Réunis en séminaire à l'Université de Corte, ce dimanche, les militants du parti autonomiste sont revenus sur la récente décision de la cour d'appel antiterroriste de Paris de ne pas accorder d'aménagement de peine à Pierre Alessandri.
Il est aux environs de 17h30, ce dimanche 2 octobre, quand François Martinetti, secrétaire national de Femu a Corsica, prend place à l'estrade de l'amphithéâtre Ettori de l'Université de Corte, et entame la lecture du communiqué du parti.
Quatre jours après l'annonce du rejet de la demande d'aménagement de peine de Pierre Alessandri, et quatre jours avant la venue en Corse du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le climat d'apaisement et de sérénité souhaité par Femu a Corsica dans le cadre des discussions autour d'une possible évolution institutionnelle de l'île n'est plus au beau fixe.
Cette décision de la cour d'appel antiterroriste de Paris, "et la logique de vengeance qui la sous-tend, font peser un risque majeur sur le processus de négociation engagé entre la Corse et l'Etat", entame François Martinetti face aux militants et cadres du parti. "Il y a donc urgence à récréer les conditions du dialogue et de la confiance."
La demande d'une "solution politique globale"
Le parti réaffirme dans cette perspective "sa détermination à voir aboutir le processus de discussion en cours avec Paris." Une position votée à l'unanimité par les militants.
Le communiqué précise néanmoins : ce processus doit aboutir à une solution politique globale, "intégrant toutes les dimensions de la question corse, historique, symbolique, et politique. Mais aussi institutionnelle, économique, sociale, culturelle, linguistique et sociétale."
Une finalité essentielle à obtenir pour Femu a Corsica, pour qui la réussite du processus est "indispensable pour les générations d'aujourd'hui et de demain, et au nom des femmes et des hommes qui se sont battus pour notre idéal depuis 60 ans. Il en va de l'intérêt supérieur de la Corse et de son peuple".
"Aujourd'hui, force est de constater que l'Etat doit montrer des signes clairs", développe François Martinetti à notre micro.
Des signes sur la question de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, toujours détenus à Borgo bien que conditionnables depuis 5 ans. Des signes sur la question de la "vérité et de la justice pour Yvan Colonna", ainsi que sur la question "de la non-inscription des prisonniers corses dans le Fijait", ou encore des amendes. "Tout cela doit faire partie de la résolution. Des signes politiques doivent être donnés très rapidement par l'Etat", insiste-t-il.
L'appel à la société civile de "s'emparer de ces questions"
À quelques jours du déplacement du ministre de l'Intérieur sur l'île, le représentant du parti autonomiste appelle la société civile à "s'emparer véritablement de toutes ces questions" : aussi bien les maires, que les présidents d'intercommunalité, les syndicats ou les associations, énumère-t-il.
"On leur demande de s'impliquer dans une demande claire au ministre : oui, il faut la libération aujourd'hui de Pierre Alessandri et d'Alain Ferrandi, oui, il faut la vérité et la justice pour Yvan Colonna, oui, il faut que ce processus réussisse. On demande à tous de prendre part à cette démarche. Et forcément, avec l'appui de tous, nous parviendrons à réussir ce rapport de force politique."
La balle est dans le camp de l'Etat, souffle François Martinetti."Nous espérons une réponse très rapide de la part de l'Etat pour que ce processus se poursuive dans des conditions sereines et apaisées. Les nationalistes dans leur ensemble, et je pense l'ensemble de la société corse, ont montré une certaine maturité depuis un certain nombre d'années. À l'Etat aujourd'hui de donner des gages essentiels à la réussite de ce processus."
Des déclarations survenues au sortir d'un séminaire organisé ce jour par le parti à l'Université de Corte.
Un rendez-vous où se sont rassemblées autour de 200 personnes, parmi lesquelles plusieurs membres de l'exécutif insulaire. Prévu pour aborder la question de l'autonomie, son programme et son organisation se sont trouvés bouleversés après l'annonce, jeudi dernier, du rejet par la cour d'appel antiterroriste de Paris du projet de semi-liberté de Pierre Alessandri.
Un nouveau refus pour le détenu corse, après deux premières demandes infructueuses. Un nouveau refus, et celui de trop pour nombre d'élus insulaires, qui ont dans la foulée dénoncé la décision.
Un refus d'autant plus mal accueilli, dans le contexte des discussions engagées avec Paris autour d'une possible évolution institutionnelle de la Corse. Suffisant pour convaincre Core in Fronte d'annoncer son retrait du cycle de réunions, et Corsica Libera à appeler les autres membres de la délégation insulaire à en faire de même.