Violences faites aux femmes : l'inquiétante explosion des signalements en région Centre-Val de Loire

Plus de 100 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-conjoint au cours de cette année en France. Soit une victime tous les deux jours et demi. Certaines, pour ne pas dire la plupart, avaient fait des signalements auprès de la police parce qu'elles se sentaient en danger. 

Le 1er mars 2019, à Mainvilliers (Eure-et-Loir), une femme frôle la mort après avoir été projetée contre une baie vitrée. Le 21 mars, le corps calciné d'une autre est retrouvé dans l'épave d'une voiture en forêt d'Amboise, près du cadavre de son compagnon. Le 31 mars, à Tours, une troisième est retrouvée, égorgée par son ex-compagnon, qui s'est suicidé. Le même jour, à la ginguette de Vallères (Indre-et-Loire), une quatrième femme meurt sous les coups de couteau d'un ex.

Rien qu'en Indre-et-Loire, les plaintes concernant les violences faites aux femmes ont augmenté de 30% en 2018. En Eure-et-Loir, le seul autre département de la région à avoir publié des chiffres, la préfecture a dressé un bilan similaire. Les violences sexuelles et intrafamiliales ont en effet bondi de 31,5% dans le département.

"Les victimes osent beaucoup plus parler qu'il y a vingt ans"

Une hausse troublante, qui semble se confirmer sur l'ensemble du territoire français dans la foulée des mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc. D'après les professionnels, c'est la conséquence directe d'une libération de la parole des victimes. Bien plus qu'auparavant, les femmes osent en effet témoigner, porter plainte et tenter d'échapper aux menaces que fait peser sur elles un compagnon ou un ex.

"Depuis un an et demi, on assiste à une hausse de fréquentation des structures d'aide", constate Valérie Durand, déléguée départementale de l'Indre aux droits des femmes. "Les femmes sont sans doute plus vigilantes quant à l'existence de structures près de chez elles, et les professionnels, notamment policiers et gendarmes, sont mieux formés à l'accompagnement des victimes."

Même diagnostic pour Elsa Marteau, responsable du Centre d'information et de documentation des femmes et des familles (CIDFF) du Loiret, auquel font appel de plus en plus de femmes. "Les victimes osent beaucoup plus parler aujourd'hui qu'il y a vingt ans", explique-t-elle. Enfin extirpé de la sphère privée, le sujet des violences faites aux femmes est devenu un enjeu de politique publique.


Plus de 100 femmes tuées par leur ex ou leur compagnon depuis janvier

Ces violences sont également plus médiatisées, dans les journaux ou sur les réseaux sociaux. Le terme de "féminicide", désignant le meurtre d'une femme parce qu'elle est une femme, s'impose petit à petit là où certains persistent encore à jeter le voile pudique du "drame familial" ou du "crime passionnel". Depuis janvier 2016, un collectif recense dans la presse les femmes "tuées par leur compagnon ou leur ex-compagnon" et trace une carte glaçante des féminicides conjugaux.


Une violence invisible

Le phénomène systémique des violences touche tous les âges et tous les milieux sociaux. Il prend de nombreuses formes mais une constante demeure, selon Elsa Marteau : la violence psychologique, invisible. "Le mécanisme d'emprise, avec la dépendance financière, psychologique... rend très difficile la sortie de la violence", résume-t-elle. Depuis 2014, un numéro national, le 39 19, est disponible pour les femmes victimes de violences.
En France, depuis janvier, plus de 100 femmes sont mortes sous les coups d'un compagnon ou d'un ex, d'après le collectif. Quatre d'entre elles ont perdu la vie en région Centre-Val de Loire. Le 25 avril dernier, la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a inauguré à Tours un nouvel espace d'accueil ouvert 24 heures sur 24 pour les victimes de violences conjugales, où professionnels de santé et forces de l'ordre seront présents pour faciliter le dépôt de plainte. Un petit pas de plus pour qu'un jour la peur n'aie plus sa place.

Le 23 novembre, l'association Nous Toutes organise une marche à Paris et partout en France pour dénoncer les féminicides.
 
Violences conjugales et sexuelles : qui appeler ?
Depuis 2014, un numéro national, le 39 19, est dédié aux femmes victimes de violences, quelles qu'elles soient. Plus localement, vous pouvez contacter le Centre National d’Information sur les Droits des Femmes (CIDFF), qui existe dans chaque département. Le CIDFF garantit une écoute et une orientation vers les dispositifs adéquats pour toutes les femmes victimes de violences sexistes. 
  • Cher : 02 48 24 00 19
  • Eure-et-Loir : 02 37 91 19 95
  • Indre : 02 54 08 09 79
  • Indre-et-Loire : 02 47 48 26 13
  • Loir-et-Cher : 02 54 42 17 39 
  • Loiret : 02 38 77 02 33 
Appel gratuit, de 9h à 22h du lundi au vendredi ; de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés. Cet appel est anonyme et ne figurera pas sur votre facture de téléphone. 
 
SOS viols femmes informations : 0 800 05 95 95
Numéro national gratuit, du lundi au vendredi de 10h à 19h. 
 
Centres d'accueil des présumées victimes agressions sexuelles 
  • Tours : 02 47 47 47 43 (secrétariat) / 02 47 47 92 83 (assistante sociale)
  • Orléans : 02 38 51 44 06 (secrétariat) / 02 38 61 32 31 (assistance sociale) / 02 38 61 33 85 (psychologue)
Le CAVAS est une unité des CHR de Tours et Orléans. Il assure un accueil et un examen clinique des victimes, qui peut aider à constituer des preuves pour une action judiciaire. 
 
Espace d'accueil et d'orientation de femmes victimes de violences : 07 54 32 71 83
Situé au sein des locaux SOS Médecins de Tours, cette cellule est joignable 24/24 à ce numéro. L'espace d'accueil peut vous permettre d'être directement mise en relation avec le commissariat, un psychologue ou encore un hébergement d'urgence. 
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