Depuis trois ans, le syndicat des couteliers de Corse, a lancé un processus de labellisation di a cultedda nustrale. Son but est de protéger un atout patrimonial face à la concurrence de copies venues de Chine. Actuellement, sur les 60 couteliers corses, 11 sont labellisés.
Ce jour-là, à Porticcio, la chaleur est harassante. Mais pour Simon, coutelier, pas de répit. Dans son atelier, la méthode ancestrale de la forge est utilisée pour fabriquer les traditionnels couteaux corses.
Un métier de passion qui nécessite de nombreuses compétences. « Il y a le travail de l’acier, le travail du bois, le travail des mécanismes, le travail des métaux précieux… C’est un mélange de plusieurs métiers. Pour un couteau le temps de travail ça peut aller d’une heure et demie, jusqu’à 20, 30 ou 40 heures en fonction de ce que l’on veut faire », explique le coutelier.
Des heures de travail, pour, parfois, peu de rentabilité. Le père de Simon a fondé une coutellerie il y a 40 ans. S'il a débuté par « u curniciolu », le couteau de berger, la réalité du marché l'a contraint à élargir sa gamme.
« La demande est vraiment locale »
Actuellement, sa production nustrale représente à peine 15 % de son chiffre d'affaires. « Comme c’est un couteau d’une conception assez simple, c’est ce qu’on appelle le couteau à deux clous, il y a une concurrence énorme de coutelleries haut de gamme. En Corse, on le vend très bien, mais la demande est vraiment locale », indique Jean-Pierre Ceccaldi, coutelier.
Depuis plusieurs années, le couteau corse est aussi la proie d'une concurrence venue de Chine. Ces copies aux prix attractifs inondent le marché du souvenir. Alors pour tirer leur épingle du jeu les boutiques spécialisées jouent la pédagogie. Christine Broudin, commerçante, n’hésite pas à faire un petit cours d’histoire aux touristes qui entrent dans sa boutique. « On pense toujours que lorsque l’on rentre dans une boutique de souvenirs que l’on ne peut pas avoir un couteau d’artisan, fabriqué localement. Certains s’y méprennent, nous, on doit lors donner une part d’histoire », précise-t-elle.
Processus de labellisation
Afin de redonner ses lettres de noblesse à « a cultedda nustrale », le syndicat des couteliers de Corse a lancé un processus de labellisation sur deux niveaux : « fattu in corsica » et « excellence ». Il existe aussi des poinçons qui doivent permettre d'identifier le vrai couteau traditionnel.
L'obtention d'une IGP, Identification géographique protégée, est aussi en cours. « Cette IGP tendra à essayer de protéger le couteau corse au travers d’une reconnaissance, de labels, de visuels. Cela veut dire que le couteau corse sera reconnu localement, nationalement et internationalement », soutient Patrick Pianelli, service économique de la chambre régional des métiers.
L'assemblée de Corse a voté en faveur d’un plan de revalorisation de la filière. L'ADEC (agence de développement économique de la Corse) doit investir 364 000 euros sur deux ans pour ce savoir-faire considéré comme une richesse culturelle de l'île.