Dialogue entre la Corse et Paris : la délégation insulaire signe une déclaration quasi-unanime

Après le refus de l'aménagement de peine de Pierre Alessandri, quelle démarche adopter pour la délégation insulaire dans le cadre des discussions autour de l'avenir institutionnel de la Corse avec Paris ? Un comité stratégique s'est réuni hier à Ajaccio, et a issu une déclaration, signée à l'unanimité sauf un.

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Quatre heures de débats, et au sortir, une déclaration presque consensuelle. La délégation des élus insulaires, qui échange avec le ministre de l'Intérieur dans le cadre du processus autour de l'avenir institutionnel de la Corse, s'est réunie hier, vendredi 7 octobre, dans les locaux de la Collectivité à Ajaccio.

L'objectif : retrouver une parole commune pour mieux peser à Paris, après plusieurs jours marqués par des prises de positions successives et parfois discordantes parmi les différents élus. La faute à une certaine tension, apparue dans le sillage du refus d'aménagement de peine de Pierre Alessandri par la cour d'appel antiterroriste de Paris, le 29 septembre dernier.

Une décision qui a provoqué "l'indignation générale" de l'Assemblée de Corse, au point de ne plus permettre "les conditions d'un débat serein", a estimé le ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin a de fait décidé de reporter sa venue en Corse, initialement annoncée les 6 et 7 octobre.

L'appel à l'expression d'une parole politique "au plus haut niveau du gouvernement et de l'Etat"

Dans ce cadre, la tenue d'une réunion stratégique entre les membres de cette dernière a été proposée par le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni.

Il en ressort un communiqué, dans lequel les signataires réitèrent le caractère qu'ils estiment "incompréhensible et injuste" de la décision du rejet de projet de semi-liberté de Pierre Alessandri. "Ce sont les maintiens en détention de Pierre Alessandri et d'Alain Ferrandi qui sont et peuvent être générateurs d'un trouble à l'ordre public, et non leur accès au régime de semi-liberté", abondent-ils.

Avant de poser les conditions d'une reprise apaisée des discussions : "l'expression d'une parole politique au plus haut niveau du gouvernement et de l'Etat".

"Aujourd'hui, glisse Gilles Simeoni, la Corse toute entière souhaite la libération d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, la vérité et la justice sur l'assassinat d'Yvan Colonna, et puis, au-delà, la poursuite du processus pour construire ensemble une solution politique.

"Il ne peut pas y avoir d'autre chemin que celui-ci. La décision du maintien en détention est aujourd'hui objectivement un obstacle qui vient fragiliser ce processus. Il appartient à l'Etat de créer les conditions pour qu'il puisse continuer."

Dans l'opposition nationaliste, on ajoute que la question des prisonniers reste un enjeu central, et que la réponse apportée à Paris sera déterminante dans la poursuite du processus. "Personne ne peut croire que les heures de conflits, les heures de tensions, voire de drame, ont vocation à être de nouveau notre quotidien, insiste Jean-Christophe Angelini, leader du PNC.

"Je continue de penser, comme je l'ai toujours fait, que l'on peut, avec de la volonté politique et de l'audace, récréer rapidement les bonnes conditions, poursuit-il. Nous ne nous assiérons pas sur le sort de Petru Alessandri et d'Alanu Ferrandi, et nous continuerons de demander l'avènement de la paix et d'une solution politique."

Core in Fronte, qui a annoncé suspendre sa participation au processus, figure également parmi les signataires de la déclaration. Mais le parti fixe des conditions claires à son retour à la table des discussions.

"Tant qu'il n'y a pas de clarifications attendues, nous restons non-participants sur le processus parisien, précise Paul-Félix Benedetti, chef de file du mouvement indépendantiste. Mais en Corse, entre nous, chercher les voies du dialogue et de l'apaisement, quand on sait qu'il y a quand même des personnes qui attendent depuis très longtemps, je crois qu'il y a certaines choses où l'on doit savoir faire la part et être responsables."

Enfin, à droite, le groupe Un Soffiu Novu a également validé le texte, et a défendu une reprise rapide des discussions. 

Corsica Libera appelle à "dessiner les contours d'un rapport de force"

Unique non-signataire du texte : Corsica Libera, par la voix de sa représentante, Josepha Giacometti-Piredda, qui siège non-inscrite au sein de l'Assemblée de Corse. Elle regrette la "position attentiste" qu'elle estime actuellement adoptée par la délégation.

"Il ne s'agit pas du tout de retourner la table ou d'une déclaration de guerre, précise l'élue indépendantiste. Mais encore une fois de la volonté constante que nous puissions passer d'un cycle de discussions à un processus de bon niveau", soit moins technique et plus politique.

Pour Corsica Libera, il convient ainsi aujourd'hui "de dessiner les contours d'un rapport de force politique, constructif, serein et déterminé avec tous les moyens dont les élus disposent. Nous le répétons, c'est la voie à suivre si nous voulons que s'ouvre enfin un véritable processus à la hauteur des enjeux pour la reconnaissance des droits de notre peuple sur sa terre, pour nous inscrire dans un objectif de résolution du conflit, auquel nous aspirons tous et pour lequel nous continuerons à œuvrer avec détermination."

La prochaine réunion entre la délégation corse et le ministre de l'Intérieur doit se tenir en novembre. Reste à savoir combien d'élus prendront place autour de la table des discussions. 

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