Nouvel épisode qui marque la pression autour de la gestion du site touristique, un courrier de menace, «le silence ou le cercueil », a été reçu par les agents qui gèrent la réserve. Une plainte - dont France 3 Corse révèle l'existence - a été déposée.
Que se passe-t-il autour de la réserve naturelle de Scandola ? Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, elle est victime de son succès et depuis plusieurs années la question de limiter sa fréquentation se pose.
Entre partisans de la préservation et professionnels, bateliers ou commerçants qui exploitent une activité économique sur le site les avis divergent.
C’est dans ce contexte que des tensions émergent, après un tag visant nommément le conservateur de la réserve en janvier dernier, c’est une lettre anonyme de menace qui a été adressée aux équipes du Parc Régional, gestionnaires de la réserve.
Le courrier a été envoyé à A Casa Marina, sur la commune de Galeria, a appris la rédaction de France 3 Corse de source proche du dossier.
Cette lettre est la deuxième du genre après une précédente de la même tonalité expédiée en février.
« Attention, le silence ou le (dessin d’un cercueil) » c’est le message contenu dans cette missive postée le 10 avril dernier depuis la région ajaccienne.
C’est à cette date qu’une réunion se tenait rassemblant l’ensemble des acteurs à Porto. Professionnels, dirigeants du Parc Naturel Régional de Corse, ou de l’Office de l’Environnement.
« Je n’ai rien à vous dire »
Une plainte a donc été déposée le 15 avril auprès des gendarmes par le conservateur de la réserve Jean-Marie Dominici. Ce dernier joint par téléphone n’a souhaité faire aucun commentaire sur cette affaire, ni même confirmer qu’il avait bien déposé cette plainte pour proteger son équipe.
« Je n’ai rien à vous dire » se contentera-t-il de nous répondre signe sans doute d’une tension palpable sur le site de Scandola et au sein du PNRC.
Le débat est désormais de savoir quel est l’impact de la fréquentation sur le site, elle aurait franchi les 1,3 millions de visiteurs en 2018 entre Scandola et Piana.
Mais l’analyse de l’impact de ce trafic fait débat. Le président du Parc, Jacques Costa, indiquant qu’on ne peut s’appuyer sur aucune étude sérieuse, un conseil scientifique va être désigné à la mi-mai pour mener à bien cette mission.
Mais selon d’autres sources - notamment officielles - des données fiables seraient déjà en partie disponibles.
Jacques Costa n'était pas joignable aujourd'hui pour répondre à nos questions.
"L'incompréhension" de François Sargentini
Le président de l’Office de l’Environnement de la Corse, François Sargentini, joint par téléphone nous a confié « qu’il allait tenter de se renseigner sur ces menaces pour avoir plus de détails avant de communiquer ».
Il a dit par ailleurs son « incompréhension ».
« La réunion de Porto est de nature à apaiser toutes les tensions, et résoudre les problèmes. Le principe d’un conseil scientifique et d’un comité consultatif qui ne pourra pas être remis en cause a été acté en exécutif mardi dernier.
Il faut limiter la pression et trouver un équilibre sur les bases de la réunion de travail de Porto » conclut François Sargentini, conseiller éxécutif Corsica Libera.
>> Retour en images sur la réunion de Porto le 10 avril dernier entre tous les acteurs. Ecoutez notamment Eric Cappy, Président de l' association des bateliers de Scandola, François Sargentini, Président de Office de l' Environnement de la Corse et Jacques Costa, Président du Parc Naturel Régional de la Corse.
L'appel au ministre
Reste que les appétits financiers peuvent être parfois plus forts que la volonté de préservation. C’est en tout cas ce que pensent certaines associations de défense de l’environnement.
9 associations ont adressé une lettre, le 11 mars dernier, à François de Rugy, ministre de la Transition écologique, afin de protéger la réserve de Scandola. Elles réclament dans ce courrier une « zone d’interdiction » d’accès.
Gilles Simeoni réagit aux menaces sur Twitter
Le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a apporté son "soutien total" aux agents de la réserve dans un post publié sur son compte Twitter ce dimanche de Pâques.
Soutien total aux agents de la Réserve de #Scandola, à nouveau destinataires de menaces de mort anonymes. pic.twitter.com/yuimsIVCRw
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) April 21, 2019
Soutien aussi du président de l'assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, dans un Tweet posté ce dimanche où il déclare "Sustegnu à l’agenti di a riserva di #Scandula". Le parti Femu a Corsica a également communiqué son "Sustegnu tutali à l'aghjenti di a riserva di Scandula !"
À l’approche de la saison, le dossier fait des vagues, et le risque de houle semble ne pas épargner la réserve…