Le "cullettivu per a furesta corsa" a transmis une liste de propositions au président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, afin de sortir la filière bois en Corse de la crise. Une nouvelle rencontre est prévue ce mois-ci entre l'exécutif et le collectif.
La Corse tient son titre de région la plus boisée de France depuis des décennies. Mais, depuis quelques années, la filière bois de l'île, étroitement liée à la forêt insulaire, est en crise. Mi-février, le "Cullettivu per a furesta corsa" a transmis ses propositions au président de l'exécutif, Gilles Simeoni, pour sortir la filière de cette crise.
Les signaux de détresse sont importants : depuis 2014, les ventes de bois se sont effondrées. Elles sont passées de 40 000 mètres cubes vendus en 2005 à 10 000 actuellement. Le bois d'importation représente près de 95 % de l'utilisation insulaire.
Avec 150 000 hectares de propriétés forestières, les communes et la collectivité de Corse disposent d'une ressource en bois non-négligeable. Le collectif, fondé en octobre dernier après un conflit social avec l'ONF, veut remettre en avant cet atout.
"La problématique forestière doit être appréhendée de manière globale, et pas uniquement sous l’angle d’un redressement de la filière bois", annonce le collectif, qui décrit ses propositions dans un document d'une dizaine de pages.
Le bois dans chaque bâtiment public ou encore une TVA à taux réduit
Le collectif compte notamment sur la collectivité de Corse pour être la "cheffe de file" du renouveau de la filière. Parmi les principales annonces, figurent :
- La création d'un groupement forestier public comprenant la collectivité de Corse et les communes forestières afin d'y programmer et d'y mettre en œuvre une gestion par massif ;
- L'utilisation du matériau bois dans chaque projet public (bâtiments, rambardes des routes, signalétique...) porté par la Collectivité de Corse ou ses offices et agences ;
- Un soutien financier auprès des particuliers qui intégreront le bois dans leur projet de construction ;
- Une TVA à taux réduit pour le bois insulaire à la vente. Et l'étude d'une possibilité d'une exonération.
La liste de propositions est longue pour sortir la filière bois de son marasme. Une kyrielle d'acteurs sont concernés dans cette restructuration. Dont la jeunesse. Le "cullettivu" veut mettre au jour un centre de formation des métiers du bois. Porté par les collectivités forestières et la chambre des métiers et de l'artisanat, la structure "pourrait faire de la Corse un territoire de référence dans la transmission du savoir-faire des menuisiers ébénistes".
Une aide à court terme
Il s'agit là de pistes de relance "à court terme", précise le cullettivu. Pour cause, la situation actuelle liée au Covid-19 n'aide pas à sauver les meubles : "Si la filière bois n'a pas attendu la crise sanitaire pour s'effondrer, ce contexte n'est pas de nature à contribuer à sa relance", ajoute le document.
Le collectif (composé d'élus, de techniciens de l'ONF, d'associations et de professionnels) regrette que la filière ait été absente du plan Salvezza è Rilancia, rejetté en janvier dernier.
Pas vraiment de quoi rassurer : le secteur économique ne fait l'objet d'aucune mesure d'aide du plan France Relance, en Corse. D'où la nécessité d'une nouvelle politique du bois menée par la collectivité de Corse : "A titre d'exemple, une société de Saint-Remy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) a pu bénéficier de ces fonds de l'Etat à hauteur de 465 000 euros pour développer un projet d'atelier de charpente. Cela démontre que des moyens financiers peuvent être accordés pour le développement de la filière bois."