Samedi, des militants de Corsica Libera se sont réunis à Tavera, où une piste a été saccagée en mai dernier. Le parti indépendantiste affiche son soutien aux défenseurs du pastoralisme et se positionne pour la réouverture de la piste seulement si les conditions d'utilisation changent.
La piste de Tavera doit rouvrir, mais seulement si les conditions de son utilisation changent... C’est ce qu’ont affirmé militants et cadres du parti indépendantiste, Corsica Libera, samedi, lors d’une conférence de presse sur la commune où a été saccagée, au mois de mai dernier, un chemin utilisé notamment par les bergers en estives.
Selon les membres de la formation politique, « l’utilisation incontrôlée des pistes de montagne avec la prolifération de véhicules motorisés est un fait qui heurte [leur] vision du développement de ces territoires ». Ils affirment ne pas vouloir « laisser la montagne devenir la proie des quads, 4X4 et autres circuits organisés et générer ainsi une nouvelle masse de déchets et une détérioration de l’écosystème ».
Corsica Libera assure s’engager « à promouvoir de véritables plans de gestion des estives conformes aux usages traditionnels et à un renouveau d’une agriculture de production ». Le parti annonce défendre leur point de vue par « des actions concrètes ».
« Bonnes vieilles méthodes des corbeaux »
Ce rassemblement a aussi été l’occasion pour les membres du parti indépendantiste de dénoncer l’envie de quelques-uns de créer « d’inutiles et dangereuses tensions locales ». Ils voient en certaines prises de position le souhait de « déstabiliser le village de Tavera et la communauté de la Gravona […] qui cible, selon les bonnes vieilles méthodes des corbeaux, et sans les nommer des militants de Corsica Libera ».
Le mouvement dénonce aussi des tentatives d'instrumentalisation du problème placé "par quelques individus sous les feux des projecteurs médiatiques et gendarmesques".
"Situation malheureusement attisée par un responsable politique en manque de strapontin" poursuit Corsica Libera. Sans le nommer, une allusion appuyée est ainsi faite au leader de Core in Fronte, Paul-Felix Benedetti. L'autre mouvement indépendantiste était avec d'autres à l'origine d'un rassemblement de soutien.
Le parti politique rappelle « à ces apprentis sorciers en politique que la situation actuelle puise son origine dans une ancienne et délictueuse politique claniste désastreuse qui perdure avec l’aide de quelques-uns, et est totalement incompatible avec l’intérêt de la montagne ».
Dans un communiqué, Core in Fronte a répondu lundi "prendre acte de la mise en cause de Paul-Felix Benedetti par Corsica Libera et des représentants élus de la majorité territoriale. [...] Ces propose sont dans un style surréaliste et ambigu que l'on croyait révolu. Core in Fronte n'a pas vocation à servir de défouloir voire de bouc émissaire à une divergence de vue [...] entre les deux composantes de la majorité territoriale Pè a Corsica".
Piste de #Tavera @coreinfronte réagit à la mise en cause de Paul-Felix Benedetti par @CORSICA_LIBERA https://t.co/W8f05NB1rx pic.twitter.com/YGedOMcjEb
— France 3 Corse (@FTViaStella) 16 juillet 2018
Lettres anonymes
Il affirme par la même occasion qu’il existe un risque réel de privatisation de la montagne et de spéculation économique « basée sur l’exploitation de la terre au mépris des usages, de sa vocation agricole et du respect de la biodiversité ».
Au mois de mai dernier, la piste du col de Scalella a été bouchée et volontairement et est impraticable, défoncée à la pelle mécanique. Des lettres anonymes de menace ont été adressées aux bergers et aux chasseurs leur interdisant l'accès aux bergeries. Au moment des faits, aucune plainte n’a été déposée, et les élus n’ont pas réagi. Seul Core In Fronte avait soutenu les bergers.
Depuis le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, et l'ensemble des acteurs ont entamé une série de rencontres pour trouver une solution et apaiser les tensions.