Après le passage en force du gouvernement, les syndicats préparent les prochaines mobilisations contre la réforme des retraites. En Corse comme sur l’ensemble du territoire, le mouvement pourrait se durcir.
La semaine prochaine promet d'être électrique. C'est en tout cas le souhait des organisations syndicales, après le "coup de force" du gouvernement dans le dossier des retraites.
La décision de faire appel au 49-3 ne passe pas pour les syndicats. "C'est un réel déni de démocratie", estime ainsi Patrice Bossart, secrétaire général CGT et porte-parole de l'intersyndicale. Invité de notre rédaction, vendredi 17 mars, il a fustigé une "contre-réforme régressive, qui n'a aucun fondement économique", rappelant que "9 salariés sur 10 la rejettent".
Conséquence : "Il faut s'attendre à beaucoup de colère dans les jours qui viennent". Un peu partout en France, des rassemblements spontanés et des actions de protestation ont déjà eu lieu.
Mobilisation le 23 mars
En Corse aussi, la mobilisation se poursuit. Vendredi 17 mars, la CGT Energie a ainsi revendiqué une baisse de production "de 55 MW" sur l'ouvrage hydraulique de Sampolo "à l’heure de pointe".
Pour les prochains jours, les représentants syndicaux ont décidé d'une "trêve", afin de ne pas perturber les manifestations religieuses prévues, ainsi que les épreuves anticipées du baccalauréat programmées les 20 et 21 mars. Mais ils entendent bien reprendre ensuite la mobilisation.
"Nous appelons à une grande journée de mobilisation le 23", annonce Patrice Bossart. Dans l'attente, deux réunions intersyndicales se tiendront lundi 20 mars "pour définir les modalités d'action".
De son côté, le STC rappelle qu'il a déjà mené diverses actions, comme l'indique Maïdée Nicolai-Marcellini, secrétaire nationale du syndicat. "Après l'utilisation du 49-3, nous nous sommes mobilisés devant la préfecture d’Ajaccio pour demander la démission du gouvernement, indique-t-elle. Nous avions aussi occupé la direction du travail pendant 18 jours."
"Nous avons toujours contesté cette réforme", reprend la syndicaliste, qui dénonce un "fonctionnement autoritaire" de la part du gouvernement "et pas du tout démocratique".
Pour ces prochains jours, le STC souhaiterait que "toute l’intersyndicale se mobilise" pour de nouvelles actions, sans toutefois préciser lesquelles.
Crise
"Il faut s’attendre à un développement des grèves reconductibles, abonde Marcel Santini, secrétaire général de l'Union départementale FO de la Corse-du-Sud. Au plan national, c’est en train de s’enraciner, car il y a une crise profonde, à la fois sociale et politique."
Et le recours à l'article 49-3 a, de son point de vue, changé la donne. "C’est comme si un pistolet avait été brandi, ce qui était un débat est devenu autre chose", estime-t-il. Et le syndicaliste ne cache pas son inquiétude : pour lui, "des débordements sont à craindre".
Echec et conséquences
Une analyse partagée par Marie-Josée Salvatori, secrétaire générale de la CFDT. "Le 49-3 a bousculé les gens, cela peut être un élément déclencheur", analyse-t-elle.
Pour la représentante syndicale, "la démocratie a été mise à mal" dans la séquence qui vient de se jouer. "C’est un échec politique, il y a aura forcément des conséquences", indique-t-elle.
Pourtant, Marie-Josée Salvatori veut rester optimiste. "Ce qu’on espère désormais, c’est que la motion des députés Liot aboutisse", livre-t-elle. Le groupe Libertés Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) a en effet déposé, vendredi 17 mars, une motion de censure transpartisane contre le gouvernement à l’Assemblée nationale.
Si cette dernière a peu de chances d'être votée, Marie-Josée Salvatori ne s'avoue pas vaincue. "Il faut qu’on soit entendus", conclut-elle.