Elections régionales en Corse : les élus partagés sur un report du scrutin en raison de la Covid

Les élections devaient se tenir les 14 et 21 mars prochains à travers toute la France. Mais la progression de la Covid et les nouvelles restrictions compliquent singulièrement la donne. Et le scrutin pourrait se tenir plus tard. Qu'en pensent les élus corses ?

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Le 14 octobre dernier, de nouvelles mesures sanitaires ont été annoncées par le président de la République pour lutter contre la propagation de l'épidémie de Covid. Et tenter de contenir la deuxième vague. 

Lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron l'a dit clairement. "Nous en avons jusqu'à l'été 2021 au moins". 

Alors le sujet n'a pas été abordé directement par le chef de l'Etat, mais la question est dans beaucoup de têtes. Que va-t-il advenir des élections régionales, prévues les 14 et 21 mars 2021 ?

Le précédent des municipales

Le souvenir de la valse-hésitation des dernières élections municipales est encore douloureux. 

Pour les électrices et les électeurs, mais surtout pour les candidats, qui ont dû faire campagne dans des conditions ubuesques. Et pour le gouvernement, qui a dû gérer une situation compliquée, et prendre des décisions qui ont fait polémique. 
Alors l'idée d'un report du scrutin fait de plus en plus d'adeptes. 

Sept présidents de département ont signé le 12 octobre une tribune dans le Figaro, où ils affirment que "La tenue d'un débat démocratique digne de notre République sera impossible". 

Le scénario d'un report est fortement envisagé à l'Elysée. 

Une "commission de sages" devrait être réunie sous peu, pour décider de maintenir, ou de reporter, le scrutin de mars prochain. 

En Corse, on reste prudent

Sur l'île, les avis sont partagés. Difficile de se prononcer très clairement dans la situation sanitaire actuelle, alors que la vérité du jour est rarement celle du lendemain. 

Gilles Simeoni, qui avait appelé à un report des municipales à la veille du premier tour, le 14 mars dernier, est cette fois-ci plus mesuré. Le président du conseil exécutif de Corse attend de voir. 

"C'était différent. On apprenait que l'on fermait les bars et les restaurants un soir, et on appelait les électrices et les électeurs à se déplacer le lendemain", rappelle l'élu nationaliste. 

"En ce qui concerne les territoriales, il est encore trop tôt. Attendons de voir comment évolue la situation sanitaire. Si on peut tenir le scrutin sans risque, il faut le tenir en mars. Sinon, il faut le reporter". 
Même son de cloche du côté d'Ajaccio.

Laurent Marcangeli y a remporté une large victoire, dès le premier tour des municipales. Candidat déclaré aux élections régionales, il a endossé le costume de principal opposant à la majorité nationaliste.

Les indicateurs à notre disposition sont préoccupants.

Laurent Marcangeli

Quand on l'interroge un éventuel report des dates des territoriales, le maire de la première ville de Corse se garde bien de trancher.

"J'ai pleinement conscience de la situation, et je souhaite que nous puissions organiser ce scrutin dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire. Il faut également que l’ensemble des candidats puissent « faire campagne » sereinement : je pense notamment aux rassemblements, aux réunions publiques…"

Et les derniers chiffres n'incitent pas vraiment à commencer à imprimer les affiches de campagne...

"Les indicateurs à notre disposition sont pour l’heure préoccupants. Je reste donc prudent quant au maintien de l’échéance du mois de mars."

Oui, mais...

De son côté, Jean-Charles Orsucci, président d'Andà Per Dumane dans l'hémicycle, serait plutôt favorable à un maintien. Mais avec la plus grande prudence.

"La vie démocratique doit continuer, y compris dans le cadre d'une crise sanitaire. Il en va de nos institutions. Mais je mets au-dessus de tout l'élément sanitaire. Il ne faut pas que l'élection aggrave la situation. J'espère qu'on arrivera à un consensus, et la commission envisagée est la meilleure des solutions pour cela."
Jean-Martin Mondoloni, président du groupe Per l'Avvene à l'assemblée de Corse n'est quant à lui "pas hostile à un report des prochaines élections, pour avoir vécu les dernières". 

C'est un euphémisme. Le proviseur du lycée Giocante à Bastia était candidat aux municipales, dans des conditions éprouvantes. Et selon lui, reproduire la même erreur en mars prochain serait "une catastrophe, une hérésie démocratique". 

Les avantages d'un report

Jean-Christophe Angelini, l'une des pièces de l'alliance nationaliste à la Collectivité de Corse, ne cache pas ses désaccords avec ses compagnons de route des dernières années.

Il a rappelé, lors de ses dernières prises de paroles sur notre antenne, que "l'union n'était pas une finalité". 

Au point que certains se demandent si l'autre grand gagnant des municipales n'a pas des envies d'indépendance. Et des ambitions régionales. 
Il semblait logique de l'interroger sur un possible report des territoriales. "Si l'idée, c'est de décaler à un moment moins anxiogène et problématique, en terme sanitaire on ne peut pas y être opposé. Mais le report d'une élection n'est pas un acte neutre".

Reporter en 2022, ce serait perçu comme un calcul partisan.

Jean-Christophe Angelini

"Si on est sur un report à court ou moyen terme, et que la concertation avec les territoires est la règle, en s'appuyant sur des données sanitaires objectives, pourquoi pas ? Mais j'entends parler de 2022, et là, pas question ! Ce serait perçu comme une manœuvre, un calcul partisan". 

Le nouveau maire de Porto-Vecchio fait allusion aux rumeurs qui prêtent à Emmanuel Macron le désir de reporter les territoriales après les présidentielles...

Un report qui arrangerait considérablement La République en Marche. 

Aux municipales, LREM a subi un revers cuisant. Et le parti n'est pas vraiment partant pour risquer un deuxième camouflet, à un an de l'élection présidentielle. 
Selon le politologue André Fazi, dans d'autres pays, ce genre de calcul est monnaie courante. 

"La manipulation du calendrier électoral, c'est fréquent au Royaume-Uni, par exemple. On n'hésite pas à dissoudre la Chambre des Communes quand on est bien dans les sondages... Mais Emmanuel Macron aurait également beaucoup à perdre avec une telle manœuvre, qui serait très mal vue."

Alors, selon le maître de conférence en science politique à l'université de Corte, si report il y a, il serait de courte durée. 

"Je pense que le gouvernement privilégiera un vote à l'été. Il est très envisageable que l'on vote en juin". 

Ce qui, si les prévisions du président de la République lors de sa dernière intervention télévisée s'avèrent exactes, ne changeront au final pas grand chose...
 
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