Déclaration de Gérald Darmanin sur l'autonomie de la Corse : "pas encore une victoire" pour Gilles Simeoni

Après les propos du ministre de l'Intérieur dans Corse Matin, soulignant que l'Exécutif se dit prêt à envisager une forme d'autonomie pour la Corse, les premières réactions politiques n'ont pas tardé.

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"Ce n'est pas encore une victoire ni pour moi ni pour le peuple corse." Ce matin, sur les ondes de France Info, Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, a réagi aux propos de Gérald Darmanin. Dans une interview accordée à Corse-Matin, le ministre de l'Intérieur a déclaré que le Gouvernement était "prêt à aller jusqu'à l'autonomie."

"Après, la question est de savoir ce qu'est cette autonomie. Il faut qu'on en discute", ajoute le locataire de la place Beauvau qui arrive dans l'île ce mercredi pour entamer "un cycle de discussions sans précédent" avec les élus. Le tout dans un contexte de tensions, trois jours après la manifestation de Bastia ayant été marquée par de violents affrontements.

"C'est important que le ministre de l'Intérieur, au nom du Premier ministre, et probablement du président de la République, dise aujourd'hui que le Gouvernement et l’Etat sont prêts à rentrer dans une discussion qui a vocation à être historique et qui permette de construire à travers le dialogue entre l'État et la Corse dans la pluralité de ses expressions au plan institutionnel un statut d'autonomie que nous voulons de plein droit et plein exercice", a souligné Gilles Simeoni. 

"Un Président aux abois", pour Valérie Pécresse

Au niveau national, plusieurs candidats à l'élection présidentielle ont également réagi à l'interview de Gérald Darmanin. 

Dans un tweet, Marine Le Pen, a dit "refuser que le clientélisme cynique d'Emmanuel Macron brise l'intégrité du territoire français : la Corse doit rester française."

Sur le même réseau, Eric Zemmour a lui aussi réagi. "Le Canard Enchaîné disait donc vrai sur les manœuvres politiciennes du Gouvernement", a écrit le candidat du parti Reconquête, faisant référence à un article de l'hebdomadaire évoquant "un accord" entre Gilles Simeoni et le président Macron en vue de l'élection présidentielle.

Sur France Inter, Valérie Pécresse a critiqué la politique d'Emmanuel Macron. "En Corse, on a un Président aux abois qui cède face à la violence comme il avait déjà cédé à Notre-Dame-des-Landes. Il faut ramener l'ordre sur l'île avant de négocier", a déclaré la candidate Les Républicains.

"Ça fait des mois que nous défendons l'idée d'une autonomie de plein droit, de plein exercice en Corse", a déclaré Yannick Jadot sur France 2. "Ce qui est terrible, c'est qu'il faut un drame, comme d'habitude avec ce quinquennat, pour commencer à entrevoir des solutions". "C'est l'opportunité de sortir d'une relation de défiance entre la Corse et l'Etat français, c'est l'opportunité de redonner des compétences à des territoires qui en ont besoin et c'est légitime", a jugé M. Jadot, regrettant que cette opportunité n'ait "pas été saisie" jusque-là par le président Emmanuel Macron.              "Il faut entrer dans cette négociation sur un statut d'autonomie", a-t-il insisté.

"L'autonomie ça ne veut pas dire l'indépendance"

La candidate PS Anne Hidalgo a dénoncé sur Europe 1 "une crise pas gérée" et "une volonté d'enjamber l'élection présidentielle avec un ministre de l'Intérieur qui nous explique qu'on engage un processus long d'autonomie". Pour la maire de Paris, "il faut discuter" et "aller vers une autonomie qui soit législative et qu'on reste dans la République". Elle a plaidé pour "un droit à expérimentation, un droit à une action qui corresponde à la réalité des territoires". "Et ça, je pense que ça peut se faire sans porter atteinte à la République", a-t-elle ajouté.

"La question de l'autonomie, c'est une vraie question, ça ne veut pas dire indépendance (...). Qu'il y ait encore une évolution statutaire en Corse (...) ça ne me fait pas peur. (...) En revanche, annoncer cela en donnant raison à la violence (...), je trouve ça complètement irresponsable", a déclaré le président LR de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard, sur Public Sénat.

"Les demandes auxquelles semble commencer à répondre le ministre de l'Intérieur sont sur la table depuis des années et des années, par des élus légitimes. (...) Ça veut dire qu'en France, il faut qu'il y ait des menaces et des violences pour que l'Etat se mette autour d'une table ? Ce n'est pas la bonne façon de faire", a abondé Xavier Bertrand (LR) sur LCI.

Gérald Darmanin est attendu dans l'île ce mercredi après-midi où il s'entretiendra avec Gilles Simeoni ainsi qu'avec les présidents des groupes politiques de l'Assemblée de Corse.

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