L'arme utilisée par Verlaine pour tirer sur Rimbaud, né à Charleville-Mézières, va être mise en vente aux enchères fin novembre à Paris. Son prix est estimé entre 50.000 et 60.000 euros.
Le revolver avec lequel Paul Verlaine blessa Arthur Rimbaud, un après-midi de juillet 1873 à Bruxelles, sera mis en vente aux enchères le 30 novembre chez Christie's à Paris, a-t-on appris mercredi auprès de la maison de vente.
10 juillet 1873, 14 heures, dans une chambre d'un hôtel de la rue des Brasseurs à Bruxelles, deux coups de feu claquent. Verlaine, alors âgé de 29 ans, tire sur Rimbaud de onze ans son cadet. Une balle blesse le jeune homme au-dessus de l'articulation du poignet. L'autre touche un mur avant de ricocher sur la cheminée. S'achève ainsi le coup de feu le plus célèbre de la littérature française.
Il a signé la fin des relations entre les deux amants. Dénoncé à la police par Rimbaud, l'auteur des "Poèmes saturniens" sera arrêté, jugé et condamné en août 1873 à deux ans de prison.
L'arme du forfait est un revolver à six coups de calibre 7 millimètres. Verlaine l'a acheté le matin même chez un armurier bruxellois avec une boîte de 50 cartouches.
Confisqué par la police, le revolver, d'un modèle très courant à l'époque, sera rendu à l'armurerie Montigny avant d'être cédé en 1981, au moment de la fermeture de ce magasin, à son actuel propriétaire qui a décidé de le mettre en vente. Le prix de cette arme est estimé entre 50 000 et 60 000 euros.
Amours tumultueuses
La querelle entre les deux hommes a commencé à Londres en mai 1873. Les amours de Verlaine et Rimbaud sont devenus tumultueuses. Verlaine a envie de renouer avec sa femme, Mathilde, épousée en 1870, un an avant sa rencontre avec l'auteur du "Bateau ivre". Après une énième dispute, il plaque son jeune amant et part pour Bruxelles. Rimbaud le rejoint. De nouvelles disputes éclatent.Verlaine a des envies de suicide, Rimbaud parle de s'engager dans l'armée. Ils s'enivrent, pleurent, connaissent le désespoir des amours qui s'achèvent. Avant de lui tirer dessus, Rimbaud raconte que Verlaine lui aurait dit : "Tiens ! Je t'apprendrai à vouloir partir !".
À peine pansé à l'hôpital, Rimbaud songe à quitter Bruxelles. Verlaine le menace à nouveau de son arme en pleine rue. Rimbaud hèle un policier qui arrête tout le monde.
On connait la suite, en prison (où il passera 555 jours), Verlaine écrira les 32 poèmes de "Cellulairement" qu'il dispersera dans les recueils "Sagesse", "Jadis et naguère", "Parallèlement" ou "Invectives". Rimbaud, rentré chez sa mère, se met à l'écriture d'"Une saison en enfer".
Verlaine et Rimbaud se reverront une dernière fois après la libération du premier, en février 1875, à Stuttgart où Rimbaud remet à son ami le manuscrit des "Illuminations".