Session mafia à l’Assemblée de Corse : l’avis de la Ligue des Droits de l’Homme

Ce vendredi, la Ligue des Droits de l’Homme participera à la session extraordinaire sur la mafia organisée à l'Assemblée de Corse. Président de la LDH dans l’île, André Paccou fait le point sur le débat à venir et sur ce qu’il en attend.

La session spéciale sur la mafia à l’Assemblée de Corse aura lieu ce vendredi 18 novembre dans l’hémicycle du Cours Grandval.

La tenue de ce débat - reporté à plusieurs reprises - avait été annoncée cet été par le président du Conseil exécutif. Cela faisait suite à plusieurs demandes des deux collectifs antimafia insulaires ainsi qu’à une question orale posée par le groupe Core in Fronte.

En plus des deux collectifs, la Ligue des Droits de l’Homme participera également aux échanges avec les élus. "Avec les collectifs, nous partageons effectivement le diagnostic, le fait qu'il faut cesser l’impunité et que ce n’est pas une fatalité", explique André Paccou. Le président de la LDH de Corse a accordé un entretien à France 3 Corse.

"La société corse est en danger"

Demandé par les collectifs “Massimu Susini” et “Maffia nò, a vita iè”, le débat sur la dérive mafieuse dans l’île se déroule ce vendredi dans l’hémicycle du Cours Grandval. La Ligue des Droits de L’homme y participe également. Qu’en attendez-vous ?  

André Paccou : Effectivement, ce sont les collectifs qui ont été à l'initiative de cette demande et la Ligue y participe également parce qu'elle a aussi des choses aussi à dire. Pour nous,  simplement, c'est un débat qui discute de fait de l'avenir de la Corse. Nous avons coutume de dire depuis maintenant, hélas, trop longtemps, que la société corse est en danger ; elle n’est pas dangereuse comme on la présente souvent, mais en danger justement à cause de toutes ces dérives criminelles. 

Dérive, société en danger, le constat est partagé. Néanmoins, concernant les moyens à mettre en oeuvre, votre position semble divergée de celle des deux collectifs. Ces derniers demandent notamment un renforcement de l'arsenal législatif, la création d’un délit d'association mafieuse, le fait que le statut de repenti puisse être accordé à des personnes ayant participé à des crimes et la mise à disposition du public des biens confisqués. Êtes-vous d’accord avec tout cela ?

Avec les collectifs, nous partageons effectivement le diagnostic et aussi le fait qu'il faut cesser l’impunité. Nous partageons le fait, et c'est important, que ça n'est pas une fatalité. Il est donc important de souligner les points d'accord que nous avons. Effectivement, par rapport à ce que vous venez de dire, la Ligue est dans son rôle. C’est son mandat historique de dire qu’effectivement il ne peut y avoir de développement démocratique et de justice qui soient sur la base de procès équitable si nous avons affaire à des systèmes de justice d'exception. En Corse, nous connaissons bien ces conséquences sur cette justice d'exception à travers l'antiterrorisme. Nous le connaissons aussi à travers la Jirs (Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille).

Pour vous, il ne doit donc pas y avoir de renforcement de l’arsenal législatif ?

Il peut y avoir des modifications, mais ceci étant dit, ce qui existe - et là c'est un point que nous aborderons dans les discussions - permet déjà effectivement de lutter contre le banditisme et la criminalité organisée.

Pour autant, le banditisme s'est développé malgré les lois existantes.  La Jirs est le bras armé de la lutte contre le grand banditisme. Vous vous êtes opposé à plusieurs reprises contre ses agissements. Votre position est-elle toujours la même aujourd’hui ?

Nous défendons toujours le fait que, par exemple, il puisse y avoir des droits à la défense. Je rappelle que c'est une grande conquête démocratique. On rappelle aussi que les pays où les gens n'ont pas le droit de se défendre de ce dont on les accuse s’appellent des pays totalitaires. Le droit à la défense est donc important. Nous défendons la présomption d'innocence ainsi que le fait de pouvoir travailler à armes égales entre la partie qui accuse et celle qui défend. Nous ne défendons pas ceux qui sont en procédure, puisque nous ne prenons pas parti pour savoir s'ils sont coupables ou innocents.

Nous n'attaquons pas la Jirs uniquement. Nous faisons en sorte que dans la Jirs, il y ait effectivement et simplement le respect des règles qui sont dans la Convention européenne des droits de l'homme ; c'est à dire celles  qui régissent le procès équitable. S’il y avait des transformations législatives à faire, ça serait de revenir sur ces manquements qui sont graves au niveau du procès équitable.

L'interview d'André Paccou réalisée par Dominique Moret et Jacques Paul-Stefani : 

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