Assemblée de Corse : la session spéciale sur la dérive mafieuse aura lieu "très rapidement"

Jeudi 30 juin, une question orale du groupe Core in Fronte a relancé le débat sur la session spéciale de l'Assemblée de Corse concernant la dérive mafieuse dans l’île. Celle-ci "aura lieu rapidement, à l'automne prochain", a répondu l’Exécutif.

"Quand comptez-vous organiser une session spéciale sur le système mafieux en Corse ?"

Posée par Jean-Baptiste Arena, la question orale de l’élu de Core in Fronte a ouvert ce jeudi la session extraordinaire de l’Assemblée de Corse.

Une demande qui s’inscrit dans un contexte tendu, six jours après l’assassinat de Jean-Christophe Mocchi à Propriano.

"Mes premiers mots seront pour saluer la mémoire de la victime et avoir une pensée pour sa famille, répond Gilles Simeoni. Bien sûr, au moment où nous parlons, nous ne savons pas si cet assassinat est relié directement ou indirectement à la problématique de la dérive mafieuse que vous évoquez. Il n’empêche, un assassinat est toujours un élément traumatisant pour les familles d’abord et pour la société corse qui n’en a connu que trop."

Et le président du Conseil exécutif de Corse d’apporter la réponse à la question de Battì Arena sur le crime organisé dans l’île : "Il y aura très rapidement une session spéciale de l’Assemblée de Corse consacrée à cette question. Nous nous y étions engagés, à mon initiative, au lendemain de l’assassinat de Massimu Susini en septembre 2019. Cette session doit se tenir. Nous la souhaitons dans les délais les plus brefs, cet automne."

"Nous aurions souhaité qu'elle puisse se tenir avant"

Envisagée depuis près de trois ans, cette session n’a jusqu’à présent jamais pu se dérouler pour diverses raisons avancées par l’Exécutif : crise du covid, période électorale des Territoriales, assassinat d’Yvan Colonna…

"Il est évident que nous aurions souhaité qu’elle puisse se tenir avant mais un certain nombre d’éléments de conjoncture ont empêché sa tenue, souligne Gilles Simeoni. Elle avait ensuite été engagée au premier semestre 2022 mais elle n’avait pu avoir lieu en raison de l’assassinat d’Yvan Colonna et des événements qui l’ont suivi. Cette succession d’éléments extérieurs ne vaut pas excuse absolutoire. Elle impose aujourd’hui, et nous en sommes tous d’accord à l’unanimité, que cette session se tienne."

L'État y participera-t-il ?

Le président de l’Exécutif est également revenu sur les travaux qui avaient débuté en vue de son organisation. "Des auditions d’élus et ancien élus, de représentants des deux collectifs (antimafia, ndlr.), d'associations de l’environnement, de la ligue des droits de l’Homme avaient été menées par la conférence des présidents lors de la mandature précédente", rappelle-t-il avant de pointer "le refus explicite de l’État et de ses représentants de participer au cycle d’auditions initié par la conférence des présidents".

"Nous avions eu des réponses négatives des organes administratifs, judiciaires et policiers de l’État qui avaient, manifestement d’un commun accord, refusé de participer au cycle d’auditions et à la réflexion menés par l’Assemblée de Corse. Il nous appartiendra ensemble, comme nous en avons discuté mercredi en conférence des présidents, de décider si nous sollicitons à nouveau l’État et certains de ses représentants ou si nous décidons de rester en l’état de ce refus de participer aux travaux de l’Assemblée de Corse et du Conseil exécutif."

Mobilisation du collectif Massimu Susini

Ce jeudi matin, pendant que Gilles Simeoni répondait à la question de Core in Fronte, le collectif Massimu Susini tenait une conférence de presse devant les grilles de l’Assemblée de Corse.

"Nous voulons connaître la date de la session extraordinaire de l’Assemblée de Corse consacrée au crime organisé, à l’organisation mafieuse qui pèse sur chacun d’entre nous", clame le collectif qui demandait à être reçu par le président de l’Exécutif, la présidente de l’Assemblée de Corse (suppléée au perchoir ce jeudi par Hyacinthe Vanni) ainsi que par les présidents de groupe. Ce qui sera le cas à 13 heures.

Au sortir de l’entrevue, qui a duré près d'une heure, les membres du Cullittivu se disent satisfaits : "Le résultat est très positif, a réagi Jérôme Mondoloni. Nous sommes très contents qu’il y ait enfin l’annonce de cette réunion que nous attendons depuis 33 mois. On nous a dit qu’il y aurait un temps de préparation d’environ deux mois. Nous sommes très contents qu’elle puisse avoir lieu."

"Il n'y a pas de mutisme"

Cette même satisfaction se lisait également sur le visage de plusieurs élus.

"Je suis satisfait qu’on ait acté à l’unanimité des présidents de groupe la décision de programmer cette session", confie Paul-Félix Benedetti, chef de file de Core in Fronte.

Quant au fait qu'elle n'ait pu être organisée avant, le conseiller territorial indépendantiste répond : "Je ne pense pas que notre groupe ait été silencieux (sur la question du crime organisé, ndlr). Il a toujours assumé ses responsabilités et je pense que c’est le mouvement qui subit aujourd'hui le plus d’agressions de la part de la dérive mafieuse."

"Il n y a pas de mutisme qui serait guidé par la gêne ou l’embarras, souligne de son côté Jean-Martin Mondoloni pour le groupe de droite "Un soffiu novu". Il y a simplement une volonté d’aborder ce débat dans des conditions de préparation optimales pour qu'il puisse être audible, non pas servir de catharsis, et déboucher sur des solutions concrètes. Pour cela, il faut qu'on ait entendu l’ensemble des gens qui concourent à poser le diagnostic et à faire émerger des solutions."

Dans l’hémicycle, Gilles Simeoni a indiqué que cette session spéciale se tiendrait dans les "délais les plus brefs".

"Cela peut être cet automne, précise-t-il. Probablement en octobre, dès lors que nous souhaitons compléter les auditions qui ont déjà eu lieu par des auditions nouvelles ou réactualisées en fonction des événements qui se sont succédé depuis un certain nombre de mois."

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