Coronavirus : "Je sors quand je veux, et si ça dérange, ce n'est pas mon problème", ils réclament l'arrêt du confinement

Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, devrait annoncer ce lundi soir la prolongation du confinement, certains Français, lassés ou peu convaincus de l'efficacité de ces mesures, réclament son arrêt. Un comportement fortement décrié par les autorités.

Lors de la mise en place du confinement généralisé, le 17 mars dernier, Daniel* l’assure : « J’étais pour. Je me souviens même avoir pensé qu’on aurait dû l’instaurer plus tôt encore, et plus durement ». 

Quatre semaines ont passé depuis. Et l’avis de ce Corse, étudiant en Sciences humaines et sociales, a changé du tout au tout. « On attend toujours les effets magiques contre le coronavirus qu’il est censé apporter, raille-t-il. En fait, on attend beaucoup de choses, et on a que très peu de résultats. Hier encore (dimanche 12 avril, ndlr), on a compté 561 morts de plus en France. Et ce ne sont que les décès comptabilisés. Si ce n’est pas la preuve que le confinement n’est pas efficace…»
 


Le confinement, du « blabla politique »

« Je ne parlerai pas si je n’y connaissais rien »ajoute le jeune homme, originaire d’Ajaccio mais actuellement confiné sur le continent. « Mais il s’avère que je suis fils de médecins. » Sa mère, explique-t-il, travaille ainsi en hôpital, son père, en cabinet. Sa soeur, enfin, est infirmière.

« Tous m’ont fait part de leurs doutes quant au confinement. Ce serait utile si on pouvait traiter chaque patient malade correctement. Mais quand on sait que faute de place, nombre de personnes infectées sont renvoyées chez elles, avec le risque élevé de voir leur état s’aggraver et de contaminer d’autres personnes au passage, on voit bien que tout ça, c’est du blabla politique. »
  

Il y a un côté un peu drôle à se dire qu’on enfreint les règles… 


Résultat, et depuis une quinzaine de jours, le jeune homme ne se prive plus de sortir, et ce, malgré les strictes interdictions. « C’est assez grisant. Je redécouvre la ville et le quartier où j’habite comme je ne les avais jamais vu avant. Et il y a un côté un peu drôle à se dire qu’on enfreint les règles… »

Avec plusieurs de ses amis convaincus, eux aussi, « de la stupidité de ce confinement », il organise fréquemment des soirées clandestines. « On va chez l’un, puis chez l’autre, et on profite de ce temps libre qu’on nous a imposé. C’est différent de nos soirées avant-confinement et on doit être plus discrets, mais on s’amuse bien malgré tout. »
 


Liberté d’expression « piétinée »

À plusieurs centaines de kilomètres de là, Pascal*, la quarantaine, va plus loin encore : « J’organise des soirées anti-confinement. Et tous ceux qui viennent sont bien contents de profiter d’un bon moment plutôt que de subir bêtement. »

Cuisinier de métier, et donc au chômage technique depuis plusieurs semaines, Pascal l’affirme : il n’hésite pas à faire connaître son opinion sur le confinement autour de lui. Pourtant, et comme toutes les personnes interrogées pour ce sujet, il préfère aujourd’hui s’exprimer sous un nom d’emprunt.
 

Au-delà des critiques qui n’émanaient au final que d’une dizaine d’enragés, j’ai reçu plusieurs messages de personnes qui m’ont remercié, et m’ont dit qu’ils pensaient comme moi


Une décision qu’il justifie par « la violence des réseaux sociaux ». La semaine dernière, en donnant son avis sur Twitter, Pascal s’est ainsi retrouvé confronté à une avalanches de critiques. « C’était un raid de bien-pensants. Des gens, qui, parce qu’ils sont convaincus de sauver des vies en restant posé sur leur canapé, m’ont humilié, attaqué, et ont piétiné toute notion de la liberté de penser et de s’exprimer. »

Résultat, « j’ai dû passer mon compte en privé ». À son grand regret : « Au-delà des critiques qui n’émanaient au final que d’une dizaine d’enragés, j’ai reçu plusieurs messages de personnes qui m’ont remercié, et m’ont dit qu’ils pensaient comme moi. Si on m’avait laissé la possibilité de discuter calmement avec les gens qui trouvaient mon avis était si mauvais, peut-être aurais-je pu leur ouvrir les yeux… »
  


