à savoir sous quelle égide il se fera.

 

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