L'association de défense de l'environnement, U Levante, a dressé samedi un bilan en demi-teinte de son activité 2017. Elle n'a jamais eu autant d'adhérents, ni enregistré autant de victoires juridiques, pourtant, elle ne s'est jamais sentie aussi isolée.
L'après-midi sentait le printemps à Riventosa. Mais la légèreté n'était pas au rendez-vous de cette assemblée générale de l’association U Levante.
Il y a quinze jours, pendant la journée sur les lanceurs d'alerte à Bastia, un témoignage de Claude Chossat était diffusé. Il revenait sur l'année 2008 et le tout début d'un projet immobilier de la Rondinara.
Dans l’extrait, on peut entendre : « À l’époque, la Brise de mer était sur un projet à la Rondinara, au sud de la Corse, un des sites remarquables protégés. Francis avait demandé à Christian Leoni et à ceux qui s’occupaient de ce projet de proposer 50 000 euros [à une militante]. Et si elle n’acceptait pas, il s’en chargerait personnellement », indiquait alors Claude Chossat.
Si Francis Mariani et Christian Leoni, dénoncés par Claude Chossat, sont morts aujourd’hui, les militants eux parlent d'un contrat qui serait toujours en cours. « Lorsqu’une société en est là, c’est bien que la mafia est installée, ou qu’une mafia est installée. Aujourd’hui si la société corse ne se réveille pas et ne réalise pas ce qui se passe en Corse, c’est qu’elle ferme les yeux », souligne Michele Salotti, membre de la direction collégiale de U Levante.
Actions en justice
Ces faits ont été communiqués à l'assemblée générale de l'association samedi. Tout le monde s'est concentré sur le bilan de l'action 2017 : suivi d'enquêtes publiques, participation aux instances administratives, actions en justice. Jamais les victoires de U Levante n'ont été aussi importantes devant les tribunaux.
Huit jugements en démolitions ont été prononcés. « Ces décisions sont fortes, mais on a de plus en plus de difficultés dans la mesure où on est un peu isolé. Il faudrait peut-être que la région se prononce un peu plus, même si parfois elle n’a pas les compétences pour le faire. Par exemple qu’elle nous suive sur certaines condamnations majeures », indique Christian Novella, membre de l’association.
Campagne de dénigrement
Un isolement politique, mais aussi idéologique, qui explique en partie que les décisions de justice ne sont pas toutes appliquées, loin s'en faut. Les membres de l'association rappellent aussi les campagnes de dénigrement dont elle a été l'objet en 2017.
Difficile dans ces conditions de mobiliser, les plus jeunes notamment. « La majorité a l’impression que ce n’est pas la peine d’essayer puisque de toute façon, on voit Ferracci, on voit la loi qu’a fait Macron aujourd’hui. On se dit que tout est biaisé dès le départ. Donc les gens ont tendance à lâcher prise à se dire que ce n’est plus la peine. Et même finalement, ils finissent par se dire : ’C’est pas mal ce qu’ils font. Ils font fonctionner une économie.’ Et ils se contentent de très peu », estime Sarah Polifroni, membre de U Levante.
Mais d'autres ne s'en contentent pas. L’association approche aujourd’hui les 800 membres. Et le site internet a atteint de nouveaux records de consultation, 1 800 visites par jour en moyenne en 2017.