Pouvoir fixer ses propres tarifs de consultation, couper les ponts avec la Sécurité sociale, si le déconventionnement reste un phénomène marginal, les médecins s’autorisent à y réfléchir.
"C’était impensable il y a encore dix ans, mais aujourd’hui, nous en discutons librement entre praticiens. L’idée n’est plus taboue" avance le Dr Christophe Tafani, président du conseil de l’Ordre des médecins du Loiret. Sur le département, trois praticiens se sont déconventionnés sur plusieurs centaines inscrits au conseil l’Ordre. Le phénomène semble en revanche encore à la marge. Pourtant, face à une qualité de soins qu’ils estiment dégradée, les médecins s’autorisent à y réfléchir.
"Avant d’être déconventionnée, c’était de l’abattage"
Certains ont sauté le pas sans regrets. C’est le cas du Dr A.Ricois en Eure-Loir. Avec une consultation à 50 euros, non remboursée, sa patientèle a été divisée par deux, passant de 1 600 à 800 personnes. Ce qui lui permet de consacrer plus de temps à l’examen clinique. "Je passe environ 30 minutes avec chaque patient. Avant d’être déconventionnée, c’était de l’abattage" souligne-t-elle.
Dans un contexte de désertification médicale, le choix du déconventionnement fait courir le risque d’une médecine réservée à ceux qui en auraient les moyens. C’est ce que dénonce un collectif d’élus et de praticiens dans une tribune publiée sur le Monde.fr en mars dernier. La menace a été pourtant brandie par les syndicats de médecins au cours des négociations engagées avec l’Assurance maladie pour la revalorisation du tarif de la consultation.
Le "diktat" de l'Assurance maladie
Le nouvel accord prévoit de porter de 26,50 euros à 30 euros la consultation chez un généraliste. Installé dans le Cher, le Dr Olivier Ferrand estime que c’est un minimum pour faire face à l’inflation de ses charges de fonctionnement : salaires, loyer, énergie, elles ont augmenté de 17 % en un an explique le médecin dont le temps de travail dépasse les 60 heures hebdomadaires. Alors, le déconventionnement, il avoue y penser. "Je suis à deux doigts de le faire. Si je ne passe pas à l’acte, c'est par respect pour mes patients".
Selon lui, de plus en plus de généralistes seraient tentés de rompre la convention qui les lie à l’Assurance Maladie, un autre moyen de se libérer de son "diktat".
Nous sommes contrôlés en permanence. Nos arrêts-maladie sont scrutés. Dernièrement, la prescription d’un corset à l’une de mes patientes a été refusé sous prétexte qu'il revenait à un spécialiste de le faire !
Dr Olivier Ferrand
"On a toujours la Sécu sur le dos, c’est usant" explique précipitamment Olivier Ferrant, la file d'attente s'allonge dans son cabinet, il doit raccrocher...