En début de semaine, un dirigeant de la Chambre d'Agriculture de la Corse-du-Sud est soupçonné d'avoir indûment perçu 400 000 euros d'aides européennes par an. L’affaire divise les représentants de l'agriculture insulaire. Une enquête préliminaire est ouverte pour escroquerie aggravée.
L’annonce d’une fraude de 400 000 euros fait grand bruit dans le monde agricole. Au siège de la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud, certains martèlent l’innocence de leur collègue.
« Je répète que Monsieur Rossi ne fait pas partie de ces quatre exploitations et qu’on l’a mis au milieu. Je ne vois pas ce qu’on lui reproche. Ils ont les animaux parce que c’est une famille d’éleveurs. Ce sont des gens connus », soutient Stéphane Paquet, président de la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud.
Du côté de la commission départementale des jeunes agriculteurs, le sentiment est partagé. Dans un communiqué, elle dénonce des contrôles abusifs.
« On aurait pu éviter un tas de dérives »
Pour le président de la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles de la Haute-Corse, ces contrôles devraient être réalisés avant même l’installation de l’agriculteur. « Nous avons demandé depuis cinq ans à ce que des contrôles soient faits au moment de la déclaration de surface. Et notamment de vérifier si le nombre d’animaux était en relation avec le nombre d’hectares déclarés. C’est là où on aurait pu éviter un tas de dérives », souligne Joseph Colombani.
Le syndicat Via Campagnola, lui se félicite de ces opérations de contrôles. Selon lui, les manœuvres frauduleuses pénalisent l’ensemble de la profession. « L’agriculture corse, c’est des gens qui travaillent, qui se lèvent le matin, qui ont beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Ils ont besoin d’avoir un véritable soutient, y compris financier, et malheureusement, le système tel qu’il est mis en place ne permet pas une véritable équité au niveau du monde agricole », estime Pierre Alessandri, porte-parole de Via Campagnola.
L’enquête devra déterminer si ces fraudes sont bien réelles. Les exploitants encourent jusqu’à sept ans de réclusion criminelle.