Il contestait avoir accaparé la maison fortifiée de la riche artiste Anne de Carbuccia, enclavée sur les terres de son luxueux domaine de Murtoli, en Corse-du-Sud : Paul Canarelli a vu sa peine s'alourdir lundi en appel, et écopé de 12 mois d'emprisonnement avec sursis et 40.000€ d'amende.
12 mois de prison avec sursis, assortis d'une amende de 40.000 euros. A quoi s'ajouteront 80.000 euros de dommages et intérêts et 20.000 euros de frais de justice. Ce lundi cour d'appel de Paris s'est montrée plus sévère qu'en première instance pour Paul Canarelli, 52 ans, déclaré coupable de violation de domicile pour avoir changé les serrures de la tour génoise du XVIIe siècle, achetée par son accusatrice Anne de Carbuccia en 2001 et longtemps considérée comme une des plus belles demeures de Corse.
Le propriétaire du domaine de Murtoli a aussi été reconnu coupable de vol, pour avoir vidé la maison des effets personnels de l'artiste, et de dégradations, pour y avoir réalisé des travaux qui ont dénaturé la propriété.
Plus sévère qu'en première instance
Dans cette affaire "devenue symbolique en Corse", la cour la "significativement aggravé les sanctions que méritaient les affronts que Mme de Carbuccia a subis" s'est réjoui son avocat, Jean-Pierre Versini-Campinchi.En première instance, Paul Canarelli avait été condamné à trois mois avec sursis et 20.000 euros d'amende.
Pourvoi en cassation
"Nous allons immédiatement former un pourvoi en cassation", a rétorqué Philippe Dehapiot, l'avocat de l'homme d'affaires.
Le feuilleton judiciaire qui oppose Paul Canarelli à Anne de Carbuccia dure depuis 13 ans. Au coeur de leur querelle, le fameux fortin, niché dans le maquis et qui surplombe les eaux du golfe de Roccapina, entre Sartène et Bonifacio. Un édifice implanté à l'extrémité du domaine de Murtoli, une réserve agricole et de chasse parsemée de bergeries de luxe, prisée des milliardaires et personnalités comme Leonardo Di Caprio ou Nicolas Sarkozy.
La tour, connue pour ses apparitions dans des publicités et magazines, avait été achetée en 2001 à l'ancien propriétaire, Paul d'Ortoli, par Anne de Carbuccia, épouse du milliardaire italien Alberto Tazartes.
Mais en juin 2005, Paul Canarelli, qui pensait jusqu'alors que l'artiste était seulement locataire, invoque un bail commercial oral avec Paul d'Ortoli: il conteste la vente et brandit son droit à exploiter la demeure en la louant à des tiers.
En 2006, il fait changer les serrures de la tour. Anne de Carbuccia n'y aura aucun accès jusqu'à ce qu'en 2009, la justice la conforte dans ses droits. Depuis, le fortin demeure inhabitable, selon l'artiste: il est "en ruines", à cause d'un dégât des eaux survenu lorsque M. Canarelli l'accaparait et aucun artisan n'accepte d'intervenir pour des travaux.
Lundi, la cour d'appel a également condamné Paul Canarelli à lui verser 80.000 euros de dommages et intérêts et 20.000 euros pour rembourser ses frais de justice.