Alors que l’on commémore les 56 ans de la catastrophe de la Caravelle Ajaccio-Nice, les avocats des familles des victimes ont écrit à la juge d’instruction en charge du dossier : ils demandent notamment de repêcher la carlingue de l’avion qui s’est abîmé dans la Méditerranée le 11 septembre 1968.
Lundi 9 septembre, Me Paul Sollacaro a écrit à la juge d'instruction en charge du dossier du crash de la Caravelle Ajaccio-Nice.
"On a fait une demande d'acte afin de repêcher la carlingue ou prendre des clichés photographiques des restes de l'appareil, indique l'un des trois avocats des familles des victimes, confirmant une information de Nice-Matin. C'est un point que l'on avait déjà évoqué en 2020 lorsque nous avions été reçus à Nice par le procureur de la République de l'époque, Xavier Bonhomme", ajoute le pénaliste qui représente le collectif avec Mes Stéphane Nesa et Philippe Soussi.
Cette demande intervient alors que l'on commémorait ce lundi à Nice le 56ème anniversaire de la catastrophe aérienne qui a coûté la vie à 95 personnes. Le 11 septembre 1968, l'appareil s'était abîmé en mer au large du Cap d'Antibes.
Depuis, si l'enquête technique avait conclu à un incendie à bord, la thèse d'un tir de missile accidentel de l'armée a toujours été avancée par l'association des familles des victimes (AFVCCAN) qui a demandé l'accès à certaines pièces du dossier classées secret-défense.
🕊 Le 1er adjoint Alexandre Farina, accompagné de Charles Voglimacci (adjoint), prennent part ce lundi à @VilledeNice aux commémorations en hommage aux 95 personnes qui perdirent la vie le 11 septembre 1968, lors de la catastrophe aérienne de la Caravelle #Ajaccio-Nice. pic.twitter.com/BuBopRsnpN
— Ville d’Ajaccio - Cità d'Aiacciu (@VilledAjaccio) September 9, 2024
Ouverte il y a dix ans, l'enquête pour "dissimulation de documents et recel de preuves" touche quant à elle à sa fin. La magistrate l'a fait savoir, fin août, aux familles des victimes représentées par les frères Louis et Mathieu Paoli.
En plus de solliciter une dernière entrevue avec les deux frères, Me Paul Sollacaro en a ainsi profité pour formuler la demande de repêchage de l'appareil ou des prises de vues sous-marines de la carlingue. L'objectif étant toujours, pour les parties civiles, d'apporter le maximum d'éléments pour déterminer les causes exactes du crash.
Procès-verbal
Cette démarche avait déjà été évoquée par le passé. En 2020, lors d'un rendez-vous entre les représentants des familles des victimes et Xavier Bonhomme, alors procureur de la République de Nice, ce dernier "ne s'était pas montré opposé à ce que cet acte soit réalisé", précise Me Sollacaro.
Et l'avocat de rappeler que des images du sous-marin La Minerve, disparu au large de Toulon la même année que le crash de la Caravelle, avaient été réalisées pour les besoins de l'enquête. L'épave du cuirassé gît à 2 300 mètres sous la mer, une profondeur similaire à celle où se situe la carlingue de l'avion.
"Puisque cela avait été réalisé dans le dossier du sous-marin, on pourrait donc le faire pour celui de la Caravelle. On est là aussi en mer Méditerranée, cela semble donc a priori possible et faisable", estime l'avocat insulaire inscrit au barreau de Nice.
Afin d'appuyer leur demande, les parties civiles font également référence au témoignage d'un policier datant de 1970.
"Il s'agit d'un extrait du procès-verbal du commissaire divisionnaire, Paul Giannantoni, qui travaillait pour la police de l'air et des frontières, explique Me Sollacaro. Au moment de rendre sa commission rogatoire finale, juste avant d'ailleurs que le juge ne clôture à l'époque par une ordonnance de non-lieu, le commissaire Giannantoni dit que ce qui pourrait définitivement régler la question, c'est d'aller repêcher le reste de la carlingue. On s'appuie donc sur ce procès-verbal de synthèse car cela reste d'actualité d'aller chercher les restes de l'appareil. De plus, certains clichés photographiques n'ont jamais été retrouvés. Ce serait donc peut-être intéressant d'aller en faire de nouveaux pour s'apercevoir de ce qu’ils pourraient faire apparaître. Sans oublier que la thèse des autorités militaires en 1970 a depuis largement été détruite par les investigations menées dans le cadre de ce dossier."
Délai d'un mois
Reste à savoir désormais si la juge d'instruction en charge du dossier accédera ou pas à cette demande. Elle dispose d'un mois pour répondre aux avocats des familles.
"En cas de réponse positive, il faudra mettre en place les modalités de repêchage ou de prises photographiques, expose Me Sollacaro. En cas de réponse négative, nous aurons encore la possibilité de faire appel de l'ordonnance de refus."
En attendant, après celle organisée lundi dernier à Nice, une cérémonie d'hommage aux victimes doit avoir lieu ce mercredi 11 septembre à Ajaccio.