“Ce n’est pas un programme d’hébergement mais un projet d’intégration” : visite à bord du navire de Corsica Linea qui hébergera 1.600 réfugiés ukrainiens

Le Méditerranée, navire de la compagnie corse Corsica Linea accueille ce mardi 29 mars à Marseille ses premiers réfugiés ukrainiens. Il devrait servir de centre d’accueil à 1600 personnes qui dormiront à bord, apprendront le français et effectueront leurs démarches administratives.

En temps normal, le navire Méditerranée, le plus grand car-ferry de la compagnie maritime Corsica Linea, opère la traversée entre Marseille et l’Algérie. Ce mardi 29 mars, ce n’est pas pour voyager que des réfugiés ukrainiens monteront à bord, mais pour poser leur valise, après un mois d’exil. 

Jusqu'à 1.600 personnes hébergées

Une centaine de personnes sera d’abord accueillie, puis deux-cent, puis plus. En tout, le navire peut héberger 1.600 résidents parmi les 100.000 déplacés ukrainiens que la France s’est engagée à accueillir. Ils arrivent de différents centres d’accueil, à Marseille et ailleurs, qui se sont trouvés engorgés après la vague d’exil entamée le 24 février, date de l’invasion russe en Ukraine. 

Ce sont surtout des femmes et leurs enfants –les hommes étant mobilisés sur le front.  

Les porteurs de projet (Corsica Linea, Préfecture, Région Sud), parlent de “navire-hôtel”, à propos du Méditerranée. Mais ce bateau, dans le centre de Marseille, aura presque des allures de village.

Un navire-hôtel

A bord, une agence de Pôle emploi accompagnera dans leur recherche d’emploi ceux qui souhaitent et peuvent travailler. Une agence bancaire les accompagnera dans l’ouverture d’un compte courant gratuit. Les réfugiés auront aussi accès à des cours de français, à une crèche, à un accompagnement psychologique, à des repas à bord, et le cinéma du navire, qui n’avait plus servi depuis 20 ans, a été rouvert à l’occasion de leur venue. 

Les enfants en âge d’être scolarisés seront inscrits dans les écoles du quartier. 

Un programme d'intégration

Ce n’est pas un programme d’hébergement mais un programme d’intégration, insiste Pierre-Antoine Villanova, directeur général de la compagnie maritime Corsica Linea. Nous avons pour projet que les gens restent un minimum de temps sur ce bateau, qu’ils réussissent à trouver un travail, à s’intégrer dans le pays.”  

En Europe, les réfugiés ukrainiens bénéficient du régime de “protection temporaire”, qui vise à fournir une protection immédiate et collective aux personnes déplacées. En cela, ils ont plus facilement accès à l’emploi ou à certaines aides de l’Etat que les personnes ayant le statut de demandeurs d’asile. 

C’est un appel du gouvernement néerlandais à Pierre-Antoine Villanova qui a donné le jour au projet. Il y a environ deux semaines, les hollandais lui proposent de mettre à disposition l’un de ses ferrys, pour l’accueil des réfugiés ukrainiens. 

Le directeur de Corsica Linea propose alors aux services de l’Etat français de reprendre l’idée. 

Le navire mis à disposition 2 mois

La compagnie met à disposition le Méditerranée pour deux mois, la Préfecture des Bouches-du-Rhône le lui loue, la région et des entreprises locales apportent leur contribution et leur savoir-faire. Sur le coût de l'opération, les services de l'Etat ne souhaitent pas communiquer. Côté financement, en plus des fonds réservés habituellement à l'accueil des réfugiés, l'accès aux aides européennes a été facilitée par Bruxelles récemment.

Le bateau n’avait plus vogué depuis un an et demi, en raison de la fermeture des frontières algériennes, liée à la crise sanitaire.  

En une dizaine de jours, les équipes l’ont remis en ordre de marche. Elles ont relancé les machines -”un vrai défi technique”, selon le commandant- rénové les cabines et les parties dédiées à la restauration. Jamais le navire n’aura eu à servir autant de repas en même temps.  

La signalétique du bateau est en partie traduite en ukrainien. Dans la partie qui servira de crèche, des jouets jonchent déjà le sol et les tables : “collecte interne chez les équipes de Corsica Linea”, précise le directeur. 

Fin juin, le navire reprendra ses allers-retours entre Marseille et l’Algérie, le personnel à bord retrouvera ses habitudes de navigation. Pour les réfugiés ukrainiens qui n’ont pas trouvé de solution de logement ou, qui sait, de retour au pays, la Préfecture envisage peut-être de louer d’autres navires

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité