Si le pape était arrivé en Corse dimanche matin à bord d'un avion d'ITA Airways, c'est avec un appareil d'Air Corsica qu'il a quitté le soir même Ajaccio pour rejoindre Rome. "Un moment magique", dixit la direction de la compagnie régionale insulaire.
"C’est tellement beau que l'on n'ose même pas en rêver."
Dans l'avion "I Sanguinari" d'Air Corsica, qui a ramené le pape à Rome dans la soirée du dimanche 15 décembre, l'émotion était palpable. Stéphane Guaschi, le commandant de bord, avait encore un peu de mal à réaliser que ses collègues et lui avaient effectué un vol pas comme les autres.
"On a toujours la volonté de bien faire, mais là, il y avait la volonté d'être parfait en termes de ponctualité, de confort pour qu'il puisse faire son petit discours aux journalistes à bord et cetera. C'est quand même un hôte de choix. C'est donc une immense fierté", confie-t-il, assis aux commandes de cet Airbus A320 Neo spécialement aménagé pour l'occasion, notamment avec un espace privé réservé au Saint-Père et à sa délégation.
Le reportage de Jean-Philippe Mattei et de Yann Benard à bord de l'avion d'Air Corsica :
Dans l'autre partie de l'avion, les 66 journalistes directement accrédités par le Vatican ont attendu la traditionnelle conférence de presse "aérienne" qui ponctue généralement chaque voyage pontifical. En vain.
Fatigué par sa journée marathon à Ajaccio, le jésuite argentin s'est contenté d'une simple déclaration pour "les remercier pour leur présence et leur travail", tout en soulignant qu'il a "été heureux de voir un peuple qui fait des enfants".
L'Airbus, habillé pour l'occasion des armoiries du Vatican, s'est posé à l'aéroport de Fiumicino peu après 20 heures. Un vol depuis Ajaccio sans encombre pour la compagnie régionale insulaire qui a dû elle aussi se préparer dans un délai très court.
"C’est grâce à l'expertise de l'ensemble de nos directeurs et salariés sans qui rien n'aurait été possible, explique Marie-Hélène Casanova-Servas, présidente du conseil de surveillance d'Air Corsica, également présente à bord. En moins de deux mois, il a fallu obtenir les autorisations nécessaires, on ne pensait pas que ça serait possible. C'est un vol d'État ; ça a demandé beaucoup de travail avec la précieuse coopération de la nonciature apostolique. Franchement, on ne pensait pas que cela serait possible en si peu de temps, mais c’est chose faite. Et je crois que c'est une opération réussie. Je peux le dire, pour Air Corsica, c'est une mission accomplie."
Pour elle aussi, ce vol revêtait un caractère particulier :
"Je crois qu'on ne réalise pas encore. C'était un moment merveilleux, historique et de partage. Je crois que le terme qui convient, c'est magique. Et je ne sais pas encore si nous pouvons réaliser aujourd'hui ce que nous avons accompli. Je suis vraiment fière et honorée d'avoir fait partie de ce vol."
"Je me dis que ça n'arrive qu'une fois dans sa vie, glisse de son côté Stéphane Guaschi. Je remercie donc la vie de m'avoir fait ce cadeau. C'est donc une intense émotion. Et on en a profité pour bien évidemment remercier le pape au nom de la Corse et des Corses." Et d'ajouter : "On a vu sur les réseaux sociaux en arrivant à Rome que c'était le vol le plus observé dans le monde sur Flight radar 24, qui est une plateforme de suivi des vols."
Pendant le vol, le Saint-Père s'est vu offrir, à la veille de son 88ème anniversaire, un gâteau de la part de la presse vaticane.
En souvenir de ce voyage à bord d'un avion d'Air Corsica, il s'est également vu remettre par la compagnie une maquette représentant l'Airbus qui l'a ramené vers la ville éternelle...