Un candidat de Haute-Corse, l'autre de Corse-du-Sud. Sans surprise, alors que les chambres départementales ont disparu en janvier dernier, la rivalité entre le nord et le sud se retrouve dans le scrutin du mois prochain. Revue des forces en présence.
Depuis le 1er janvier 2021, les chambres de Haute-Corse et de Corse du Sud ont fusionné, pour laisser place à la Chambre Régionale des Métiers et de l'Artisanat. Le mois prochain, les 18.000 artisans et micro-entreprises de l'île voteront pour élire leur président, pour une durée de cinq ans.
Les deux candidats en lice sont des visages connus. Et pour cause. Jean-Charles Martinelli était le président de la Chambre de Haute-Corse de 2016 à 2021. François-Marie Ottaviani était son homologue en Corse-du-Sud. Depuis le 1er janvier dernier, c'est Jean-Charles Martinelli qui occupait le siège de président de la Chambre régionale, le temps de la transition.
Fédérer
Entre les deux chambres départementales, la rivalité a longtemps été de mise. Et le candidat élu le mois prochain aura fort à faire pour fédérer l'ensemble de la profession, et des services. C'est certainement pour cela que Jean-Charles Martinelli a choisi de présenter son programme à Vizzavona. Le lieu est symbolique, qui marque la délimitation la plus franche entre la Haute-Corse et la Corse du Sud.
Sur le bord de la route, entouré de ses colistiers et de soutiens, Jean-Charles Martinelli l'a assuré, il a été "extrêmement vigilant en ce qui concerne le respect des équilibres géographiques. L'ensemble des régions sera représenté sur la liste". Pour le président sortant, il faut laisser de côté toutes les étiquettes, et les querelles de chapelle, pour le bien de l'artisanat insulaire. "Autour de moi, on retrouve des tendances politiques diverses. J'ai mes idées, vous avez les vôtres. Le seul but, c'est de pérenniser, et de développer, nos 18.000 entreprises".
Des programmes similaires
Son adversaire, François-Marie Ottaviani, est, sans surprise, sur la même ligne. "Il faut absolument abolir la frontière de Vizzavona. La Chambre doit être la maison de tous les artisans de Corse. Chaque micro-région a ses spécificités, mais il ne faut plus parler de sud et de nord".
Ce n'est pas la seule chose sur laquelle les candidats sont d'accord. Tous deux veulent mettre l'accent sur la formation. Pour François-Marie Ottaviani, qui présentait sa liste à Corte, il faut "intégrer les syndicats et les organisations professionnelles dans le processus, ce qui était très peu le cas jusque-là". L'ancien président de la Chambre 2A affirme qu'il est important de"cibler les besoins pour former les apprentis en fonction de ces derniers".
Jean-Charles Martinelli veut régionaliser "les deux CFA, pour avoir plus d'efficacité et de rentabilité et ne pas proposer des formations en doublon". Une position là encore partagée par son adversaire, qui y voit le moyen d'avoir "un outil plus performant au service de notre jeunesse".
Un secteur fortement touché par la crise sanitaire
Tous font également le même bilan du plan France Relance, "inadapté aux spécificités de notre territoire" pour François-Marie Ottaviani, "pas adapté aux réalités de l'île" pour Jean-Charles Martinelli. Le président sortant, sans surprise, en profite pour glisser qu'il a été au côté des artisans pendant la crise sanitaire. "On a œuvré pour répondre aux attentes des entreprises, on est intervenu auprès de 1.400 d'entre elles, et on s'est tenu à la disposition des autres, pour monter des dossiers par exemple. Les agents de la Chambre ont été très présents".
Mais face à lui, François-Marie Ottaviani a deux gros atouts dans sa manche. Le premier, l'investiture de l'U2P, l'union des entreprises de proximité, que n'a pas obtenue son rival (même s'il compte sur sa liste Patrick Mias, le premier vice-président de l'organisation patronale...) Le deuxième, c'est que s'il est élu, il se consacrera exclusivement à son mandat, pour appliquer son programme : "faciliter l'installation des artisans dans le rural, obtenir un statut fiscal pour les artisans, et réintroduire l'artisanat au cœur des villes, en travaillant main dans la main avec les communes".
Le scrutin se déroulera du 1er au 14 octobre prochains.