Interloire, l'interprofession des vins du Val de Loire, vient de publier une étude sur les vins en agriculture biologique (AB) dans le bassin ligérien, portant sur les trois dernières années. A l'évidence, le bio tire son épingle du jeu avec une croissance soutenue, dans l'offre et la demande.
Interloire constate tout d'abord que les vins AB du Val de Loire demeurent, dans la grande distribution, un marché de niche : ils ne représentent, en volume, que 2,3% des ventes de vins ligériens.
Mais avec 18 000 hectolitres en 2020, les ventes en volume des vins du Val de Loire sous label AB ont augmenté de 51% depuis 2018 (+16% pour le marché global des vins biologiques en grande distribution). Pas de doute, le vin bio des bords de Loire a le vent en poupe !
Romain Baillon est conseiller technique viticulture au GABBTO 37, le Groupement des Agriculteurs Biologiques et Biodynamiques de Touraine. S'il travaille plutôt du côté de l'offre (accompagnement des viticulteurs en reconversion), il perçoit aussi une pression exercée par la demande :
"On a un retour de vignerons qui souhaitent passer au bio parce que cela devient nécessaire pour s'imposer sur certains marchés à l'export. Ou parce que de nombreux particuliers, quand ils s'arrètent sur leur domaine, demande tout de suite s'ils sont en bio et font demi-tour ausssitôt, pour aller voir ailleurs!"
Oui, la demande pour du bio est croissante, on le voit aussi en ces temps de COVID où les ventes se sont ralenties pour tout le monde, mais où, dans l'ensemble, les vins biologiques s'en sortent mieux
Quand la demande est forte, l'offre doit s'adapter
"La progression des domaines en conversion est constante, depuis deux ou trois ans c'est reparti à la hausse, il y a un regain d'intérêt pour la viticulture bio, reprend Romain Baillon. Je pense que cela repose évidemment sur des convictions, d'un côté. Mais de l'autre il y a aussi le marché qui guide ces vignerons vers le passage en bio. En 2020, une quinzaine de domaines s'est adressée à nous pour une conversion en bio, l'année précédente vingt-deux."
Interloire constate que le label AB poursuit son essor avec une augmentation des surfaces de 33% entre 2018 et 2020 :
"Pour la récolte 2020, 750 exploitations (26 % des exploitations) sont certifiées ou en cours de conversion, pour une surface de 7 613 ha (16 % des surfaces)."
"Souvent les domaines qui passent en bio sont sur des modèles un peu plus petits que certaines structures qui sont et restent en conventionnel, explique le conseiller du GABBTO 37. L'un des freins pour franchir le pas est la demande en moyens humains et l'investissement en matériel. Pour une grosse structure, cela demande plus de main d'oeuvre et c'est assez difficile à trouver ces dernières années."
Objectif 100% des exploitations en label AB ou certification environnementale
Dans son étude, Interloire précise que cette conversion vers l’agriculture biologique du vignoble du Val de Loire s’inscrit dans une démarche plus générale, englobant les certifications environnementales (Terra Vitis et HVE, dont les contraintes sont moindres que pour l'obtention du label AB).
Et l’un des objectifs majeurs du Plan de filière viticole Val de Loire 2030 est 100 % des exploitations engagées dans une démarche de certification environnementale ou en label AB d’ici 2030. Sur la récolte 2020, on obtiendrait ainsi 47% des domaines et 51% des surfaces qui sont certifiés.
Romain Baillon relève toutefois qu'"avec le label AB, c'est vraiment le produit qui est mis en avant, avec les autres certifications c'est plus l'entreprise. Il faut cocher certaines cases, mais il n'y a pas de cahier des charges contraignant".
Enfin, Interloire établit un "top 3" des AOP du Val de Loire les plus vendues en bio dans la grande distribution en 2020. C'est le Cabernet d'anjou qui décroche la palme (3765 hectolitres) devant Chinon (1703 hl) et Saumur-Champigny (1569 hl). A noter que Chinon effectue la plus importante progression entre 2018 et 2020, +255% !
"Chinon est effectivement une appellation très dynamique dans les conversions en bio, confirme Romain Baillon. Mais attention, certains vignobles ont quitté Interloire pour s'occuper eux-même de leur communication, comme Montlouis, Bourgueil ou Cheverny. Interloire ne prend donc pas en compte ces appellations qui se convertissent aussi beaucoup et pourraient être au même niveau que Chinon."