Vers une nouvelle crise des déchets en Corse ? Selon les services de l'Etat, il manquera 10.000 tonnes de capacité d'accueil cette année. Les deux centres d'enfouissement en activité arrivent en fin de vie et les projets d'installation de nouveaux, notamment à Giuncaggio, inquiètent les riverains.
L'urgence de la gestion des déchets en Corse. Les deux centres d'enfouissement en activité, Viggianello et Prunelli di Fium'Orbu, arrivent en fin de capacité.
Pour faire face à la crise annoncée, la collectivité de Corse a adopté un plan d'actions qui mise notamment sur l'augmentation du tri et la création de nouveaux centres d'enfouissement. Ces derniers pourraient voir le jour à Giuncaggio et Viggianello.
Problème : les deux projets sont portés par des sociétés privées alors que l'exécutif souhaite donner la priorité aux structures publiques.
Une position que Gilles Simeoni, président du conseil exécutif, a rappelé, mardi, lors d'une rencontre avec le collectif Tavignagnu Vivu qui s'oppose à l'installation d'un centre de traitement et d'enfouissement des déchets à Giuncaggio : « Il faut impérativement que les intercommunalités, le Syvadec, l’État, la collectivité de Corse s’entendent [les déchets est une compétence partagée entre ces différents acteurs] et réussissent à convaincre les citoyens que nous avons besoin de deux centres, à moyen terme, pour des unités de stockage dans des conditions totalement sécurisées et qui seront sous maîtrise publique. Si nous n’arrivons pas à mettre cela en œuvre, il y aura des centres de déchets privés. »
►Interview Gilles Simeoni, projet de centre d'enfouissement de Giuncaggio :
« On ne peut pas être dans le déni de réalité »
Au palais Lantivy, la préfète de Corse, Josiane Chevalier, s’impatiente.
Elle renouvelle son appel aux responsabilités, comme elle l’a déjà fait dans un courrier adressé au président de l’exécutif la semaine dernière. « On ne peut pas être dans le déni de réalité », si aucun projet, privé comme public, n’est mis en place d’ici à l’année prochaine « il manquera 80.000 tonnes au minimum dès la saison estivale », affirme-t-elle.
Jusqu’à présent, la représentante de l’État assure qu’elle n’a qu’un projet privé en instruction, celui d’Alexandre Lanfranchi à Viggianello, sur lequel l’Assemblée de Corse ne s’est pas encore prononcée.
► Gestion des déchets en Corse : le projet d'Alexandre Lafranchi :
« Nous pensions qu’il y avait une continuité de l’État »
La position de l’État inquiète particulièrement les collectifs citoyens opposés aux différents projets. Le 3 octobre dernier, le tribunal administratif de Bastia a cassé l’arrêté préfectoral, pris par le préfet de Haute-Corse Alain Thirion, soutenu par Ségolène Royal alors ministre de l’Environnement, refusant l’exploitation du site de Giuncaggio.
Si le collectif Tavignagnu Vivu a d’ores et déjà annoncé qu’il ferait appel de cette décision, ce n’est pas le cas du préfet de Haute-Corse actuel. « Nous pensions qu’il y avait une continuité de l’État. On ne comprend pas pourquoi la préfète ou le préfet de Haute-Corse ne défend par leur ancien collègue », déplore Louis Catani, adjoint au maire d'Antisanti.
► Mobilisation du collectif Tavignanu Vivu le 15 octobre :
Ces citoyens multiplient ainsi les journées de mobilisation est espèrent être entendus. Mardi, après une manifestation devant les grilles de préfecture d’Ajaccio, une délégation a été reçue par les services de l’État. Tous annoncent une nouvelle manifestation, samedi, dans les rues d’Aleria.