Jeudi 10 août, un rassemblement était organisé sur la plage du Lazaret à Ajaccio à l’appel du collectif Terra. L’objectif, protester contre l'installation d'un caisson d’amarrage pour les méga yachts. Muriel Segondy, représentante de l'association Le Garde et membre du collectif, nous explique les raisons de son opposition au projet.
Le collectif Terra s'est mobilisé jeudi 10 août contre l'installation d'un caisson d'amarrage pour les méga yachts aux abords de la plage du Lazaret. C’est une mobilisation réussie ?
Oui, c'est une mobilisation réussie parce que les citoyens commencent à être au courant : ils savent que l'année prochaine, ils ne pourront peut-être plus bénéficier d'un droit coutumier très ancien. Cela risque de priver les véliplanchistes, les adeptes du paddle et de différentes activités.
Quel est l'impact de ce coffre d'amarrage ?
Ce coffre d'amarrage va encore stériliser cinq hectares et demi, et amputer cette surface de mer. Cela va se rajouter à la zone d'interdiction déjà existante de la base navale, et de l'autre côté, à l'appontement des pétroliers. On est en train de réduire les possibilités de jeux qui sont coutumiers depuis longtemps de cet espace. Les enfants viennent ici à pied, les anciens viennent le matin. Et ils sont révoltés.
En tant que collectif et association, vous avez fait un recours contre cette décision, où en êtes-vous ?
Le recours a été déposé par notre avocat. On va commencer les échanges, qui se font par intermédiaire d'avocats dans ce type de dossiers. C'est bien d'aller au tribunal, on espère bien avoir des chances de gagner, mais ce qui nous semblerait évident et naturel pour redonner des droits légitimes aux citoyens, c'est que Monsieur le préfet retire ce projet et que Madame la Ministre l'encourage dans ce sens. Les droits citoyens doivent être acquis de façon naturelle.
Cela veut dire que cette mobilisation, pour vous, doit être plus forte et doit permettre de ne pas aller jusqu'au tribunal administratif ?
Je pense que ce serait un signe d'apaisement pour cette population. On ne peut pas toujours dire aux petits, à ceux qui souffrent le plus : “Tu en auras encore moins”. Ça n'est pas possible.
En face du Lazaret se trouve le port d'Ajaccio, où un énorme bateau de croisière a accosté. C'est aussi une de vos batailles et vous ne l'avez pas gagnée cette année. Malgré la mobilisation, il y a toujours plus de bateaux de croisière qui viennent en Corse.
Oui, et on ne connaît toujours pas la teneur des carburants. On le voit très bien aujourd'hui, la pollution, elle existe, et elle s'abat encore sur les quartiers les plus pauvres. Ça suffit, stop ! On doit faire ce qu'on doit faire. Sur le continent, on peut avoir donc des drones pour mesurer directement à la sortie des cheminées. Ici, il est particulièrement difficile de faire des mesures justes parce que le vent bouge, c'est très compliqué.
Vous avez fait plusieurs réunions avec la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI), avec le Conseil exécutif de Corse, où en êtes-vous et qu'espérez-vous ?
On a demandé quand même à avoir des chiffres de la CCI. On a demandé à ce qu'on limite la venue de ces monstres qui n'ont rien à faire à trois dans le port. Et on n'a rien. Même sur le bénéfice économique de la région, on est parfaitement incapable de nous donner quoi que ce soit.
Retrouvez l'entretien de Muriel Segondy :
Et le reportage de Florence Antomarchi et Stéphane Lapera :