Avec le réchauffement climatique des cultures inhabituelles apparaissent dans les plaines de Centre-Val de Loire. La patate douce y était présente, le lavandin ou les amandiers s'y implantent, le sorgho et le soja y sont déjà programmés.
Ce n'est pas un secret : le climat de la France a déjà profondément changé depuis le début du 21e siècle. L'accumulation des gaz à effet de serre a provoqué un réchauffement qui s'est accentué depuis la fin des années 90. Le Centre-Val de Loire a désormais changé de visage, avec un profil de températures annuelles semblable à celui, de l'Aquitaine il y a 40 ans.
Des patates douces dans la Beauce
Ce réchauffement a incité à l'implantation progressive de cultures auparavant jugées exotiques. Auparavant seuls le sud-ouest et la région PACA pouvaient se targuer de belles récoltes de patate douce. Aujourd'hui la douceur du Val de Loire permet des résultats quasi similaires, pour la production de cette tubercule, dans le Vendômois ou le Chinonais.
Plus d'un siècle après la crise du phylloxera la vigne réapparaît en Beauce, au détriment de quelques hectares de céréales. Une filière de production d'amandes vient de voir le jour dans le Loiret et du soja sera prochainement intégré dans les rotations de cultures en Eure-et-Loir.
Sur la station expérimentale ARVALIS de Boigneville-Malesherbes, à la frontière de l'Essonne et du Loiret, on invente des parades au réchauffement, avec des variétés aussi résistantes que possible au changement climatique.
"Aujourd'hui on travaille sur des variétés plus résilientes, qui auront besoin de moins d'eau, de moins d'azote, de moins de protections face aux maladies ou aux insectes", affirme Delphine Bouttet, la directrice de la station. "Tout cela est déjà réalisé sur certaines variétés de blé pour lesquelles on utilise beaucoup moins de produits phytosanitaires."
Et demain, grâce aux progrès que nous allons faire à courte et moyenne échéance, la région restera privilégiée pour la production de céréales en dépit des fortes évolutions du climat.
Delphine Bouttet, directrice de la station ARVALIS de Boigneville-Malesherbes
Si l'humain parvenait à stabiliser le réchauffement climatique qu'il a engendré, et c'est un grand "si", il pourrait donc en récolter les fruits, comme la cuvée de Beauce qui commence déjà à être cultivée dans le Pithiverais.