C'est le deuxième jour de la visite de Marlène Schiappa en Corse. La secrétaire d'Etat chargée de l'économie sociale et solidaire et de la vie associative s’est notamment rendue au chantier d’insertion de la Falepa et au collège du Stilettu, à Ajaccio. Si les acteurs de terrain se réjouissent de voir leur action mise en lumière, ils attendent des actes.
Après une première journée en Haute-Corse, direction le sud de l’île pour Marlène Schiappa. La visite de la secrétaire d'Etat chargée de l'économie sociale et solidaire et de la vie associative débute dans le quartier des Cannes à Ajaccio.
C’est là que la Falepa a monté un chantier d’insertion, autour du recyclage du bois et des matières plastiques. Quelques minutes avant l’arrivée de Marlène Schiappa, Patrice Pellegrin, directeur de la structure, fait les cent pas dans son local. L’homme est impatient de présenter l’action de son association à la ministre.
"C’est important qu’on puisse intéresser à ce qu’on fait. Les chantiers d’insertion, c’est un secteur mal connu du grand public, confie-t-il. Ça permet de s’apercevoir qu’on a une vraie activité, une vraie production, avec de l’argent qui n’est pas investi n’importe comment."
Treize personnes bénéficiaires des minimas sociaux, sans diplômes, âgées ou en situation précaire bénéficient du soutien du chantier d’insertion de la Falepa. Parmi elles, Jean-Pierre, en contrat depuis cinq mois. "C’est sympa qu’une ministre se penche sur le problème. L’intérêt qu’elle peut porter à ce modèle, c’est positif", estime-t-il.
La secrétaire d’Etat entame sa visite de l’atelier. Si certains se pressent pour prendre des selfies à ses côtés, d’autres restent concentrés sur leur tâche. A l’écart de l'effervescence ambiante, Dylan s’affaire consciencieusement à la découpe d’un morceau de bois.
"Ça fait toujours plaisir qu’une ministre passe pour découvrir notre travail. Après, c’est une personne comme une autre. Je ne vois pas trop ce qu’elle pourrait faire concrètement pour nous", lâche le jeune homme en réajustant sa casquette portée à l’envers.
"On n’obtient pas forcément quelque chose de ces visites"
En novembre 2021, une autre ministre, Brigitte Klinkert, alors chargée de l’Insertion, était elle aussi venue découvrir l’action de la Falepa. Si elle s’était montrée séduite par le projet d’extension porté par la structure, celui-ci ne s’était pas concrétisé, le mandat de la ministre ayant pris fin six mois plus tard.
"On n’obtient pas forcément quelque chose de ces visites, reconnait Patrice Pellegrin. Mais le fait d’être dans ces rouages-là, cela veut dire qu’on pense à nous, petites associations, sinon, en termes de communication, c’est compliqué".
Autre lieu mais mêmes préoccupations. Dans le hall du collège du Stilettu, Cindy Montoya, directrice régionale d’Entreprendre pour apprendre, se réjouit de la venue de la ministre. "Au-delà de la promotion de l’économie sociale et solidaire, l’idée c’est de montrer un panel de nos jeunes corses qui sont en train de monter des projets. Pour nous, c’est aussi une manière de mettre en avant le travail fourni par l’équipe", souligne la jeune femme.
"Il est temps aussi de nous donner les moyens"
L’association intervient auprès des jeunes, "pour développer l'esprit d'entreprendre", dans toute la Corse. Et ce, avec une équipe de - seulement - trois personnes. Devant les portraits de résistants corses façon Andy Warhol qui ornent les murs de l’établissement, la directrice se confie sur la difficulté de sa tâche. "Nous sommes des associations en souffrance. On nous demande d’être rentables ! Aujourd’hui, c’est bien de nous mettre en lumière, mais il est temps aussi de nous donner les moyens. Pour l’heure, le compte n’y est pas", juge Cindy Montoya.
Pourtant, la ministre assure prendre en compte toutes les demandes. "On soutient les acteurs de l’économie sociale et solidaire de Corse, notamment par le biais de la Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire. Elle est présente sur le terrain, car c'est très important que les projets puissent se développer", assure Marlène Schiappa.
"Mettre en lumière les actions"
"C'est très important de mettre en lumière leurs actions parce que je crois que la Corse a une culture d'économie sociale et solidaire très ancienne, et c'est fondamental de voir aujourd'hui à quel point cette solidarité, elle existe.", ajoute la ministre.
Bien loin de ces préoccupations, Ryan, élève de CM2 à l’école Salines VI, a lui été "fier et content" de présenter la mini association crée par sa classe à la ministre. "Je suis heureux qu’il y ait des gens qui s’intéressent aux projets d’enfants de dix ans", se réjouit, pour sa part, le petit garçon.