Rejet de la demande d'aménagement de peine de Pierre Alessandri : l'Ora di u ritornu appelle à la suspension du dialogue avec Paris

Le collectif dénonce un mépris du droit, et une décision politique. Il estime que le dialogue est fragilisé par la décision de justice de la cour d'appel antiterroriste, et qu'il ne doit reprendre qu'une fois la question des prisonniers réglée.

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Malgré la pluie, ils sont près d'une cinquantaine, réunis devant le palais de justice de Bastia, à l'appel du collectif l'Ora di u ritornu. Les mines sont fermées, les mâchoires serrées. La décision de la cour d'appel antiterroriste de Paris de rejeter la demande d'aménagement de peine déposée par Pierre Alessandri ne passe pas.

Une volonté de punition à perpétuité réelle.

Ora di u ritornu

Camille Martelli, la porte-parole, qualifie d'"inique, funeste et dévastatrice" ce rejet. Selon le collectif, cette décision démontre "une volonté de punition à perpétuité réelle", alors que Pierre Alessandri, tout comme Alain Ferrandi, sont conditionnables depuis mai 2017. L'Ora di u ritornu dénonce "un acharnement judiciaire, qui "programme une mort lente en prison"

"Notion fourre-tout"

Maître Marie-José Bellagamba, l'un des conseils de Pierre Alessandri, confie : "Je l'ai vu ce matin, en détention. Et il est particulièrement ému de cette situation. Je l'ai senti plus affecté que les fois précédentes, parce que je crois qu'il avait fondé un espoir légitime sur l'acception de cette mesure",  

Ce qui a été mis en avant par la cour d'appel antiterroriste, c'est le risque de "trouble à l'ordre public". Une "notion fourre-tout", pour l'avocate, "qui peut justifier n'importe quel arbitraire"

Selon elle, "nous avons déjà eu une précédente motivation qui considère que ce trouble est lié à l'exceptionnelle gravité des faits, à l'atteinte portée à la nation par l'assassinat du préfet Erignac. Mais désormais nous faisons face à une motivation nouvelle, qui se fonde essentiellement sur la période postérieure à l'assassinat tragique d'Yvan Colonna, qui a suscité beaucoup d'émotion en Corse, et des manifestations diverses. Ce qui s'est passé à l'occasion de ces manifestations, ainsi que la résurgence de la lutte armée, sont considérés comme participant d'une fragilisation de la situation locale. Selon les magistrats de la cour, cela rend totalement inadaptée une mise en liberté surveillée". 

"Suspendre le dialogue"

Alors, l'Ora di u ritornu lance "un appel solennel à tous les élus de Corse, au premier rang desquels les représentants de la Collectivité de Corse, de suspendre le dialogue avec le Ministre de la Corse, M.Darmanin"

Un point de vue relayé par Simon-Paulu Ferrandi, le fils d'Alain Ferrandi "on aurait beaucoup de mal à comprendre que les discussions puissent avancer sur les crédits d'impôts ou l'essence, comme cela a été évoqué ces derniers temps, et que rien ne bouge concernant les prisonniers, qui restent le sujet majeur de ces échanges avec le gouvernement"

Les décisions que nous aurons à prendre dans les heures, les jours à venir, seront des décisions lourdes.

Gilles Simeoni

Hier, sans surprise, les réactions ont été nombreuses dans la classe politique, particulièrement du côté des nationalistes.

Core in Fronte a déjà fait savoir qu'il suspendait sa participation aux négociations avec Paris. Une position partagée par Corsica Libera, qui demande aux élus de "reporter leur présence à ces discussions jusqu'à la libération de tous les prisonniers politiques comme cela a été le cas lors des discussions de 81 et 89". 

Du côté de Jean-Christophe Angelini pas de position aussi tranchée, même si le PNC rappelle dans un communiqué que "ùn ci sarà micca suluzioni pulitica è paci senza a libarazioni di tutti i patriotti". Gilles Simeoni veut aussi se donner le temps de la réflexion. Le président de l'exécutif a néanmoins déclaré, hier, dans l'hémicycle : "les décisions que nous aurons à prendre dans les heures, les jours à venir, seront des décisions lourdes". 

Les élus de Fà Populu Inseme présents à la conférence de presse se sont bien gardés d'en dire plus sur l'avancée de la réflexion dans leur camp, alors que Gérald Darmanin doit revenir en Corse les 6 et 7 octobre prochains, et qu'une nouvelle réunion entre élus insulaires et gouvernement doit se tenir cet automne à Paris...

Les conseils de Pierre Alessandri, quant à eux, réfléchissent à la possibilité de se pourvoir en cassation. Ils ont cinq jours pour le faire. Ils attendent néanmoins déjà un arrêt de la cour de cassation, concernant le second arrêt de la cour d'appel antiterroriste, qui avait également rejeté la demande d'aménagement de peine, le 7 octobre 2021. La décision devrait être rendue fin octobre. 

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