Le cavalier de l’Eure et Loir, médaillé d’or à Rio en concours complet d’équitation par équipe,et tout juste endeuillé par la perte de son champion d’étalon, Entebbe de Hus, s’aligne au Salon du Cheval à Paris dans une de ses épreuves fétiches : le cross indoor.
Le beau gosse du complet est aussi à l’aise sur la moquette du Parc des expositions de Paris Villepinte que les bottes aux pieds dans ses écuries de Nogent le Rotrou. L’indoor, c’est son truc à lui. Vainqueur l’an dernier du cross ici même au salon du Cheval, il revient avec le même partenaire, Punch de l’Esques, un anglo-arabe de 15 ans, surnommé « double zéro » : il prend rarement des points de pénalités sur les obstacles, de cross ou d’hippique.
Son premier cross indoor, Karim s’en souvient encore.
Du coup l’enfant terrible du complet a fait l’affiche du concours, la vraie, et il faut bien dire que depuis, il est resté en haut.C’était à Stuttgart il y a 15 ans , on louait des chevaux et celui que je montais m’a déposé sur un obstacle
Aujourd’hui, après bien des modifications au règlement, le cross indoor est reconnu par la Fédération internationale d’Equitation, la puissante FEI, et compte pour le classement international.
« Les organisateurs d’indoor se sont tous mis à en faire quand ils ont compris qu’à 22 heures, les tribunes étaient pleines et les gens hurlaient debout en tapant des pieds. Un truc de fou ».
Les chevaux sont les mêmes que pour les épreuves de complet en extérieur, alors, forcément, les grands gabarits avec une grande amplitude de galop ne sont pas à la fête pour tourner dans un mouchoir de poche.
Cette épreuve, regardée avec méfiance au départ par les puristes amateurs de concours complet, est devenue en quelques années un must pour le public, connaisseur ou pas.C’est un peu la différence de rebond qu’il y a entre une balle de ping-pong et une balle de tennis
Le cross indoor, c’est 1000 mètres de grand galop sur la piste principale et le paddock. Les couples de niveau international s’affrontent au chronomètre sur une vingtaine d’obstacles naturels fixes, et –c’est la difficulté de la spécialité- d’obstacles de concours hippique où les barres peuvent tomber.
Karim en courre 3 ou 4 par an, en habitué du podium de ce type d’épreuve.
« J’ai toujours été porté par le public qui me galvanise. Au début, on me reprochait de parler aux spectateurs pendant le parcours. Mais mon préparateur physique et mental, Guy Bessat, m’a fait comprendre que mon énergie, je la puisais justement chez les autres, le public…
Je peux tourner la tête et garder ma concentration. Faut pas lutter contre çà, c’est une nécessité Aujourd’hui je sais que c’est ma force ».
Le cross indoor, l’épreuve qui met en fusion les chevaux, les cavaliers et le public, est en train de gagner ses lettres de noblesse, et ce n’est pas pour déplaire à Karim Laghouag, l’extraverti du concours complet.