L'une des nombreuses habitations visées par des attentats dans la nuit du 8 au 9 octobre était occupée par un couple lorsque l'explosion a retenti. Récit.
Il était un peu plus de 3 heures du matin quand la charge, une bouteille de gaz couplée à de l'explosif, a explosé, au rez-de-chaussée de cette maison de Coti-Chjavari.
Un couple dormait, au premier étage.
"On était rentrés vers 9 heures, à peu près, de Propriano, on s'est couchés, et à 3 heures du matin, on a été réveillés par une énorme déflagration. La bombe devait être juste en dessous de notre chambre, on avait des morceaux de verre partout autour de nous, les baies vitrées ont été projetées, il y avait énormément de fumée, et une odeur de poudre"
Le couple, d'origine toulousaine, a essayé de descendre, par l'intérieur, avant de renoncer : "c'était trop dangereux, il y avait trop de fumée".
On aurait pu être dans la chambre qui était juste en dessous. On aurait pu être avec nos enfants. On aurait pu mourir...
Des voisins ne tardent pas à leur venir en aide, éclairant la scène avec la lumière de leur téléphone, et les aident à sortir, par les baies vitrées détruites de l'étage.
Les pompiers, arrivés à leur tour sur place, vont les emmener à l'hôpital d'Ajaccio, pour les contrôles d'usage, même si ni l'homme ni la femme n'ont été blessés.
Au lendemain de l'attentat qui a soufflé une partie de leur villa, la colère se mêle au désarroi, à l'idée de ce qui aurait pu advenir : "on aurait pu mourir, on aurait pu être dans la chambre qui était juste en dessous, on aurait pu être avec nos enfants... Quand on fait ce genre de choses, la moindre des choses est de vérifier qu'il n'y a personne. Tous les volets étaient ouverts, la voiture était devant la maison, c'était facile de voir que c'était habité".
Nuit bleue
En tout, près d'une trentaine d'attentats ont été perpétrés à travers l'île durant la nuit du 8 au 9 octobre 2023, de Brando, dans le Cap Corse, à Lecci, dans l'Extrême-sud, en passant par Santa Reparata di Balagna ou Vico. Survenus sur l'ensemble de l'île, dans 16 communes différentes, et pour la plupart presque simultanément, ils ont ciblé, pour la majorité, des résidences secondaires, pour certaines encore en construction, pour d'autres achevées. Toutes, hormis la maison de Coti-Chjavari, étaient inoccupées au moment des faits.
Ces attentats ont été revendiqués par le FLNC, dans un contexte très particulier, à quelques jours de la venue en Corse d'Emmanuel Macron. Le président de la République, devant l'assemblée de Corse, a ouvert la porte à une autonomie de l'île, dans le giron de la France. Une déclaration qui n'a pas satisfait le mouvement clandestin, qui précise, dans son communiqué : "nous n'avons pas de destin commun avec la France".
Les attentats ont été condamnés par la classe politique insulaire.