À quelques heures de la manifestation contre les violences sexuelles et sexistes organisée à Ajaccio ce dimanche 5 juillet, différents collectifs ont apporté leur soutien en collant notamment des messages en langue corse dans les rues de Paris.
À Paris, les colleuses en soutien aux sœurs corses. Une vingtaine de femmes, membres de collectifs féministes dont Nous Toutes, ont passé la nuit à disposer leurs lettres noires et rouges sur les murs de la capitale.
Au fil des heures, les messages se dessinent. « Isula di I ghjusti micca di quelli chi forzanu e donne » et « Ti credimu » peuvent lire les passants Quai de la Corse ce dimanche matin. « On était quelques-unes originaires de l’île et c’était important pour nous d’écrire en corse pour montrer aux manifestantes que même depuis Paris, on pense à elles et on les soutient », explique Julia, une des colleuses.
En Corse, le mouvement #IWas, né aux États-Unis le 1er juin dernier, a permis de libérer la parole. En quelques jours, les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux et le hashtag #IwasCorsica est créé. Le 21 juin, un groupe de jeunes femmes, baptisé Zitelle in Zerga, organisent une première manifestation à Bastia. L’événement rassemble 300 personnes. Une seconde est prévue ce dimanche, à 18 heures, depuis le tribunal de grande instance d’Ajaccio. « Personnellement, je suis très admirative de ce qu’elles ont réussi à faire en un mois seulement. On sait comme ça peut être difficile de parler en Corse », reprend Julia.
Mais si la parole se libère, les consciences, elles, semblent parfois stagner. Durant la nuit, les colleuses sont applaudies à plusieurs reprises par des groupes de jeunes, sensibilisés, néanmoins, elles font aussi face à la colère. « J’appelle les flics » entendent-elles à plusieurs reprises. Dans le quartier latin, un homme arrache un de leurs collages : « Sœurs ».
Collages simultanés à Ajaccio
Dans la cité impériale, le mouvement « collages féminicides Corse », qui compte une quarantaine de membres à travers l’île, entre en action simultanément. À plusieurs entrées de la ville, les militantes collent des slogans, des récits d’agressions sexuelles ou de viols fondés sur des dépôts de plaintes.
Elles le disent elles-mêmes, elles sont la voix de celles qui n’en n’ont pas. Alors les mots sont crus, vrais, pour faire réfléchir, mais aussi pour que la honte change de camp.