Assises de la forêt et du bois : "un non-événement" pour le Cullettivu per a Furesta Corsa

Organisées par la Collectivité de Corse, les assises de la forêt et du bois se déroulent ce jeudi et ce vendredi à Vizzavona. Une manifestation à laquelle ne prendra pas part le Cullettivu per a Furesta Corsa qui considère que ses "propositions qui impliquent un engagement politique et financier ne sont pas prises en compte par l'exécutif territorial". Porte-parole du collectif, Dominique Santelli explique les raisons de cette non-participation, même si certains membres de la structure se rendront "individuellement" à ces assises.

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France 3 Corse : Les assises de la forêt et du bois débutent ce jeudi à Vizzavona. Le Cullettivu per a Furesta Corsa n'y participera pas. Pour quelles raisons ?  

Dominique Santelli : Le Collectif s’est créé il y a trois ans avec un double objectif : remettre la question forestière au centre du débat public. On y est arrivé puisqu'après un travail de lobbying politique et médiatique, cela a conduit la Collectivité de Corse à lancer des travaux de préparation des assises. On s'y est investi pleinement. 

Notre second objectif, dès notre création, était de travailler à un projet global pour la forêt corse. On a donc mis dans le pot commun des ateliers, auxquels on a participé, et l'ensemble de nos propositions. Or, aujourd'hui, à la veille des assises, on constate que ces propositions qui impliquent un engagement politique et financier ne sont pas prises en compte par l'exécutif territorial. Nous ne participons donc pas à ces assises car on considère que c'est un non-événement. Ce ne sont pas véritablement des assises telles qu'elles étaient prévues au départ. C'est plus des conférences sur la forêt pour parler du dispositif existant.  

C'est-à-dire ? 

Nous, ce qui nous intéressait, c'était un axe stratégique qui puisse être défini et qui permette de déboucher sur une politique d'orientation forestière. Ça ne sera pas le cas. Nous considérons que l'exécutif territorial portera une lourde responsabilité dans cet échec puisque - on le verra très bien au-delà de ce que dit le collectif -, chacun pourra mesurer dans les années à venir qu'il n'y aura pas de renouveau pour la filière économique, la filière bois. Et il n'y aura pas non plus de changement important pour la forêt dans toute sa multifonctionnalité. 

Vous avez participé aux ateliers qui préparent en quelque sorte ces assises. Quelles ont été les propositions que vous avez faites et qui n'ont pas été retenues ? 

En matière d'accès à la ressource, nous considérons qu’il faut prévoir un investissement financier, un chiffrage, ce n'est pas le cas. En termes de valorisation de la ressource - ce qui est la clé de la relance de la filière bois -, il faut savoir que c'est le bois énergie. C'est donc une remise en cause de la mécanique actuelle qui ne fonctionne pas et qui bloque la machine et la filière. Il n'y a pas de volonté de la Collectivité de Corse de remettre en cause la structuration actuelle de la filière bois énergie.

Il y a également la valorisation du bois de moyenne qualité. Il faut savoir qu'aujourd'hui, essentiellement dans les forêts, on trouve du bois de moyenne, voire de moindre qualité. Donc il faut trouver à le valoriser. On a eu l'occasion dernièrement de le dénoncer. On voit des glissières de sécurité installées sur le bord des routes qui sont issues de larici produits dans les Vosges. Il faut savoir que le lariciu des Vosges a été produit à partir de graines prélevées en Corse il y a une centaine d'années. On touche là du doigt nos limites et on est en plein dans le sous-développement économique de la Corse. C'est inadmissible. 

Quelle serait, selon vous, la solution pour mieux développer cette filière ? 

Ce qu'on préconisait, c'est que la commande publique fasse aussi partie des leviers. La Collectivité de Corse sait très bien qu'elle va être son niveau de commande publique dans les années à venir. Elle est propriétaire de forêts territoriales, donc du bois. Tous les paramètres étaient donc réunis pour relancer une filière à ce niveau. Ensuite, il y a également la gouvernance, alors que l’on parle d'autonomie - et bien entendu, on y est favorable. Quand on propose que pour donner plus de lisibilité à la gestion de la forêt, l'ODARC et la direction forêt de la CDC se retrouvent dans un pôle forestier au sein même de la CDC, cela signifie, à terme, la disparition des offices et agences. Là, également, on a une fin de non-recevoir de la part de l'exécutif territorial. 

"Si, à un moment donné, on réunit les acteurs et on ne les écoute pas, il faut s'interroger."

Dominique Santelli

Malgré ces désaccords-là, le fait de ne pas participer à ces assises n'est-il pas un rendez-vous manqué de votre part ?  

Ce n’est pas le collectif qui manque le rendez-vous. On considère plutôt que c'est l'exécutif territorial en ne tenant pas ses engagements de départ. Il faut savoir que l'ensemble des acteurs, qui font partie du collectif, ont été réunis pendant un an et demi. Même si les réunions étaient plutôt chaotiques en termes d'organisation, on a fourni plus de 30 pages de propositions que chacun peut consulter. Si, à un moment donné, on réunit les acteurs et on ne les écoute pas, il faut s'interroger. Si la Collectivité de Corse et l'Exécutif avaient la science infuse de la forêt, ce n'était pas la peine de lancer la préparation d'assises de la forêt. 

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