« Le confinement, c'est le premier pas vers la dictature »

Depuis le 17 mars - exception faite de son métier mis entre parenthèses jusqu’à la fin du confinement - Pascal explique ainsi ne rien avoir changé à ses habitudes. « Je sors aussi longtemps et loin que je veux, et je n’ai jamais rédigé la moindre attestation. Et si ça dérange quelqu’un, ce n’est pas mon problème. Le confinement, c'est le premier pas vers la dictature. »

Daniel, l’étudiant en Sciences humaines et sociales, se veut moins radical : « Je continue à voir mes amis, certes, mais je respecte les distanciations sociales, et tout ce qui est nécessaire pour éviter la propagation du coronavirus. Ce n’est pas parce que je sors que je dois être irresponsable. Lutter contre le virus, oui. M’enfermer des mois entiers sans raison, non. »
 

Ce n’est pas parce que je sors que je dois être irresponsable. Lutter contre le virus, oui. M’enfermer des mois entiers sans raison, non.


Pour l’un comme pour l’autre, ces transgressions des mesures sont facilitées par les très rares contrôles effectués dans leur lieu d’habitation respectifs. « Je n’ai été arrêté qu’une seule fois par les forces de l’ordre, raconte Daniel, et comme j’avais une attestation où j’avais coché la case sortie sportive, ils m’ont laissé passer sans rien dire. Sinon, je n’ai jamais eu de problèmes.» Pascal, lui, assure n’avoir jamais vu le moindre contrôle. 
 


#StopConfinement

Daniel et Pascal ne sont pas seuls à partager ce point de vue. Partout dans l’hexagone, de plus en plus de voix s’élèvent contre les mesures de confinement, et leur efficacité. Il y a quelques jours, sur Twitter, un #StopConfinement s’est même invité dans les tendances françaises (c’est-à-dire les # - ou hashtag - les plus repris par les usagers du réseau social). On recense également plusieurs milliers de tweets avec le #anticonfinement.

Et si les posts les plus aimés et partagés sont ceux qui se révoltent contre le fait de ne pas respecter le confinement, justement, on trouve aussi un nombre important « d’anti ». 

« Il fait super beau, et on ne peut pas sortir » se désole ainsi une internaute, quand un autre estime être « enfermé pour rien ». « Le gouvernement fait ça pour qu’on lui foute la paix. Tout ça, c'est du vent. » 

Plus de 59.000 vies sauvées en Europe

Des comportements fortement décriés par les autorités, et des analyses de la situation remises en cause par plusieurs études. Le 31 mars dernier, l’Imperial College de Londres , université réputée dans le domaine médical, estimait ainsi que les mesures de confinements auraient permis d’éviter « au moins » 59.000 décès dans onze pays européens. En tête, l’Italie, avec, selon les chercheurs britanniques, 38.000 vies épargnées grâce au confinement. Vient ensuite l’Espagne, avec 16.000 personnes, puis la France, qui aurait évité 2.500 décès supplémentaires.

Des chiffres qui laissent dire au docteur Seth Flaxman, un des auteurs de l’étude, que « bien que le nombre de morts continue d’augmenter, nous voyons suffisamment de signaux dans les données pour conclure que les actions drastiques et soutenues prises par les gouvernements européens ont déjà sauvé des vies, en réduisant le nombre de nouvelles personnes infectées par jour. »

*les prénoms ont été anonymisés
 
Que risque-t-on en cas de non respect des mesures de confinement ?
Le décret n° 2020-264 du 17 mars 2020 indique que "la procédure de l'amende forfaitaire est applicable".
Son montant s'élève à 135 euros, majoré à 375 euros en cas d’oubli de paiement ou de non-respect du délai de 45 jours. Depuis le 23 mars, en cas de récidive dans les quinze jours suivant la première contravention, l'amende passe alors à 200 euros, majorée à 450. Enfin, si une troisième récidive est constatée dans les 30 jours, le contravenant peut alors être pénalisé de 3.750 euros, et être passible de 6 mois d’emprisonnement. 
Dans tous les cas, toute personne hors de son domicile doit être en possession de son attestation dérogatoire, ou d’une déclaration sur l’honneur.
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