Report ou poursuite des discussions : après le refus de semi-liberté de Pierre Alessandri, le difficile positionnement des partis dans le cadre du dialogue entre la Corse et Paris

Faut-il poursuivre ou suspendre temporairement sa participation au cycle de réunions engagé avec le gouvernement autour d'une possible évolution institutionnelle de la Corse ? La question ne trouve pas la même réponse au sein des partis insulaires, alors que certains craignent une possible reprise des tensions.

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La poursuite du dialogue, mais l'appel à l'Etat de "donner rapidement des signes politiques". Après une longue journée de séminaire consacré à l'Autonomie, François Martinetti, secrétaire national de Femu a Corsica, annonce la position adoptée par le parti quant à la suite à donner au processus de discussion engagé avec Paris

Le rendez-vous, visant à débattre des problématiques et enjeux de l'autonomie, était initialement prévu en mars. Mais le parti avait été contraint de décaler, du fait "des événements concernant le pauvre Yvan Colonna", souffle François Martinetti. Malchance du calendrier : le refus de la demande d'aménagement de peine de Pierre Alessandri par la cour d'appel antiterroriste de Paris est survenu quatre jours avant la nouvelle date programmée, modifiant de facto l'ordre du jour.

À la lecture du communiqué fait suite une pluie d'applaudissements. Mais au sein de l'amphithéâtre Ettori, à l'Université de Corte, où sont rassemblés autour de 200 militants, la plupart des visages restent fermés, presque crispés. La journée se clôture finalement comme elle a débuté, dans un climat tendu.

Sur les murs de la faculté, ce dimanche 2 octobre, les premiers participants ont ainsi été accueillis par deux banderoles : "Basta cuè chjachjare, avà fate ! Libertà pè i prigiuneri", peut-on lire sur la première, "Femu a Corsica scegli a to sorte", sur la seconde. Un appel explicite au parti de choisir sa voie, et la méthode qu'il lui convient d'appliquer vis-à-vis de Paris.

Report ou poursuite des discussions avec Paris

Faut-il continuer à prendre part au cycle de réunions engagé en septembre dernier autour d'une possible évolution institutionnelle de la Corse ? Oui, estiment donc les militants du parti majoritaire, qui insistent néanmoins sur l'importance pour l'Etat "de donner des gages essentiels à la réussite de ce processus."

Une décision dans la lignée du groupe divers-droite Un Soffiu Novu à l'ADC, qui par la voix de Jean-Martin Mondoloni indiquait jeudi "qu'il n'était pas question de rompre le fil du dialogue avec Paris".

Mais décision qui, si l'indignation est commune, diffère de celle de Core in Fronte : aussitôt l'arrêt de la cour d'appel connu, le mouvement indépendantiste a fait savoir la suspension immédiate de sa participation aux discussions, jusqu'à ce qu'intervienne "des clarifications". 

Position partagée par Corsica Libera, qui a rapidement appelé l'ensemble des élus membres de la délégation insulaire à en faire de même, tout comme l'association l'Ora di u ritornu, qui dénonce un mépris du droit.

Une question sensible, et une réponse tout autant scrutée, dans un contexte où la paix et le calme retrouvés après des semaines de tensions des suites de l'agression mortelle d'Yvan Colonna semblent de plus en plus fragilisés.

Visite prochaine du ministre de l'Intérieur

Du côté du gouvernement, et notamment du ministre de l'Intérieur, appointé "monsieur Corse" dans le cadre du processus de discussions, les réactions se font attendre. Pas de communication après l'annonce du rejet de l'aménagement de peine de Pierre Alessandri, malgré "l'indignation générale" de l'Assemblée de Corse. Pas de communication non plus après la qualification de cette dernière de "décision politique", voire s'apparentant à "une logique de vengeance", par plusieurs représentants nationalistes.

Il faut dire que le ministre est attendu très prochainement sur l'île : sa venue est annoncé le jeudi 6 et vendredi 7 octobre. Un déplacement en compagnie du ministre en charge de la Transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchu, en vu, est-il annoncé, de parler énergie, eau, ou encore déchets avec les maires de Corse. À ce jour, ni les dates ni le programme de visite n'ont été modifiés par le ministère.

Reste que Gérald Darmanin devrait selon toute vraisemblance être interpellé à cette occasion par les élus insulaires sur la question des prisonniers corses.

La reprise d'un dialogue "dans la confiance et la sérénité"

Poursuite des discussions avec Paris ou pas, les élus autonomistes et indépendantistes l'ont tous fait savoir : ils attendent aujourd'hui de l'Etat des engagements politiques clairs, aux dates fixes et pré-définies. "C'est blanc ou c'est noir", souffle un militant Femu a Corsica.

Des engagements nécessaires pour un dialogue "dans la confiance et la sérénité". Au risque d'assister, peut-être, à une reprise des affrontements survenus en début d'année entre forces de l'ordre et manifestants.

Le 22 septembre, un rassemblement devant la préfecture de Haute-Corse avait donné lieu à des échanges de cocktails molotov contre gaz lacrymogènes. Une manifestation à l'initiative du mouvement Ghjuventù Libera, qui promettait au passage la tenue d'événements similaires très prochainement.

Aucun autre mouvement de ce type ne s'est pour l'heure organisé depuis. Mais élus régionaux comme nationaux restent prudents. 

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