Coronavirus en Corse : la contamination des jeunes au cœur des inquiétudes 

Les jeunes sont-ils inconscients ? En Corse, comme ailleurs, le taux de positivité des moins de 30 ans à la Covid-19 inquiète. Si pour certains, ils pourraient rapidement contaminer les populations les plus fragiles, les avis ne sont pas unanimes. 

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Dans une paillote de la région ajaccienne l’enchaînement ininterrompu de tubes des années 80 fait vibrer les fêtards. Il est minuit. Et si la soirée avait commencé calmement, la musique et l’envie de s’amuser attirent touristes et insulaires qui investissent les lieux par petits groupes. Moyenne d’âge : 20 ans. 

Difficile de circuler entre les tables ou d’accéder au bar. Alors qu’il y a encore quelques semaines le coronavirus faisait saturer les services de réanimation de tout le pays, l’infection semble oubliée. Tout comme les règles sanitaires en vigueur. Ici, seuls les serveurs portent le masque et la distanciation physique redevient un concept abstrait.
 

67 % des cas positifs ont moins de 30 ans


En Corse, comme dans le reste du territoire, le comportement des jeunes face à la Covid-19 inquiète les autorités sanitaires. Les chiffres communiqués par l’agence régionale de santé (ARS) sont sans appel. Pour la semaine du 10 au 16 août, sur les 43 cas positifs enregistrés, 67 % concernent des patients de moins de 30 ans. Un pourcentage qui atteint même les 72 % pour les moins de 35 ans.

Dans la crainte d’une contamination rapide des populations plus âgées ou plus fragiles, certains acteurs appellent à la responsabilité des jeunes. Le 11 août dernier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a déclaré sur le plateau du Corsica Sera : « Le message que je veux leur faire passer, c’est : respectez les gestes barrières, respectez la distance, portez le masque. Il faut vous protéger vous et surtout protéger vos parents, vos grands-parents que vous allez peut-être contaminer. » Un message répété le lendemain, sur le même plateau, par la directrice de l’ARS de Corse, Marie-Hélène Lecenne.

 
 

« Plus on cherche, plus on trouve »


Les professionnels de santé insulaires sont, eux, plus mesurés. François Agostini est médecin au sein de la maison de santé pluridisciplinaire de Calenzana et coordinateur du centre Covid-19 de Balagne. Selon lui, il ne peut y avoir de certitudes quant à la contamination des personnes âgées ou fragiles via la jeunesse. Il estime que la hausse des cas positifs chez les moins de 30 ans trouve son explication dans l’augmentation du nombre de tests réalisés. « Plus on cherche, plus on trouve. Et puis il ne faut pas oublier que nous sommes en pleine période estivale et qu’il y a beaucoup de touristes.» 

Une analyse partagée par le chef du service des urgences de l’hôpital de Bastia, André de Caffarelli. « On ne sait pas ce qui va se passer. Au début, entre mars et mai, on découvrait, on voyait le bas de la pyramide. À ce moment-là très peu de jeunes étaient admis à l’hôpital. Là, on est à la base de la pyramide, et personne ne peut dire si les jeunes seront particulièrement touchés. Et le haut de la pyramide arrive », complète-t-il. 
 

Des mesures spécifiques nécessaires ? 


Au niveau national, des médecins préconisent un dépistage massif des 15-40 ans. Problème, la frange la plus jeune de cette catégorie d’âge participe peu aux dépistages gratuits. Ainsi, lors de la première opération organisée à Porto-Vecchio le 23 juillet dernier, seuls 13 % des participants avaient moins de 30 ans. Même constat à Bastia où seulement 12 % des testés avaient moins de 30 ans. 

Mais la mise en place de dispositifs spécifiques à la jeunesse et le dépistage massif sont-ils efficaces ? Non pour le chef de service des urgences de Bastia. Selon le médecin, mettre la jeunesse sous cloche pourrait engendrer des phénomènes pires que le coronavirus. Quant au dépistage : « Si on avait les moyens de faire des tests rapides, ce serait très bien. Mais une fois les résultats donnés, il faudrait recommencer trois semaines après », estime-t-il. Pour lui, une seule « vraie barrière » : le vaccin.

Pour François Agostini, pour se préserver, il faudrait éventuellement être plus sévère sur les horaires d’ouverture des bars. Mais le médecin ne se veut pas alarmiste pour autant. « Être positif ne veut pas dire être malade. Les jeunes ont conscience de la situation, ils sont beaucoup informés. Il faut trouver les bons canaux d’information et les bons mots, car ils sont à l’écoute », soutient-il. 

C’est sur ce dernier point que compte aussi l’ARS de Corse. L’institution travaille actuellement à une campagne d’information à destination des jeunes sur les réseaux sociaux. Signe hypothétique d’une prise de conscience, la part des moins de 30 ans est passée à 17,5 % lors de la dernière campagne de dépistage à Propriano. 



 
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