La mort de Paul Rocca ce matin sur le port de Bonifacio vient grossir le nombre de morts violentes dans le milieu des sociétés de promenade en mer de la région depuis une vingtaine d'années. De quoi inciter les enquêteurs à envisager une reprise des hostilités.
Paul-Dominique Rocca, né le 22 décembre 1966, était le co-gérant de la SMPB, SOCIETE DES PROMENADES EN MER DE BONIFACIO.Créée en 2010 après une guerre sanglante entre les bateliers de Bonifacio pour le contrôle des promenades en mer, la société avait fusionné plusieurs compagnies et prévu un guichet unique pour la billetterie.
L'objectif était de fédérer les intérêts pour mettre un terme aux règlements de comptes dans la cité de l’extrême Sud de la Corse.
Si toutes les pistes d’enquêtes restent ouvertes, notamment en raison d’une recomposition en cours du grand banditisme insulaire, les investigations s’orientent vers une éventuelle reprise du conflit entre les bateliers bonifaciens.
Selon un proche de l'enquête,
Jusqu’ici, aucun élément ne laissait présager une reprise des hostilités. Mais le contexte de tensions historiques dans le milieu des promenades en mer à Bonifacio, entre les trois familles Cantara, Rocca et Chiocca est évidemment pris en compte.
Dans les années 1990 et 2000, une série d’assassinats avait défrayé la chronique et la création de la SMPB n’avait pas réussi à faire taire le bruit des armes.
Ces dernières années, trois homicides ont été classés par les enquêteurs dans le dossier des « bateliers de Bonifacio » :
- En mai 2004, Antoine-Joseph Cantara, dit « Jojo », batelier de 65 ans, est tué d’une balle dans la tête sur le port de Bonifacio.
- En septembre 2010, c’est au tour de Joseph-Antoine Demasi d’être pris pour cible par des tueurs à Porto-Vecchio.
- Trois ans plus tard, en avril 2013, Jean-Sébastien Gros, batelier de 32 ans est assassiné dans le jardin du domicile familial à Sant’Amanza.
Et ce n'est pas tout...
Quelques années plus tôt, en avril 1999, c'est François Rocca, le frère de Paul Rocca, qui est abattu un matin à Bonifacio à l'âge de 40 ans. Alors qu'il dirigeait la société de promenade en mer que reprendra son frère.
Autant de morts mis sur le compte d’un contexte sulfureux auquel les grands noms du banditisme corse ne sont pas étrangers.
Dans un article publié dans le journal Le Monde daté du 8 décembre 2017, une écoute policière, réalisée lors d’un parloir entre Ange-Toussaint Federici et son cousin Paul, mettait en évidence les intérêts du « clan Federici » dans le secteur touristique des promenades en mer dans l’extrême Sud de la Corse.
Un secteur « très sensible », de l’avis des autorités
Dernièrement, des lettres de menaces adressées aux agents de la réserve de Scandola ont justifié une attention accrue des services de police et de gendarmerie sur la question des promenades en mer dans l’ouest de la Corse.
En Balagne, des affaires d’extorsion dans le milieu des bateliers ont également été signalées, bien que « le contexte soit sans commune mesure avec ce qui se passe ou s’est passé à Bonifacio », d’après une source judiciaire.