Salon de l'Agriculture 2022 : des éleveurs d'ovins boudent cette édition au profit de salons régionaux

Le Salon de l’agriculture aura lieu du 26 février au 2 mars, à Paris. Dans le Loir-et-Cher, peu de représentants de la région feront le déplacement cette année, faute de retours sur leur investissements.

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Qui connaît les moutons de la race charmoise ? Une belle croupe, une petite tête rosée ou blanche, un gigot bien descendu ; bref le mouton presque parfait. Cette cousine de la race solognote, connue pour ses qualités laitières et bouchères, est née à Pontlevoy au 19eme siècle. Même si les éleveurs trouvent de la fierté à présenter cet animal rustique, cette année, beaucoup bouderont le Salon de l'Agriculture.

François Bernard, éleveur d’ovins de Fontaines-en -Sologne, explique : "Faire une présentation et qu'il n'y ait pas de concours ensuite, non ! L'organisation nous demandait une participation financière de près de 4 000 euros. On expose, on transporte les bêtes, on organise un concours. On fait l'animation avec le public, c'est un peu fort de nous demander de telles sommes en plus".

Le Salon de l'Agriculture moins incontournable

Ambassadeur de la race charmoise depuis une quinzaine d'années, l'éleveur est déçu. Il possède une belle exploitation de près de 1000 moutons et a remporté 14 prix à la dernière édition.

On doit exporter à l'étranger et le Salon n'est plus la bonne vitrine.

François Bernard

En pleine période d'agnelage, il bichonnera ses bêtes chez lui. Les jauges imposées par les normes sanitaires ne l'inquiètent pas. C'est bien l'impact financier qui lui pose problème : "On aimait bien y aller, mais ce n'était plus à Paris que nous faisions du commerce. Le marché des producteurs est porteur, malgré la flambée des matières premières. On se félicite en ce moment ; le cours de la viande d'agneau a augmenté.  Il nous faut encore acheter des céréales et des bouchons de luzerne. La législation en France impose de passer par des coopératives et des négociants. Pour s'y retrouver, on doit exporter à l'étranger et le Salon, n'est plus la bonne vitrine".

Et cette année, outre la charmoise, deux autres races emblématiques de la région seront absentes :  le berrichon du Cher et la solognote.

Il n’y a pas d’aide apportée par la Région pour la présence des éleveurs dans le grand hall du Salon de l'Agriculture. L’aide régionale ne porte que sur la présence des exposants dans le hall des régions, sur le stand régional, les produits conditionnés. Pour François Bernard, "avant les départements aidaient, mais depuis deux ans, il n'y a plus rien. Aller à Paris, c'est trop de charges. Aura-t-on assez de ventes pour les compenser ?"

La plupart des éleveurs préfèrent aller aux Ovinpiades, en Lorraine ou dans d'autres salons en province. 

Les salons en province sont plus porteurs

François Bernard, lui, se reportera sur le Sommet de l'Élevage de Clermont-Ferrand, en octobre prochain. Comme la race est rare, il est sûr d'avoir des retombées économiques. Les zones de commercialisation pour les reproducteurs de la race charmoise sont larges : France, Grande-Bretagne, Suisse et Allemagne, etc. Au Salon à Paris, les étrangers ne viennent plus à cause de la crise sanitaire.

Louis Xavier De Laage, éleveur de Berrichons du Cher et de Solognots dans le Loir-et-Cher, n'ira pas non plus. "Les coûts s'accumulent d'années en années. Les frais liés au covid sont importants. Il faut tout nettoyer sans cesse et il n'y a pas de budget pour cela".

Cette année, au Salon d'Agriculture de Paris, il manquera au moins trois races régionales sur la soixantaine comptabilisée en France.

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