Interviewé à 13 heures dans les journaux télévisés de TF1 et France 2 ce mercredi 22 mars, Emmanuel Macron a écarté toute possibilité de report de la réforme des retraites. Le chef de l’État a déclaré entendre les colères qui s'expriment dans la rue, dénoncé les violences en marge des manifestations, et réaffirmé la nécessité de cette réforme.
"La réforme qu'on fait est très difficile. On demande des efforts aux gens, ce n'est jamais populaire. J'assume ce moment." Inflexible face à l'impopularité de le réforme des retraites qui s'exprime depuis plusieurs semaines dans le pays, le chef de l’État espère voir entrer ce texte en application d'ici la fin de l'année.
Violence illégitime
Alors que les opposants contestent la légitimité d'un gouvernement qui a fait usage de l'article 49.3 de la Constitution pour adopter cette réforme sans vote de l'Assemblée nationale, et dénoncent un déni de démocratie, le président de la République a rappelé son soutien "aux représentants du peuple", et dénoncé les violences qui émaillent depuis quelques jours les manifestations : "Quand des gens utilisent l'extrême violence, ce n'est plus la démocratie. On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions" a affirmé Emmanuel Macron. "Qu'il y ait des manifestations organisées pour dire on est contre, c'est légitime. Mais les violences, il faut les condamner."
Une réforme nécessaire
Cette réforme ce n'est pas un luxe, ce n'est pas un plaisir, c'est une nécessité pour le pays.
Emmanuel Macron
Regrettant ne pas avoir su convaincre jusque là de la nécessité de cette réforme, le chef de l’État a une nouvelle fois affirmé la mettre en œuvre "en responsabilité", au nom de "l'intérêt supérieur de la Nation".
Il explique qu'au moment de son premier mandat en 2017, un recul de l'âge des retraites n'était alors pas nécessaire, mais que depuis, la crise du Covid, la guerre en Ukraine et l'inflation ont changé la donne et ne permettent plus aux finances publiques d'équilibrer le régime. "On a construit une dette, nos comptes se sont dégradés. Il n'y a pas le choix" défend le président.
Vers une contribution exceptionnelle des entreprises
Déterminé sur sa réforme, Emmanuel Macron a affirmé entendre les protestations qui s'expriment dans la rue. Pour lui, "beaucoup des colères qui s'expriment ne concernent pas les retraites."
Pour répondre à ce qu'il nomme "un sentiment d'injustice, il prévoit la mise en place d'une "contribution exceptionnelle aux profits exceptionnels" dégagés par les grandes entreprises dont il dénonce le "cynisme".
Les syndicats pris à partie
Si certains syndicats comme le STC n'attendaient pas grand chose de cette intervention présidentielle, d'autres se voulaient constructifs. Le secrétaire départemental UNSA-Education 2B François Guidicelli affirmait hier : "Chaque organisation syndicale a des propositions à faire qui n'ont pas été écoutées. On a des solutions."
Au cours de son intervention le chef de l’État a déclaré que les opposants "n'ont rien à proposer sinon le retrait de la réforme."
Ils vont manifester demain, après on se remet au travail
Emmanuel Macron
Le président de la République semble espérer que la manifestation nationale prévue demain jeudi 23 mars à l'appel de l'intersyndicale sera la dernière. "Il vont manifester demain, après on se remet au travail". Il a invité les syndicats à le retrouver pour faire évoluer la loi Travail, sur les thèmes du retour à l'emploi, des reconversions de fin de carrière et des salaires.
"Déni et mensonge" pour la CFDT, "mépris et foutage de gueule" pour la CGT, les syndicats n'ont semblent-il pas apprécié l'intervention du chef de l’État, et appellent à une mobilisation massive pour la neuvième journée de contestation demain.