Plus de 4 000 emplois en Centre-Val de Loire sont concernés par des mouvements ou des réductions de personnel. L'aéronautique est un des secteurs qui accuse le plus durement le coup porté par la crise du covid-19.
En France, l'aéronautique "a perdu la totalité des postes créés entre 2009 et 2019", en six mois. Un chiffre qui en dit long sur le plongeon de la filière. Suppression de postes, départs à la retraite anticipée, prêts de salariés... En Centre-Val de Loire aussi, les professionnels du secteur se sont lancé depuis avril 2020 dans une grande braderie de la main d'oeuvre. Plus de 4000 emplois sont concernés par ces divers mouvements de personnel.
"La baisse des cadences est estimée à environ 45%. Sur les 330 établissements régionaux, les plus touchés sont ceux qui travaillent majoritairement pour l'aéronautique civil, comme Daher, Mecachrome ou Michelin, rapporte la direction régionale de l'économie. Le trafic aérien international est quasiment arrêté, sans aucune vision de reprise. Les entreprises travaillant pour le secteur de la défense sont plus épargnées, les donneurs d'ordre anticipent les commandes et accélèrent les délais de paiement."En six mois, le secteur de l’aéronautique a perdu la totalité des postes créés entre 2009 et 2019 https://t.co/EUGHcdkNRD
— Le Monde (@lemondefr) October 5, 2020
Au moins 13 entreprises en grande difficulté
Le premier à céder à la pression infligée par la crise du coronavirus, c'est Aequs Aerospace, basé à Aubigny-sur-Nère (Cher). L'entreprise qui fournit notamment Airbus et Dassault aviation se déclare en cessation de paiments, et est placée en redressement judiciaire. Dans l'attente d'un repreneur, la firme a déjà licencié au moins une dizaine de ses salariés. Ce n'est d'ailleurs pas le seul sinistre économique pour la commune de 6000 habitants : en septembre, Mecachrome annonce la suppression de 160 postes sur son site d'Aubigny.
Entre avril et octobre, 12 autres entreprises déclarent des mouvements de personnel lié à la crise, qu'il s'agisse d'inciter au départ à la retraite de 3000 salariés comme chez Safran (sept sites en région), ou de délocaliser 160 emplois dans la Sarthe, comme Tecalemit (Blois).
Cliquez sur la flèche pour dérouler la légende"On a des inquiétudes concernant la défense de notre souveraineté industrielle, puisque les projets de rachat peuvent venir de l'étranger, mais aussi sur le comportement des assureurs quant aux crédits contractés par les entreprises" avoue la direction économique régionale, qui se dit également soucieuse des "difficultés psychologiques des chefs d'entreprise".
L'Etat au secours d'une "industrie d'excellence"
Pour colmater les brèches d'une filière qui pèse plus de 65 milliards d'euros, un vaste plan d'aide a été décrété par le gouvernement et les régions. D'abord via le plan de relance de l'industrie, annoncé en juin et chiffré à 15 milliards d'euros."Cette crise ne doit pas mettre en péril le savoir-faire de cette industrie d’excellence ni obérer ses capacités de rebond et d’innovation" souhaite le gouvernement.
Ce plan a été décliné en un fonds d'investissement spécifiquement destiné aux PME et ETI doté à hauteur de 630 millions d'euros et un plan de soutien aux investissements de modernisation, avec des appels à projet courant jusqu'au 17 novembre 2020. Problème : 924 dossiers ont déjà été déposés à travers toute la France. "Nous avons un problème de volumétrie. Le fonds est doté de 100 millions par an, et le coût total des projets déposés dépasse deux milliards d'euros. Cela pose la question des relais de financement à trouver" estime la direction économique régionale.
Par ailleurs, la filière aéronautique bénéficiera comme les autre du plan de relance régional, qui privilégie "une logique multifilière". Les orientations de ce plan concentré vers le soutien à la trésorerie, l'aide à l'innovation et à la formation "répondent bien aux attentes des entreprises" juge la région.Découvrez la carte des 37 premiers lauréats des fonds de modernisation et de diversification des entreprises des filières automobile et aéronautique ⤵️ https://t.co/IkEufd2QEU pic.twitter.com/6ZqQKbKkdj
— Agnès Pannier-Runacher (@AgnesRunacher) October 5, 2020